La guerre commerciale ne détruira pas la chaîne d’approvisionnement intégrée de la Chine

Par : LIANG Chen |  Mots clés : guerre commerciale
French.china.org.cn | Mis à jour le 27-05-2019


La guerre commerciale actuelle avec les Etats-Unis ne peut pas détruire les avantages de la Chine dans la chaîne d’approvisionnement. En réalité, elle devrait même permettre d’aider la base manufacturière du pays à monter plus rapidement et plus haut dans la chaîne de valeur, notent des analystes chinois.

Vendredi et samedi derniers, à l’occasion d’une visite dans une entreprise privée à Weifang dans la province orientale chinoise de Shandong, le Premier ministre chinois Li Keqiang a déclaré que les entreprises chinoises remporteraient des consommateurs et des marchés en se basant sur l’innovation technologique, leurs propres efforts et le développement d’une coopération large.

Les officiels chinois ont souligné à plusieurs reprises que, même si la guerre commerciale avait un certain impact sur les exportateurs chinois principalement concentrés dans les deltas de la rivière des Perles et du Yangzi Jiang (les deux pôles chinois de production manufacturière orientés vers le commerce extérieur), cet impact était contrôlable et la Chine avait la confiance nécessaire pour surmonter cette épreuve.

Wang Zhijun, le vice-ministre de l’Industrie et des technologies de l’information, a fait savoir que la hausse des droits de douanes américains entraînerait une augmentation des coûts opérationnels, une concurrence moindre et une baisse des commandes pour les entreprises chinoises, mais que les conséquences étaient globalement contrôlables.

Commentant la hausse des droits de douanes américains sur 200 milliards de dollars (178 milliards d’euros) de marchandises chinoises en début de mois, Wang Zhijun a déclaré que ce montant représentait 41,8 % de l’ensemble des exportations chinoises aux Etats-Unis en 2018, mais seulement 8 % de l’ensemble du total des exportations extérieures chinoises.

Dans le même temps, les fabricants chinois cherchent activement de nouvelles voies dans cette guerre commerciale, se diversifiant vers d’autres marchés étrangers ou détournant leur attention vers un marché intérieur colossal.

Korra Bath Ware, un fabricant de produits sanitaires basé à Foshan dans la province méridionale de Guangdong et concentré dans les exportations étrangères, a exploré les marchés étrangers dans les pays et régions le long de l’initiative des nouvelles Routes de la soie proposée par la Chine.

« De manière différente du mode OEM (fabricant d’équipement d’origine) appliqué sur les marchés américains ou européens, nous avons nos propres marques de douches et de baignoires vendues dans les pays d’Asie du Sud-Est et d’Afrique », explique Liu Xiangying, le directeur général adjoint de Korra.

Près de 60 % du chiffre d’affaires de Korra provenait du marché américain et dans une certaine mesure, sa coopération avec les clients américains a été affecté par le conflit commercial sino-américain. 

« Nous voulons nous en sortir ensemble et nos clients américains ne laisseront pas la Chine sur le court terme, car il faut du temps pour que la chaîne d’approvisionnement se regroupe et atteigne un état d’équilibre », indique M. Liu.

Korra est en train d’explorer le commerce de transit par les pays d’Asie du Sud-Est, mais ne prévoit pas d’y établir d’usine.

Se déplacer ou partir ?

Au cours des quatre dernières décennies, la Chine s’est forgée des avantages indéniables non seulement dans la production de produits très bon marché pour le monde entier, mais aussi dans une chaîne d’approvisionnement complète et développée, notent les experts et les entrepreneurs.

« Il est indéniable que plus d’entreprises de production chinoises ont transféré leurs usines de transformation ou les secteurs bas de gamme vers les nouveaux pays émergents d’Asie du Sud-Est comme le Vietnam, mais ce processus a débuté avant la guerre commerciale avec la hausse des coûts du travail », explique Lin Jiang, un professeur d’économie de la Faculté Lingnan de l’Université Sun Yat-sen à Guangzhou, la capitale de la province de Guangdong. 

Selon lui, « la guerre commerciale n’a fait qu’accélérer ce processus ».

A cause de cette guerre commerciale, les entreprises transnationales, qui ont longtemps bénéficié des avantages de la chaîne d’approvisionnement et de la production en Chine, ont pu subir le contrecoup de ce transfert de leurs lignes de production hors de Chine.

« La mauvaise qualité des routes, des lignes ferroviaires éparses et des ports congestionnés au Vietnam, en Thaïlande, aux Philippines, au Cambodge et dans d’autres destinations potentielles de production en Asie du Sud-Est ont fait augmenter les délais de livraison et les coûts d’expédition », notait jeudi dernier le Wall Street Journal, citant des responsables d’entreprises de production et de transport.

« Parfois, même pour une vis, il faut acheter dans le Guangdong pour une entreprise située dans un pays d’Asie du Sud-Est », constate Chen Liang, le président de la Dongguan Magnetic Materials Industry Association. 

Selon Lin Jiang, les entreprises se concentraient auparavant sur les coûts humains ou fonciers dans la chaîne d’approvisionnement, mais la concurrence se dirige aujourd’hui vers une logistique intelligente basée sur les mégadonnées et les réseaux de 5e génération (5G), des domaines où la Chine se trouve à la pointe mondiale.

« Il est important pour la Chine qu’elle saisisse les opportunités dans la prochaine vague de la chaîne d’approvisionnement », explique-t-il.

Un nouveau départ

Zhongyuan Creative, une entreprise basée à Foshan dans le Guangdong, est prête à se transformer en un centre d’innovation depuis l’année dernière : « C’est un bon nouveau départ », explique Zhang Weiqiang, son PDG.

Engagée dans la fabrication de câbles électriques pendant quatre décennies, Zhongyuan a enregistré une baisse de plus de 60 % des commandes de la part de ses clients américains − qui constituent 60 % de ses ventes à l’étranger − depuis que les droits de douane américains sur 34 milliards de dollars de marchandises chinoises ont pris effet en août.

« La hausse récemment annoncée des droits de douane à 25 % sur 200 milliards de dollars de marchandises chinoises supplémentaires n’a fait qu’aggraver le déclin des commandes. Toutefois, il s’agit d’une bonne chose, car cela m’a rappelé que nous devions changer désormais », note-t-il.

L’entreprise avait adopté un modèle de coopération avec ses partenaires américains : Zhongyuan était responsable de la création de modèles originaux, tandis que la partie américaine réalisait les analyses de marché et les ventes. De fait, Zhongyuan n’avait que peu d’influence dans ses relations commerciales.

« Depuis l’année dernière, nous avons investi dans deux lignes automatiques de production, afin de pouvoir produire ce que nous voulons, embrassant la tendance de la production intelligente dans le pays, ainsi que les opportunités émergeant des directives de la région de la grande baie Guangdong-Hong Kong-Macao », explique M. Zhang.

D’après lui, en redoublant d’efforts dans l’innovation technologique autonome et le renforcement de l’influence de sa propre marque, l’entreprise est vouée à survivre et même à prospérer malgré cette guerre commerciale.

« Nous voulons réaliser une situation où, même avec l’augmentation des droits de douane, les clients américains continueront à préférer nos produits », explique-t-il.



Source:french.china.org.cn
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