Les entreprises chinoises germent sur le marché africain des machines agricoles

Par : Yann |  Mots clés : Afrique, machines agricoles, agriculture
French.china.org.cn | Mis à jour le 30-05-2014

En 2010, le ministre de l'Industrie de la République démocratique du Congo visite une usine de fabrication de tracteurs.

Selon des statistiques publiées par diverses organisations internationales dont la Banque mondiale, l'Afrique regroupe 60 % des terres inexploitées du monde, des ressources qui, mises à profit, pourraient créer plusieurs millions d'emplois dans l'agriculture. Sur ce continent, seules 10 % des terres labourées sont entretenues au moyen de tracteurs, et seulement 4 % d'entre elles sont irriguées manuellement.

Nombre de pays africains s'efforcent de développer la mécanisation de l'agriculture. Certains ont déjà établi des usines spécialisées dans la fabrication d'instruments aratoires, mais rares sont celles aptes à assembler des tracteurs. Depuis longtemps, les tracteurs proposés à la vente dans la plupart des pays africains viennent de l'étranger. Selon des analystes, bien que l'industrie des équipements mécaniques peu développée en Afrique constitue une entrave au développement économique du continent, cette situation donne toutefois des occasions d'affaires aux pays en développement capables de fabriquer des produits de gamme moyenne dans ce domaine, comme la Chine.

Entrer en Afrique

Ces dernières années, les principaux fabricants chinois de matériel agricole sont de plus en plus alléchés par le marché africain, dans lequel ils déversent des investissements plus importants. Dans ce secteur, l'Afrique, un vaste continent lointain, aussi beau que fécond, recèle d'opportunités considérables…

YTO Group Corporation, fabricant du premier tracteur, du premier rouleau compresseur et du premier 4×4 militaire de fabrication chinoise, est entré sur le marché africain en 1992. En août 2009, YTO et le Fonds de développement Chine-Afrique ont fondé la coentreprise China-Africa Machinery Corp (CAMACO). Par le biais de cette société, YTO exporte non seulement des machines agricoles, mais investit également en Afrique. Pour assurer son offre en équipements agricoles, en matériel de travaux publics, et même en services commerciaux, YTO a déjà installé des usines d'assemblage et des centres de services en Algérie, en Égypte, en Éthiopie, au Nigeria, au Kenya, en Angola et en Afrique du Sud.

Foton Lovol, un autre équipementier industriel, vise également les marchés stratégiques que représentent le Moyen-Orient et l'Afrique. La société Chery Heavy Industry Co., Ltd a elle aussi déployé sa stratégie d'« entrée en Afrique », prévoyant d'injecter en trois étapes 260 millions de dollars pour la construction de centres d'opération dédiés aux équipements agricoles modernes dans sept pays africains. Toutes ces entreprises s'accordent à penser qu'il convient d'offrir une « solution globale » à l'agriculture africaine.

Selon les responsables de Chery Heavy Industry, cette stratégie d'« entrée en Afrique » répond aux objectifs affichés par le Forum de coopération Chine-Afrique : elle permet d'explorer vigoureusement les marchés étrangers et de promouvoir le développement de l'agriculture et des outils connexes en Afrique. Dès la mise en œuvre de cette stratégie, Chery Heavy Industry mettra en place des points de ventes et de services après-vente dans des pays comme le Zimbabwe, et lancera des produits adaptés aux champs africains pour contribuer à l'essor de l'agriculture moderne sur le continent.

S'adapter au marché africain

La plupart des pays africains étaient jadis des colonies européennes. Après leur indépendance, le marché des équipements agricoles dans ces pays est resté tributaire des investissements gouvernementaux et de l'aide économique fournie par certaines organisations internationales. Dû à ce contexte et en partie à des raisons géographiques, les machines agricoles vendues sur le marché africain proviennent principalement d'une poignée de pays développés dont le Royaume-Uni, les États-Unis, l'Italie, la France et l'Allemagne. Mais depuis les années 90, les marchandises chinoises font progressivement leur apparition sur le marché africain, et leurs ventes sont en constante augmentation.

Les entreprises chinoises améliorent activement leurs produits en vue de répondre aux besoins du marché africain. La majorité des terres est inexploitée en Afrique, terres où arbres et buissons sauvages étirent leurs racines bien profondément, de sorte qu'ils sont difficiles à sarcler. Il était donc nécessaire de renforcer la résistance des charrues, pour que celles-ci ne s'épuisent pas à la tâche. Pour ce faire, YTO a perfectionné certaines pièces de ses tracteurs afin de couper plus facilement les racines, mettant ainsi en valeur les hautes performances de ses produits.

Prenons pour autre exemple le broyeur conçu par YTO. Il était autrefois équipé d'un tamis au maillage légèrement trop petit. Seule la farine de manioc extra-fine pouvait passer à travers ce type de tamis et ressortir de la machine. YTO a donc rapidement corrigé son produit en élargissant les mailles, pour que la farine de manioc corresponde mieux aux désirs des consommateurs. Aujourd'hui, ces broyeurs YTO se vendent comme des petits pains !

Selon une même logique, Shandong Wuzheng Group, après avoir reçu une grosse commande en provenance du Ghana, avait formé une équipe spécialement chargée de la conception, de la modélisation, du contrôle de la qualité, ainsi que du planning pour la production et l'emballage des produits. Les ingénieurs chinois s'étaient même entretenus avec les techniciens ghanéens à propos de détails techniques concernant notamment le moteur, la cabine et le châssis. Ils avaient ainsi parfait leur offre en y apportant quelques modifications, dans le seul souci de contenter la partie ghanéenne.

Consciente des caractéristiques diverses du marché africain, Chery Heavy Industry applique une stratégie différenciée. D'une part, elle vend des tracteurs de petite ou moyenne taille ainsi que des engins à labourer et à récolter, à l'égard desquelles le marché africain éprouve un besoin urgent ; d'autre part, elle promeut énergiquement les produits haut et moyen de gamme, tels que des tracteurs de forte puissance, dans certaines régions où le travail du sol s'avère plus laborieux. Par ailleurs, cette société a effectué quelques adaptations innovantes sur certains de ses équipements actuels et lancé un ensemble de matériel agricole spécialement adapté à l'environnement local.

Offrir des services après-vente standard

Sur le marché africain, ces fournisseurs chinois de machines agricoles mettent non seulement l'accent sur l'ajustement de leur production, mais aussi sur l'optimisation continue de leurs services, pour en améliorer l'offre et la qualité.

Pour ce qui est des services après-vente, CAMACO envisage de coordonner l'envoi du personnel en charge, de mettre en place un canal d'achat unique et de rassembler tous ses produits sous une même marque, à dessein de bien assurer le contrôle de la qualité, la gestion de la marque, l'assistance technique et l'approvisionnement en pièces détachées. Parallèlement, la société allonge progressivement sa « chaîne de services après-vente ». Comme les techniciens sont dépêchés via un système unique, les professionnels chargés de la réparation peuvent être mutés d'un pays à un autre selon les besoins, de façon à fournir des services après-vente rapides et efficaces.

Pour mettre à exécution sa stratégie d'« entrée en Afrique », Chery Heavy Industry a en premier lieu bâti au Zimbabwe un point de vente et de services de réparation, destiné à offrir toute une gamme d'assistance technique et de services après-vente.

Comme les professionnels des services manquent au Soudan, Foton Lovol d'un côté forme du personnel autochtone dans le tertiaire, et de l'autre, détache régulièrement ses propres techniciens pour qu'ils gèrent des activités de services dans les points de vente locaux. En outre, Foton Lovol a mis en place au Soudan des postes de services comportant un entrepôt où sont notamment stockés pièces de rechange et véhicules de réserve. Elle y a déjà expédié des pièces détachées d'une valeur totale de 600 000 yuans. Ces initiatives rassurent à la fois les concessionnaires et les clients potentiels, jetant ainsi une solide base aux ventes postérieures de cette compagnie.

 

QU XIAOLI est journaliste au International Business Daily.

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