(REGARDS DE CHINE) Les investisseurs chinois en Afrique, entre optimisme et inquiétude

Par : Laura |  Mots clés : Chine~Afrique
French.china.org.cn | Mis à jour le 17-06-2017

Afin de compléter le Fonds de développement Chine-Afrique (FDCA), établi en juin 2007, la Chine a créé en janvier 2016 une nouvelle institution de financement : le Fonds de coopération industrielle Chine-Afrique (FCICA). Depuis, les investisseurs chinois peuvent compter sur deux fonds spécialisés dans les investissements en Afrique, qui disposent chacun d'un capital de 10 milliards de dollars américains.

Le siège du FCICA se situe dans le centre financier de Beijing, à deux pas du siège de la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (BAII). Dans une interview accordée à Xinhua, Zhang Zujun, le directeur général du fonds, rappelle que le président chinois Xi Jinping avait annoncé la création du FCICA à l'ouverture du dernier sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), tenu à Johannesburg en décembre 2015, en vue de soutenir les "Dix programmes majeurs pour la coopération sino-africaine".

"Nous avons débuté nos activités en avril 2016 et examiné près de 60 projets d'investissement jusqu'ici. En à peine plus d'un an, nous avons signé huit accords d'investissement pour un montant de 700 millions de dollars américains, dont 500 millions ont déjà été versés pour six projets", précise M. Zhang, qui nous reçoit dans une salle de réunion. Derrière lui, une carte du monde représente en différentes couleurs les pays africains, destinations clés des investissements du fonds.

"Le tout premier investissement du FCICA a été alloué à une usine d'extrusion d'aluminium en Angola. Avec un investissement total de 40 millions de dollars américains, ce projet constitue l'investissement le plus important d'une entreprise chinoise dans le pays et cette usine d'aluminium est la plus grande d'Afrique australe", souligne M. Zhang avec une certaine fierté.

Cette usine réduit la dépendance de l'Angola aux importations d'aluminium et accroît les exportations et la réserve de devises du pays. En outre, le projet permettra de créer 500 emplois locaux, contribuant ainsi à stabiliser la situation politique dans le pays.

Financées par des fonds d'investissement tels que le FCICA, de plus en plus d'entreprises chinoises investissent dans des projets importants en Afrique. En Ethiopie, le projet de gaz naturel liquéfié de la société chinoise Poly-GCL, doté d'un investissement total de 3,68 milliards de dollars américains financés partiellement par le FCICA, est le plus grand porjet d'investissement dans le pays. Il contribue au développement économique et résorbe la pénurie de fonds et les problèmes de devises de l'Ethiopie, dont l'économie dépend principalement de l'agriculture.

En ce qui concerne les champs d'action de son Fonds, M. Zhang souligne que le FCICA "soutient principalement la construction des trois réseaux [routier, ferroviaire et aérien, ndlr] et l'industrialisation en Afrique". "Il investit dans l'industrie manufacturière, les nouvelles technologies, l'agriculture, l'énergie, les infrastructures et la finance, sans restriction spécifique pour les secteurs d'activités. Le FCICA respecte les lois et coutumes humaines dans les pays africains ainsi que les règles internationales", ajoute-t-il.

Il constate toutefois que des inquiétudes limitent encore les investissements des entreprises chinoises en Afrique. Selon lui, l'instabilité politique, le manque d'infrastructures, la discontinuité des politiques économiques et le faible niveau de développement sont des points faibles de l'Afrique qui dissuadent les investisseurs internationaux d'y investir.

"Pourquoi les investisseurs internationaux investissent rarement en Afrique ? Voilà une question à laquelle il faut trouver une réponse", s'interroge-t-il.

"La plupart des entreprises chinoises présentes en Afrique veulent investir à court terme, car les investissements à long terme entraînent parfois des risques plus élevés", explique-t-il. "Ces deux dernières années, les investissements directs ont eu tendance à baisser en Afrique, en particulier en Afrique subsaharienne, à cause du ralentissement de l'économie internationale et du développement de l'Afrique. On peut comprendre que les investisseurs hésitent souvent à investir sur ce continent", ajoute-t-il.

Selon lui, les fluctuations des taux de change sont un autre grand risque auquel font face les investisseurs chinois. Les entreprises chinoises investissent principalement en dollars américains en Afrique, tandis que les ventes locales de produits se font en monnaie locale. Par conséquent, l'appréciation du dollar américain et la dévaluation simultanée des monnaies africaines entraînent un déficit de revenus en dollars américains pour un grand nombre d'entreprises chinoises.

"C'est pourquoi l'internationalisation du yuan en Afrique est un moyen efficace de remédier au risque de change", souligne M. Zhang, qui explique que le paiement en yuans des produits africains exportés vers la Chine, y compris les produits industriels et les produits agricoles, pourrait résoudre ce problème.

Selon lui, un mécanisme de règlement en yuans pour les importations et les exportations, la main-d'oeuvre et les investissements attirerait davange d'investissements chinois en Afrique. "Dans l'ensemble, le manque d'infrastructures, d'électricité, de matériaux de construction et de produits industriels sont les principales difficultés que rencontrent les investisseurs chinois qui souhaitent s'installer sur le continent. Mais ce sont aussi de bonnes opportunités d'investissement", souligne-t-il.

Selon la Commission nationale chinoise du développement et de la réforme, plus de 3.100 entreprises chinoises ont lancé des projets en Afrique, dont les investissements ont dépassé les 100 milliards de dollars au total. Comment maintenir les bonnes perspectives de la coopération sino-africaine et protéger les entreprises chinoises des risques d'investissement en Afrique en même temps ? Voilà une question à laquelle les autorités et les peuples des deux parties devront répondre.

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Source: Agence de presse Xinhua
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