La Chine doit se préparer face au protectionnisme de M. Trump

De telles remarques ont été formulées après que le président élu américain Donald Trump a mentionné, lors de sa première conférence de presse mercredi depuis son élection, que le pays perdait des centaines de milliards de dollars chaque année en raison des déséquilibres commerciaux avec la Chine, le Japon, le Mexique et d'autres pays. « Nous ne faisons plus de bonnes affaires », a-t-il remarqué.

Ce n'est pas la première fois que M. Trump rejette la responsabilité du déficit commercial américain sur la Chine, ce qui ne doit pas être pris au sérieux, car les Etats-Unis sont l'un des principaux bénéficiaires du commerce mondial et ils ne renonceront pas les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a expliqué jeudi Sang Baichuan, directeur de l'Institut du commerce international de l'Université du commerce international et d'économie.

« Depuis l'accession de la Chine à l'OMC, les Etats-Unis ont déposé 20 plaintes auprès de l'OMC contre la Chine, soit deux fois plus de plaintes que n'importe quel autre membre contre la Chine », d'après le rapport annuel 2016 sur le respect des obligations de la Chine envers l'OMC, que le Bureau du représentant américain au Commerce a présenté au Congrès lundi.

« Nous ne sommes pas d'accord avec le rapport, car la Chine a strictement respecté les règles de l'OMC après son accession à l'organisation », a remarqué Sun Jiwen, porte-parole du ministère du Commerce lors d'un point de presse jeudi.

Protectionnisme américain

Le protectionnisme va certainement devenir un aspect important de la prochaine présidence de M. Trump, vu son attitude ferme à l'égard des questions commerciales, a estimé Bai Ming, chercheur associé à l'Académie du commerce international et de la coopération internationale de Chine. « La Chine doit être la première à initier une campagne contre le protectionnisme, mais nous devons aussi bien nous préparer et lutter contre le protectionnisme », a-t-il affirmé.

En tant que partenaire commercial important, la Chine est confrontée à des frictions commerciales en hausse, ce qui est normal, a noté M. Sang. « En tant que membre de l'OMC, la Chine a accumulé de l'expérience dans les recours commerciaux, et nous avons des experts dans ce domaine, ce qui peut nous permettre de régler facilement les différends croissants. »

Une guerre commerciale initiée par les Etats-Unis porterait surtout préjudice aux multinationales, ce qui accélérerait les divisions sociales, d'après M. Sang.

Gouvernance multilatérale

Le président chinois Xi Jinping va discuter des derniers développements dans l'économie chinoise et de mondialisation plus inclusive lors de sa première visite au Sommet de Davos, qui se tiendra du 17 au 20 janvier prochain en Suisse.

La gouvernance globale présente certains défauts aujourd'hui. Par exemple, l'accent est mis tous azimuts sur le libre-échange, mais le commerce équitable est ignoré, les intérêts des pays développés sont surprotégés et il y a un manque de participation active des pays en développement dans les affaires mondiales, a relevé M. Sang. « Aussi, en tant que plateforme de gouvernance multilatérale importante, le G20 manque encore de légitimité », selon lui. « Heureusement, nous constatons des progrès dans des initiatives menées sous l'impulsion de certains pays en développement, comme l'initiative ‘Ceinture et route' et la Banque asiatique pour les investissements dans les infrastructures, et la Chine devient un leader plus qu'un suiveur. »