Des TGV chinois bientôt sur les rails britanniques

Il y a 151 ans, les Britanniques ont construit la première ligne de chemin de fer en Chine. Maintenant, les Chinois veulent retourner la faveur en fournissant au Royaume-Uni des TGV dernier cri qui pourront circuler sur les premières lignes à grande vitesse du pays.

L'opportunité qui les intéresse se nomme HS2 ; c'est le projet de TGV qui reliera Londres à la région des Midlands et au nord de l'Angleterre. La technologie avancée, une vaste expérience et des coûts maîtrisés pourraient constituer l'avantage concurrentiel sur lequel les entreprises chinoises misent pour entrer sur le marché ferroviaire au Royaume-Uni et dans d'autres grandes économies européennes.

« Les entreprises occidentales comme Siemens AG en Allemagne et Alstom en France sont arrivées sur le secteur de la grande vitesse ferroviaire avant nous, mais aucun pays au monde ne dispose d'un réseau à grande vitesse aussi vaste que la Chine », a souligné Yu Weiping, vice-président de CNR Corp, pour le China Daily lors d'une exposition ferroviaire organisée récemment au Royaume-Uni.

CNR est en passe de devenir le plus grand fabricant mondial de matériel roulant en termes de ventes après sa fusion avec CSR Corp. Cette dernière a établi une filiale au Royaume-Uni, qui va maintenant devenir la filiale britannique du groupe fusionné.

M. Yu a déclaré que son équipe suit l'évolution du projet HS2 depuis longtemps et qu'une communication permanente a été établie avec les autorités du pays.

Le projet HS2, contrôlé par le gouvernement britannique, sera construit en deux phases. La première phase de construction, qui reliera Londres et Birmingham, commencera en 2017. La date d'ouverture prévisionnelle de la ligne est 2026, et le coût estimé par le gouvernement est de 22 milliards de livres (34,1 milliards de dollars). La deuxième phase verra l'extension de la ligne vers Manchester et Leeds, avec une entrée en service prévue en 2033. Parmi les autres sociétés intéressées par le projet, on trouve Alstom, Siemens et le groupe japonais Hitachi.

L'expansion des entreprises chinoises de TGV au Royaume-Uni est bien accueillie par les experts de l'industrie ferroviaire qui reconnaissent la qualité de la technologie chinoise et qui estiment que leur réponse à l'appel d'offres du projet HS2 ajoute de la diversité et une dose de concurrence saine.

« L'expérience des sociétés chinoises, grâce à la construction de nombreux chemins de fer en Chine, signifie qu'elles sont en mesure d'apporter des solutions testées maintes fois à un prix plus bas, et des solutions prenant en compte des niveaux de consommation d'énergie plus faibles que les entreprises locales », a déclaré James Jameson, vice-président de la division stratégie produit de Rivo Software Ltd, une société britannique qui fournit des logiciels de sécurité à l'industrie ferroviaire.

M. Jameson a déclaré que les entreprises britanniques qui souhaitent concourir pour les mêmes services dans le processus de passation des marchés, notamment dans la production d'équipements, ne seront pas en mesure de concurrencer les entreprises chinoises sur le prix.

« Les fournisseurs chinois qui ont un modèle de TGV testé sur plus de 11 265 kilomètres seront extrêmement concurrentiels sur le prix », a-t-il rappelé, en déclarant qu'un partenariat mutuellement bénéfique se produit lorsque les fournisseurs chinois peuvent aider à transférer leur expérience et leurs compétences sur le marché britannique, contribuer à accélérer la croissance de l'industrie et fournir de meilleures technologies.

« Pour s'étendre au Royaume-Uni, CSR aura besoin de construire une chaîne d'approvisionnement locale. Ce ne sera peut-être pas l'ensemble de sa chaîne d'approvisionnement, mais cela en représentera certainement une partie, de sorte que cela offrira de nombreuses opportunités à nos entreprises sur la chaîne d'approvisionnement, en particulier pour les PME », a déclaré M. Freeland, qui est aussi membre du Rail Supply Group Council.

M. Freeland a déclaré que ses collègues de Perpetuum ont déjà visité le siège social de CDR en Chine pour apprendre comment ils pourraient s'intégrer dans la chaîne d'approvisionnement du groupe, et qu'ils ont accueilli un responsable de CSR à Perpetuum pour en apprendre davantage sur ses points forts.

Il a déclaré que si CSR opère en bonne harmonie avec les entreprises du Royaume-Uni sur un projet britannique, les entreprises des deux pays pourraient coopérer davantage dans d'autres projets sur les marchés internationaux, de sorte que les bénéfices potentiels pour les entreprises du Royaume-Uni sur la chaîne d'approvisionnement seraient bien supérieurs aux possibilités ouvertes à elles au Royaume-Uni.

« Une coopération avec CSR peut aussi ouvrir l'accès au marché chinois pour les entreprises britanniques », a noté M. Freeland.