L’économie chinoise reste saine malgré le conflit commercial

L’économie de la Chine a enregistré une croissance de 6,7 % en glissement annuel au deuxième trimestre 2018, soit 0,1 point de pourcentage de moins qu’au premier trimestre, selon les données du Bureau national des statistiques (BNS) publiées lundi. Au premier semestre 2018, l’économie du pays avait enregistré une croissance de 6,8 %.

Il s’agit de la douzième performance trimestrielle consécutive entre 6,7 % et 6,9 %, ce qui est bien supérieur aux prévisions gouvernementales d’une croissance à 6,5 % pour cette année.

Au cours du premier semestre, les moyennes et grandes entreprises industrielles ont enregistré une croissance de 6,7 % en glissement annuel. Le secteur des services s’est développé de 7,6 %, tandis que les investissements en actifs immobilisés ont augmenté de 6 %, indique également le BNS.

L’impact du conflit commercial

Ces données économiques ont été dévoilées, alors que les tensions commerciales augmentent entre la Chine et les Etats-Unis, les deux plus grandes économies mondiales.

Selon le porte-parole du BNS, Mao Shengyong, l’impact des tensions commerciales sino-américaines a été limité au cours du premier semestre de cette année: « S’il y a eu un impact, celui-ci a été relativement limité. Nous allons surveiller la situation au deuxième semestre avant de parvenir à une conclusion. »

Cong Yi, un professeur d’économie à l’Université de finance et d’économie de Tianjin, estime que l’impact limité des différends commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis montrent la transformation économique réussie depuis 2013: « La contribution des exportations à la croissance a été réduite de manière drastique, de plus de 60 % à environ 30 %. Le commerce avec les pays et régions autres que les Etats-Unis a été mis en œuvre avec succès et l’importance des Etats-Unis en tant que destination majeure pour les exportations a été graduellement réduite au cours de ces dernières années », explique-t-il.

La demande intérieure et les nouveaux moteurs de la croissance ayant stimulé la dynamique de croissance, les tensions commerciales n’ont pas eu d’impact majeur sur la croissance économique de la Chine, aoute Cong Yi.

D’après Lian Ping, un économiste de la Bank of Communications, l’impact des droits de douane américains ne devrait pas être surestimé.

Les Etats-Unis ont imposé des droits de douane sur des produits provenant de l’Union européenne, du Mexique, de l’Inde, de la Russie et de la Chine. Lorsque les consommateurs américains sentiront la pression de ces droits de douane, il y aura une pression aux Etats-Unis sur l’administration Trump pour qu’elle change de voie.

Les politiques flexibles de la Chine et la dépréciation du yuan aideront également la Chine à absorber l’impact du conflit commercial, explique Lian Ping.

Pour Mao Shengyong, le conflit commercial lancé unilatéralement par les Etats-Unis aura un impact sur les deux économies et perturbera les chaînes d’approvisionnement mondial, affectant ainsi la reprise économique mondiale et la croissance continue du commerce international.

Pression au deuxième semestre

Le porte-parole du BNS estime également que, malgré les incertitudes à l’étranger et l’arrivée à une étape cruciale de la transformation économique chinoise, l’économie nationale continuera à maintenir une croissance stable et positive, avec des signes encourageants dans la consommation et l’investissement.

Pour Mao Shengyong, l’investissement dans la production manufacturière et l’immobilier devrait soutenir la croissance au deuxième semestre de cette année. La période verra également des projets d’infrastructures à réalisation rapide.

La croissance dans la consommation est soutenue par les revenus croissants des foyers chinois, une transition structurelle vers la consommation et l’augmentation des importations.

Lundi, le directeur du Bureau de recherche macroéconomique du Centre national de l’information, Niu Li, déclarait que ce taux de croissance à 6,8 % était l’un des plus rapides parmi les économies majeures et qu’il laissait de la marge pour des ajustements au second semestre, l’objectif de croissance annuelle du PIB ayant été fixé aux alentours de 6,5 %.

« En-dehors du conflit commercial, le ralentissement de la croissance économique mondiale, les soulèvements en Argentine et au Venezuela, ainsi que les campagnes nationales sur le désendettement et l’élimination des capacités industrielles obsolètes, devraient également apporter une certaine pression sur la croissance au deuxième semestre », explique-t-il.

Cependant, avec l’aide des mesures de soutien, la demande intérieure devrait bénéficier d’un espace important pour la croissance, ajoute-t-il, si les revenus continuent de croître.

Cong Yi partage cet avis. Selon lui, le marché domestique a suffisamment de place pour accueillir la modernisation des industries chinoises et la transformation structurelle.

Lundi, Liu Dongliang, un analyste senior de la China Merchants Bank, déclarait cependant, que la poursuite du désendettement pouvait ralentir la croissance économique, déclenchant des discussions sur la mise en œuvre de mesures de stabilisation.