Quel impact aura l'union économique eurasiatique sur la Chine ?

L'union eurasiatique officiellement établie au 1er janvier 2015 réalise un nouveau niveau d'intégration économique pour ses pays membres comme la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan. La consolidation du marché contribuera à stimuler le potentiel économique de ces trois pays. L'organisation attire également de nouveaux membres, dont l'Arménie qui est sur le point de l'intégrer et le Kirghizistan qui compte rejoindre les pays membres en mai prochain. Le Tadjikistan et l'Ouzbékistan pourraient également rejoindre l'union. Vladimir Poutine a déclaré que cette union économique servira de moteur économique à la région et lui permettra de devenir un nouveau centre économique mondial.

En comptant le Kirghizstan, il y aura bientôt trois États membres de l'union aux frontières chinoises. Le Kazakhstan et le Kirghizistan sont des pays importants du programme chinois de la ceinture économique de la Route de la soie. Cette nouvelle organisation avec un marché couvrant une population de 170 millions de personnes, et d'un PIB total dépassant 4 500 milliards, aura-t-elle un impact sur la coopération entre la Chine et les pays d'Asie centrale ?

Xiao Bin, expert en questions internationales de la Russie, de l'Asie centrale et de l'Europe de l'Est à l'Académie chinoise des sciences sociales, estime que dans le court terme, l'union pourrait avoir un impact sur les échanges commerciaux de la Chine avec le Kazakhstan et le Kirghizistan, en raison de l'absence de droits de douane à l'intérieur de l'union économique, qui rendra les exportations chinoises plus chères en comparaison. L'alliance donnera également une position plus forte à ses membres dans leurs négociations avec la Chine sur un certain nombre de questions, notamment dans le domaine de l'énergie.

Xiao Bin a souligné que si le développement de l'union est positif à long terme, cela pourrait rendre plus difficile pour la Chine de promouvoir vers l'ouest son initiative de ceinture économique de la Route de la soie.

Cependant, « l'impact ne sera pas fondamental », a jugé Du Bingyu, expert des questions portant sur la Russie et l'Asie centrale à l'Université des sciences et techniques de la Défense nationale. « L'union économique eurasiatique resserrera les liens économiques entre le Kazakhstan, le Kirghizistan et la Russie, mais même sans cette organisation, le premier partenaire commercial de ces pays est la Russie », a-t-il souligné.

« En termes de coopération avec la Chine, le Kazakhstan et le Kirghizstan poursuivent depuis leur indépendance une diplomatie diversifiée. La coopération économique avec la Chine a augmenté sans cesse, en particulier en raison de la force économique de la Chine actuelle. La coopération bilatérale avec la Chine est dans une large mesure indispensable aux besoins des deux pays », a-t-il affirmé.

En outre, « afin de réduire les risques inhérents à une entrée dans l'union, les pays d'Asie centrale voudront renforcer leur coopération économique bilatérale avec la Chine », a estimé Xiao Bin. En effet, de nombreux problèmes épineux doivent être résolus en interne par l'union. En cas de conflit entre intérêts nationaux et intérêts de l'union supranationale, que feront les États membres ? L'année dernière, au moment de la crise du rouble, la demande par la Biélorussie d'utiliser des dollars dans ses transactions avec la Russie a montré que plusieurs États membres gardaient au plus près leurs intérêts nationaux. Cela signifie qu'avant de réaliser une intégration solide, les trois pays ont encore un long chemin à parcourir.

Par conséquent, avant de nous demander quel impact l'intégration de l'union économique eurasiatique aura sur la Chine, il faudrait peut-être essayer de répondre à une autre question : quand l'intégration réelle de l'union économique eurasiatique sera-t-elle une réalité ?

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