Entreprises publiques centrales chinoises : un redressement spectaculaire depuis 2012

Par : LIANG Chen |  Mots clés : 19e Congrès national du Parti communiste chinois
French.china.org.cn | Mis à jour le 30-10-2017

 

La semaine dernière, le 19e Congrès national du Parti communiste chinois a appris que depuis le dernier Congrès de 2012, pas moins de 34 entreprises publiques centrales ont été restructurées, leur nombre total passant par ailleurs de 117 à 98.

 

Une caractéristique remarquable de la réforme actuelle des entreprises publiques a été la volonté soutenue d'améliorer la situation financière de ces sociétés, principalement grâce à une gestion sophistiquée de leur dette.

 

La réforme, qui va au-delà des fusions, des acquisitions et de la rationalisation, a contribué à améliorer l'efficacité et la compétitivité des entreprises publiques, renforçant ainsi la marche à long terme de la Chine vers son émergence en tant que plus grande économie mondiale, dépassant celle des États-Unis.

 

Les entreprises publiques centrales ont enregistré un bénéfice net record de 1 110 milliards de yuans (143,8 milliards d'euros) de janvier à septembre, grâce à la réforme du secteur de l'offre, qui a permis de réduire le ratio actif/passif et de limiter les sorties de capitaux.

 

À la suite de la réforme, la situation financière de 2 041 « sociétés zombies », toutes des filiales de 81 grandes entreprises publiques centrales, s'est également améliorée, leurs pertes ayant diminué de 88,5 milliards de yuans (11,46 milliards d'euros) par rapport à la même période de 2015 (les « sociétés zombies » sont des entreprises non viables économiquement, que l'on rencontre habituellement dans les secteurs d'industrie à fortes surcapacités, et qui sont maintenues en vie uniquement avec l'aide du gouvernement et des banques).

 

La Chine va accélérer ses efforts pour éviter que des risques financiers ne surviennent et infectent l'économie en général, ont déclaré de hauts responsables gouvernementaux lors du 19e Congrès national du PCC.

 

La réforme structurelle de l'offre visant à réduire les surcapacités dans certains secteurs comme l'acier et le charbon et à offrir des politiques financières plus souples sera maintenue, ont-ils ajouté.

 

Selon la Commission de supervision et d'administration des actifs appartenant à l'Etat, ou SASAC, de janvier à août de cette année, le risque d'endettement des entreprises publiques centrales est resté sous contrôle, ces sociétés ayant maintenu un ratio dette/actifs constant au cours des cinq dernières années.

 

À la fin du mois d'août, le ratio dette/actif moyen des entreprises publiques centrales a chuté à 66,5%, soit 0,2 point de pourcentage de moins que le niveau enregistré au début de cette année.

 

« Le niveau de risque de la dette dans les entreprises publiques centrales est raisonnable et contrôlable », a déclaré Huang Danhua, vice-présidente de la SASAC, qui a ajouté que « Outre la restructuration des actifs, les entreprises publiques centrales peuvent également orienter leurs ressources vers des entreprises ou des industries compétitives grâce à la coopération en matière d'actions, aux échanges d'actifs, aux alliances stratégiques et aux coentreprises ».

 

Dans le cadre du plan gouvernemental, les conversions de dettes en participations seront favorisées, les fonds d'investissement publics étant encouragés à participer au processus. Dans le même temps, les entreprises publiques centrales accéléreront le rythme des fusions et acquisitions.

 

Déjà, le secteur des entreprises publiques a vu la fusion de deux des principaux fabricants de trains à grande vitesse de Chine et celle de deux grands producteurs d'acier.

 

Pour réduire le ratio d'endettement, la SASAC a également encouragé les entreprises publiques géantes à optimiser la structure de leur capital via des entrées en bourse, et a soutenu les efforts de titrisation des actifs. Selon Mme Huang,les entreprises publiques centrales ont fait des progrès dans la réduction de leurs capacités obsolètes, la réduction des risques liés à la dette et l'amélioration de leur compétitivité. Compte tenu des conditions favorables, a-t-elle également souligné, davantage d'efforts sont nécessaires pour réduire le niveau d'endettement des entreprises publiques et une ligne directrice sera formulée.

 

Le programme d'échange de créances contre participations étant considéré comme une méthode significative et efficace de lutte contre le fléau de la dette, China Shipbuilding Industry Corp. (CSIC), l'un des plus gros entrepreneurs de la marine chinoise, a ainsi converti sa dette en actions en offrant à huit investisseurs des participations dans deux de ses filiales non cotées pour un montant estimatif de 22 milliards de yuans (2,85 milliards d'euros) en août.

 

C'est la première entreprise chinoise liée au secteur de la défense supervisée par le gouvernement central à restructurer ses finances au moyen de ce genre d'échange.

 

China Cinda Asset Management Co Ltd et China Orient Asset Management Co Ltd, deux des huit investisseurs, contribueront pour environ 5 milliards de yuans (647,7 millions d'euros) et 2 milliards de yuans (259,1 millions d'euros) respectivement au service de la dette de la CSIC Dalian Shipbuilding Industry Co Ltd et Wuchang Shipbuilding Industry Group Co Ltd. En retour, elles récupéreront des capitaux propres dans les deux filiales de la CSIC.

 

Au cours des neuf premiers mois de cette année, le gouvernement a atteint son objectif de réduire de 5,95 millions de tonnes les capacités de production des entreprises publiques centrales dans le secteur du fer et de l'acier avant la date prévue. Il a également réussi à réduire les surcapacités de production de charbon de 23,88 millions de tonnes.

 

Selon Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque populaire de Chine, la banque centrale, les fusions et les acquisitions restent un moyen important de maîtriser la dette des entreprises publiques et devraient aller de pair avec les efforts visant à réduire les capacités obsolètes. « Tout en s'ouvrant, le secteur financier chinois doit toujours respecter les normes de gestion des risques et ne pas tolérer les prêts fortement endettés, à faible capital et non performants », a-t-il souligné.

 

Yin Zhongli, chercheur à l'Institut des finances et des banques de l'Académie chinoise des sciences sociales, estime pour sa part que des percées technologiques devraient continuer à être obtenues dans les secteurs handicapés par des surcapacités de production, et que l'innovation devrait contribuer au désendettement, car elle contribue à améliorer la force de l'entreprise.

 

« La réforme devrait être étendue aux industries plus endettées et aux secteurs de l'économie réelle ayant des produits compétitifs et de bonnes perspectives de marché », a de son côté déclaré Dong Ximiao, chercheur senior à l'Institut Chongyang pour les études financières de l'Université Renmin de Chine.

 

La réforme de la propriété mixte, qui vise à diversifier la structure de propriété des entreprises publiques, a commencé à prendre de l'ampleur ces dernières années alors que les monopoles des entreprises publiques dans de nombreux secteurs excluaient les petites entreprises et entraînaient une faible efficacité et un service médiocre.

 

A ce jour, selon les données de la SASAC, près de 69% des entreprises publiques centrales à tous les niveaux ont participé à la réforme de la propriété mixte, tandis que 47% des entreprises publiques locales étaient également impliquées.

 

Selon Peng Huagang, secrétaire général adjoint de la SASAC, dans des secteurs clés comme l'électricité, les télécommunications, l'aviation et la défense, 19 groupes ont été choisis pour lancer ce genre de réformes.

 

En août, China Unicom, l'un des géants chinois des télécommunications, a annoncé son intention d'attirer des investissements privés, principalement en émettant des actions à destination de sociétés telles que China Life et Tencent, marquant ainsi la réforme de la propriété mixte de haut niveau dans les entreprises publiques.

 

« La réforme des entreprises publiques est un processus ouvert, qui vise à attirer des partenaires dans tous les types de propriété », a souligné M. Peng.

 

« La Chine est également favorable à la participation des entreprises étrangères dans le processus, si elles sont intéressées », a-t-il dit. « Avec l'approfondissement des réformes, les entreprises publiques vont acquérir un nouveau look et obtenir de nouveaux succès ».

 

Un point de vue que partage Li Jin, chercheur en chef à l'Institut chinois de recherche sur les entreprises à Beijing. « Protéger les intérêts des employés des entreprises publiques sera une tâche majeure dans la prochaine étape de la réforme de ces sociétés ».

 

Pour l'avenir, la réforme sera principalement poursuivie par le biais de fusions et acquisitions au lieu de faillites, a indiqué M. Li, ajoutant que la Chine ne connaîtra pas une nouvelle recrudescence des licenciements comme celle observée au cours des années 1990.

 

Comme la restructuration a principalement impliqué des fusions dans le secteur des entreprises publiques, l'Institute of International Finance, une association mondiale comptant quelque 500 grandes institutions financières, a déclaré ne pas s'attendre à des échecs ou des pertes généralisés dans le nouveau cycle de réforme des entreprises publiques chinoises.

 

Autrement dit, les réformes ne devraient pas menacer l'emploi ou créer de risques systémiques ingérables en Chine.

 

Les données du ministère des Finances montrent qu'à la fin du mois de juin, le total des engagements des entreprises publiques s'élevait à 94 130 milliards de yuans (12 194 milliards d'euros), en hausse de 11,4% par rapport à l'année dernière, tandis que leurs actifs atteignaient 143 500 milliards de yuans (18 590 milliards d'euros), en hausse de 11,5%.

 

Selon Gao Peiyong, directeur de l'Institut d'économie de l'Académie chinoise des sciences sociales, c'est une bonne chose que la Chine se débarrasse progressivement de ses capacités industrielles excédentaires, même si « beaucoup de salariés perdront leur emploi ». Il a toutefois mis en garde contre les risques pour le secteur financier si la Chine n'agit pas assez rapidement sur ce front.

 

« (Sur leurs livres de comptes), les institutions financières ont beaucoup de prêts en cours étendus aux "entreprises zombies". Lorsque vous sélectionnez des entreprises, vous êtes amenés à procéder à une sorte de nettoyage lorsque vous retirez les mauvais prêts des bilans des banques. Cela doit être fait de manière rapide et efficace », a-t-il dit.


Source:french.china.org.cn
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