China.org : Cette semaine, les deux sessions annuelles s'ouvriront à Beijing. Parmi les sujets à l'ordre du jour, lesquels sont les plus susceptibles d'intéresser le Point, ses lecteurs et vous-même ?

Caroline Puel : L'économie sera encore une fois le sujet numéro 1 qui retiendra notre intérêt, puisque nous ne sommes pas encore sortis de la crise. Il sera intéressant de voir dans le discours du Premier ministre comment il envisage les choses pour l'année qui vient. Je serai également intéressée de voir s'il y a davantage de mises en place dans le système de santé, surtout selon l'échantillon géographique, dans le Guangdong, à Hainan, au Tibet après les événements de 2008 et dans le Xinjiang.

China.org : D'après un sondage en ligne, un grand nombre d'internautes s'intéressent aux prix du logement qui s'envolent en Chine. Pourrais-je avoir votre avis sur ce sujet ?

Caroline Puel : Je pense qu'il est difficile pour les autorités de lutter contre l'augmentation des prix du logement. C'est un phénomène naturel qui est arrivé dans toutes les grandes villes du monde au moment de leur développement. Encore aujourd'hui, Pékin et Shanghai sont des villes où le prix du mètre carré est beaucoup moins élevé que dans la plupart des grandes villes internationales, comme New York, Paris ou Londres, donc je dirais qu'il y a encore une marge de progression.

Par contre, le problème se pose de la même manière en Occident. Il y a aujourd'hui des dizaines de milliers d'Américains sans maison car ils ont été ruinés par la crise des subprimes. Il y a en France des comités qui se sont créés pour aider les jeunes à accéder au logement. Je pense qu'on ne peut pas limiter cette augmentation, par contre on peut aider les gens qui ont des moyens très réduits à accéder au logement.

On peut par exemple, même à l'intérieur des grandes villes, même dans les quartiers les plus chers, préserver certains immeubles qui seront malgré tout de bonne qualité mais dont les loyers seront moins chers pour que la population continue à se mélanger et qu'il n'y ait pas seulement des quartiers de riches et des quartiers de pauvres car on sait très bien que cela est mauvais pour l'équilibre social à long terme.

On peut aussi favoriser les prêts à long terme pour les jeunes, pour qu'un étudiant de 25 ans puisse obtenir d'une banque un prêt sur vingt ans qui va lui permettre progressivement de devenir propriétaire de son logement au milieu de sa vie.

On peut envisager que certaines familles défavorisées bénéficient d'un aide au logement, que l'État ou la municipalité leur donne une aide financière chaque mois qui va leur permettre chaque mois soit de payer un loyer soit de rembourser un prêt auprès d'une banque.

Il y a de nombreux systèmes qui peuvent être mis en place et qui permettent, sans parvenir totalement à limiter les prix, car malheureusement je pense que la Chine n'échappera pas dans le cours de son développement à l'évolution qui se fait dans le reste du monde, mais en revanche aider les plus faibles, en leur donnant aussi ce droit à un logement correct dans des quartiers de bonne qualité pour que leurs enfants puissent accéder aux bonnes écoles et fournir une chance égale pour tous.