BRICS : vers une nouvelle décennie de coopération

Par : Laura |  Mots clés : BRICS, coopération , Xi Jinping, Xiamen
French.china.org.cn | Mis à jour le 28-09-2017


Le 4 septembre, la 9e rencontre annuelle des dirigeants des cinq nations des BRICS s’est déroulée au Centre international de conférence et d’exposition de Xiamen, dans la province du Fujian (sud). Le président chinois Xi Jinping a déclaré à cette occasion que les pays des BRICS devaient travailler pour entrer dans la deuxième "décennie d'or" de coopération.

Les BRICS, ce bloc de cinq économies émergentes (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), va ouvrir cette année un nouveau chapitre en entrant prochainement dans leur dixième année d’existence. Le 9ème Sommet des BRICS qui se tiendra du 3 au 5 septembre à Xiamen, permettra de faire le point sur cette décennie écoulée et posera les bases qui permettront au groupe de renforcer et d’approfondir la coopération.

Depuis le premier sommet des pays BRIC en 2009 à Iekaterinbourg, en Russie – l’Afrique du Sud est entrée dans le bloc en  2011 – les pays émergents n’ont cessé de contribuer à la croissance de l’économie mondiale. Par ailleurs, ils ont fait entendre la voie des pays en développement au sein des institutions financières et commerciales internationales. Les pays BRICS ont aussi contribué à modifié les rapports de gouvernance mondiale, faisant davantage entendre la voix des pays en développement dans les organisations internationales. Ainsi, en 2014, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont mené une réforme de leur statut, qui donne plus de poids aux pays émergents. Les pays BRICS, malgré leurs différences, voire leurs divergences, ainsi que leurs spécificités, représentent désormais une force qu’il est impossible d’ignorer, comprenant 43 % de la population mondiale et contribuant à 23 % du PIB mondial en 2016. Ils se sont dotés d’institutions financières calquées pour l’une sur la Banque mondiale pour les prêts au développement (la Nouvelle banque de développement, dite « Banque des BRICS ») et pour l’autre sur le FMI, afin de faire face aux anticiper pressions à court terme sur la liquidité (BRICS Contingent Reserve Arrangement). Mais le chiffre à retenir, et qui progresse toujours, c’est le dynamisme économique et commercial des BRICS, puisqu’ils participent à la croissance du PIB mondial à hauteur de 50 %, selon les Nations unies.

Au lendemain de la crise financière de 2007/2008 et sur fond de crise de la dette dans certains pays européens les années suivantes, le bloc a dû rester soudé pour faire face à l’adversité et renforcer la coopération entre les pays émergents. Désormais, ce sont des facteurs externes comme la montée du protectionnisme mondial, mais aussi des facteurs internes, comme que les difficultés économiques de certains pays BRICS (endettement, fort ralentissement de la croissance), qui menacent leur cohésion et constituent un nouveau défi. Cette édition du Sommet des BRICS à Xiamen devra répondre à ces incertitudes et proposer des solutions. A n’en point douter, il s’agira au cours de cette décennie qui s’annonce de favoriser la convergence et d’accroître les échanges commerciaux en renforçant la coopération.

Pour y parvenir, il est nécessaire d’équilibrer les échanges commerciaux entre les pays BRICS et de promouvoir la coopération Sud–Sud.

Pour équilibrer les échanges, la Chine, qui enregistre un excédent commercial colossal avec les autres pays membres, a déjà pris des mesures en s’engageant à accroître ses importations. Déjà, au cours des six premiers mois de 2017, la Chine a importé pour 70,16 milliards de dollars de marchandises des autres pays BRICS (+ 33 % par rapport à la même période de l’an passé) et au cours des cinq prochaines années, ce seront au total 8 mille milliards de dollars de marchandises qui seront importées en Chine, une manne que les pays émergents et en développement doivent saisir. Il faut aussi mentionner la déferlante du commerce en ligne transnational et les perspectives commerciales phénoménales qu’elle laisse entrevoir. Lors de la 7ème réunion des ministres du Commerce des BRICS à Shanghai début août, la coopération dans le commerce en ligne a été l’un des 8 points de consensus.

Les BRICS doivent aussi se projeter dans l’avenir selon deux modalités.

Une modalité interne tout d’abord, en favorisant l’adhésion de nouvelles économies émergentes. Au bloc actuel pourrait donc s’agréger des géants économiques en développement comme le Mexique en Amérique, le Nigeria en Afrique et l’Indonésie en Asie. L’arrivée de nouveaux membres pourrait alors donner une impulsion considérable aux échanges tout en favorisant les réformes économiques dans l’ensemble du bloc afin de parvenir à une convergence.

Une modalité externe ensuite, en créant une nouvelle dynamique, qui évoluerait vers un modèle « BRICS + » et permettrait d’étendre le partenariat économique et commercial avec d’autres pays en développement, notamment avec les pays les moins avancés, dont la plupart se trouvent en Afrique. En devenant une importante plateforme pour la coopération Sud-Sud, les BRICS pourraient ainsi créer un nouveau front dans la dynamique de développement.

A ces modalités, il faudrait ajouter le renforcement de la synergie avec deux initiatives chinoises pour le développement et les échanges : le Forum pour la coopération sino–africaine et l’initiative des Nouvelles routes de la soie.

Le développement économique est au cœur de la raison d’être des BRICS et toutes ces modalités doivent être explorées pour corriger ce qui constitue un paradoxe, à savoir que la forte croissance des pays BRICS au cours de la décennie passée ne s’est pas accompagnée d’une croissance proportionnelle des échanges et des investissements au sein du bloc. Au cours de la prochaine décennie, les pays BRICS devront davantage développer la demande intérieure, accroître la part de la consommation dans le PIB et stimuler les échanges commerciaux. Cela ne pourra se faire que dans le cadre d’un développement inclusif et mutuellement bénéfique, permettant à tous les agents économiques de profiter des acquis et des fruits de la coopération.


Par Jacques Fourrier (L'auteur est un journaliste et commentateur français basé à Beijing)


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Source: french.china.org.cn
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