China.org : D'abord, je vous remercie d'accorder cette interview à notre site. Nous souhaitons évoquer en premier l'édition spéciale du Point sur la Chine. J'ai appris que vous venez de rentrer de France, et je voudrais connaître les réactions du public français sur cette édition spéciale. Avez-vous reçu des lettres de lecteurs marquantes ?
Caroline Puel : Je n'ai pas les lettres avec moi, mais ce qui a été marquant c'était les ventes, qui ont été excellentes. La rédaction du journal est donc évidemment très contente du résultat, puisque cela a été très supérieur à ce que nous avions même espéré au départ.
Il y a eu bien sûr une campagne publicitaire pour accompagner le lancement du numéro spécial, mais ensuite, cela s'est fait beaucoup, comme l'on dit en français, de bouche à oreille. Les gens se sont dit que cela était intéressant et qu'il fallait l'acheter, même après que le numéro spécial a disparu des kiosques, puisqu'il était en vente seulement pendant deux semaines, beaucoup de gens ont écrit au journal pour demander qu'on leur envoie ce numéro.
Mes étudiants en France, eux-mêmes étaient très intéressés, pour la plupart ils ne sont pas encore allés en Chine, à l'exception de deux d'entre eux et d'une élève chinoise. Tous ont été très motivés, cela leur a donné encore plus envie de visiter la Chine d'aujourd'hui. Le résultat a donc été extrêmement positif, et partout où je suis passée j'ai reçu beaucoup de félicitations, de signes d'encouragement, à l'intérieur du journal et également de la part du public.
China.org : J'ai également lu cette édition spéciale, et à vrai dire, vous semblez connaître beaucoup mieux la Chine que certains Chinois. En tant que jeune journaliste, je serais curieux de connaître votre secret ?
Caroline Puel : Je n'ai vraiment pas la prétention de connaître la Chine mieux qu'un Chinois. Je crois que toute une vie d'Occidentale ne suffirait pas, je continue à apprendre et à être surprise tous les jours par votre pays, et c'est sans doute pour cela que je suis toujours ici. Ce qui explique peut-être pourquoi j'ai beaucoup d'affinités avec les Chinois en général, c'est que je n'ai jamais essayé de les juger par rapport à nos critères d'Occidentaux. Du jour où je suis arrivée en Chine, j'ai essayé de comprendre, d'apprendre, mais sans juger, puisque je sais que de toute manière nous sommes dans un monde totalement différent.
Plus les années ont passé, plus je me suis dit que ma « mission » était d'essayer d'absorber cette matière étrangère, de l'analyser, et ensuite de la rendre compréhensible pour les lecteurs ou les auditeurs occidentaux, car aujourd'hui, comme on l'a évoqué lors de la conférence, il y a des problèmes d'incompréhension énormes entre la Chine et le monde occidental, et il faut des gens comme vous ou comme moi pour faire des ponts, et de permettre une plus grande compréhension.
Mais encore une fois, je n'ai pas du tout la prétention d'avoir tout compris, loin de là, et donc cela me motive toujours à travailler (rires). |