Le dragon du vin français
Un vigneron est en mission dans le désert de l'ouest du pays. Wang Kaihao le rencontre à Wuhai, en Mongolie intérieure.
Un verre de vin rouge à la main, errant dans une cave qui abrite plus de 1 600 fûts de chêne, le Français Bruno Paumard s'arrête de temps en temps pour renifler et boire une gorgée. Il touche les barils délicatement, comme s'il caressait la peau d'un bébé.
« Oh, quel vin splendide », murmure-t-il.
Ce vigneron de 49 ans visite le Château Hansen à Wuhai, dans la région autonome de la Mongolie intérieure. Il n'avait pas imaginé que sa première visite en Chine en 2005 lui ferait décider de s'installer immédiatement dans le pays.
« Tout cela est par amour », confie-t-il. « Vous savez, je suis français. »
M. Paumard, alors divorcé depuis deux ans, a voulu une nouvelle famille.
Il était fan de la star chinoise Zhang Ziyi après avoir vu le film Tigre et Dragon et a été surpris de découvrir que beaucoup de filles chinoises lui ressemblaient quand il a visité Beijing pour promouvoir les vins français durant l'Année de la France en Chine. Il admet cependant qu'il était alors incapable de distinguer clairement les différents visages asiatiques.
« Il y avait des Zhang Ziyi partout », se souvient-il. « J'ai aperçu une jeune femme au loin qui lui ressemblait vraiment. Tandis que je la regardais, elle s'est dirigée droit vers moi. C'était magique. »
Il a tout de suite su que c'était la femme de ses rêves.
Il a quitté son poste en France et a lancé une entreprise de distribution de vin à Beijing. La femme est devenue son épouse deux ans plus tard, et lui a donné le nom chinois Fa Jiulong, qui signifie « Dragon du vin français » parce qu'il est né durant l'année du dragon.
« Ma vie en France était très agréable, mais je ne sais pas si j'y retournerais maintenant », dit-il.
« Les gens ici sont tellement gentils avec moi, j'ai l'impression d'être sur une autre planète. »
Il est tout aussi aimable lui-même.
Il salue tous les employés de la cave en chinois, même s'il ne connaît pas le nom de chacun.
Sa ville natale, Angers, dans le Pays de la Loire, est un lieu mondialement célèbre pour ses vins de qualité. Il a grandi près d'une vigne et est devenu sommelier à 15 ans.
Il a ensuite voyagé en Europe pour chercher de nouvelles opportunités et a été finaliste en 1989 du concours du Meilleur sommelier du Royaume-Uni.
Quand il est retourné à Angers au début des années 1990, il a enseigné la dégustation de vins dans une école locale et est devenu vigneron. Il était également l'un des rares experts capables de décider des prix des enchères de vins en France.
Maintenant que son entreprise à Beijing prospère, il a décidé d'aller à Wuhai dès 2010 pour profiter du bon terrain.
La ville reçoit plus de 3 000 heures annuelles d'ensoleillement et connaît de grandes différences de température entre le jour et la nuit, ce qui constitue de bonnes conditions pour les raisins.
Toutefois, les coutumes de consommation excessive d'alcool en Mongolie intérieure l'ont choqué.
« Les gens veulent toujours trinquer, en disant ganbei (cul sec) en l'honneur des invités. Quand il faut boire un verre à Beijing, en Mongolie intérieure cela se traduit en une dizaine. Heureusement, je suis un bon buveur. Les autres sont souvent saouls bien avant moi. »
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