Les montagnes des nuages pourpres

Par : LIANG Chen |  Mots clés : montagnes, nuages
French.china.org.cn | Mis à jour le 26-06-2015


L'auteur nous emmène dans les montagnes des nuages pourpres, à la découverte de jolis villages et d'histoires typiques.

LI SHUANGXI*

Quand on prend le train de Beijing à Guangzhou, on traverse la plaine de la Chine du Nord, le centre du pays, le fleuve Jaune, les provinces du Hunan et du Hubei, ainsi que le fleuve Yangsté. En seulement quelques heures, on passe du début de l'été pékinois au plein été du Sud de la Chine. Par la fenêtre, on peut admirer de magnifiques paysages, tissés de rivières, et au loin on aperçoit les sommets pourpres des montagnes Danxia (en chinois, nuages pourpres).

Les monts des nuages pourpres se trouvent à Shaoguan au cœur de la province du Guangdong. Ses spécialités géographiques et ses villages Hakka en font un lieu typique du Sud du Guangdong. C'est aussi une destination rêvée pour les citadins en quête de dépaysement.

Retraite dans le mont Boddhisattva

Dans les montagnes, le village de Niubi (nez de bœuf) est considéré comme le village le plus poétique ici. Il est entouré sur trois côtés par l'eau et d'un côté par une montagne. Sa position géographique fait qu'autrefois on ne pouvait y accéder que par la rivière. Aujourd'hui, il existe un pont. C'est le seul moyen d'accéder à la bourgade. Une fois passé le pont, on arrive à l'entrée du village. Des deux côtés de la route, on trouve tous les éléments qui font le Sud de la Chine : une forêt de bambou, un étang, un verger de pamblemousses, des bananiers, des champs de riz, et bien sûr les monts des nuages pourpres. Le plus connu des monts de la chaîne Danxia est le mont Guanyin ou Boddhisattva (Guanyin est le bodhisattva associé avec le concept compassion dans le bouddhisme d'Asie de l'Est. Les locaux considère ce mont comme Songzi Guanyin ou Boddhisattva Donneuse d'Enfants).

En face du mont, c'est le village de Niubi. Beaucoup d'habitants ayant déménagé dans le nouveau village construit près de là, l'ancien village de Niubi est plus tranquille qu'avant. Il possède seulement une dizaine maisons, éparpillées dans la bambouseraie.

L'un des meilleurs moments pour admirer l'endroit est le matin après la pluie. Tout le village est couvert de brume et on entrevoit à peine le mont Guanyin enveloppé dans les nuages comme dans une couverture. On se croirait dans une peinture chinoise traditionnelle.

La tranquillité de ce village attire les touristes, dont certains y louent une maison pour faire une retraite campagnarde. Ai Mi est l'une de ceux-ci. Elle travaille à la ville, mais se rend tous les weeks-ends au village pour s'y occuper de sa petite maison et de ses plantations. Elle a même donné un nom à sa bicoque : la « Maison de nez du bœuf ». Ai Mi a également créé une bibliothèque pour les enfants et en a fait les gestionnaires. Cela leur permet de choisir les livres dont ils ont envie et de leur apprendre à gérer un peu.

La simplicité des villageois plaît à Ai Mi, qui se sent ici chez elle. Ils l'invitent à manger chez eux et lui offrent des petits cadeaux. En seulement deux semaines, elle s'est adaptée aux paysans locaux. Elle est déjà devenue membre à part entière de la communauté.

On trouve une portion d'une antique rue en pierre dans le village. Après la pluie nocturne, la mousse sur les dalles reverdit. Ai Mi emprunte cette rue pour rentrer chez elle chaque jour en bavardant avec les villageois. Quand elle vivait à la ville, elle n'aimait pas communiquer avec les gens, mais depuis qu'elle vit à la campagne, elle a changé. Pour elle, la vie dans les grandes villes est fatigante. Elle rêvait secrètement de vivre de façon plus simple et moins stressée. C'est pourquoi elle a décidé de tout quitter pour retouner à la nature, elle s'est installée à Niubi.

Après le coucher du soleil, Ai Mi continue à creuser son étang pour élever les poissons et cultiver les lotus. Elle imagine une vie toute nouvelle dans son jardin inspirée de Friedrich Hölderlin, poète et philosophe allemand qui prônait une vie proche de la nature.

L'élégant rétro

À une encablure du village de Niubi se trouve le village du Shitang, qui possède un caractère complètement différent. On dit que Shitang comptait un millier de familles autrefois, ce qui en faisait une grosse bourgade. Il fut un temps prospère. Il ne reste de ces temps éloignés que les ruines des anciens remparts et de vieilles maisons.

L'un des sites intéressants de Shitang est la barbacane à l'entrée du village. Par sa forme, on dirait un petit château quadrangulaire, entouré de douves. Hormis les quatre murailles, il y a également des tours de sentinelle. Avec le temps, les guerres ont disparu, la barbacane sert d'entrée au village, aujourd'hui assiégé par les touristes.

Un autre élément culturel intéressant de Shitang est une sorte de chant folklorique mystérieux des Hans que seules les femmes de Shitang chantent. Elles se le transmettent de bouche à oreille depuis un millénaire. Ce chant, appelé Yuejie, se chante dans un dialecte spécial, et possède une forme et une mélodie typiques.

Un autre endroit à ne pas manquer est un salon de coiffure centenaire. Ce salon est vraiment rétro : on y trouve encore une vieille tondeuse mécanique, un rasoir pliant, une vieille chaise de coiffeur en fer et de grands miroirs couverts de taches. Cela m'a ramené le souvenir du salon de coiffure de mon village natal. Le coiffeur, accueillant, était content de bavarder avec moi. Il m'a raconté qu'il avait 80 ans et avait commencé son apprentissage à 17 ans. Dans son enfance, sa famille était pauvre. C'est pour cela qu'il est devenu coiffeur en suivant un maître, dont il a hérité ce salon de coiffure. Depuis, le salon n'a pas été refait et le vieux coiffeur n'a pas décidé quand il partirait à la retraite.

Pendant que nous bavardons, plusieurs clients passent le voir. Il se met au travail. Assis sur une chaise rétro et revêtu de sa blouse blanche et bleue, le client semble venu d'une autre époque. Sous les doigts habiles du vieux coiffeur, ses cheveux dansent tels les blés sous le vent de l'été.

Après avoir coupé les cheveux, il lui rase la barbe et les tempes. Et je m'étonne de le voir lui raser les sourcils... Un client a lu la crainte dans l'expression de mon visage, et m'a dit : « Il peut coiffer les gamins d'un mois, pas la peine d'avoir peur. Ses yeux, ses oreilles et ses mains sont toutes jeunes. » C'est vrai que les mouvements de ce vieil homme semblaient ceux d'un jeune garçon.

Un village millénaire

Le village d'Encun, au nord du mont de relief Danxia, près du bourg de Chengkou a 1 000 ans d'histoire. Dans ce village, tous les anciens bâtiments sont liés avec la famille Meng. Les ancêtres de cette famille proviennent du mont Dongmeng situé dans le Shandong. La famille Meng a émigré à Encun il y a très longtemps, et leur arbre généalogique qui existe toujours fait plus d'une dizaine de volumes. Le chef de famille m'a présenté ces précieux documents, et j'ai eu la chance d'en admirer la calligraphie, les peintures et les sceaux. Dans un d'entre eux, on trouve texte de préface écrit en 1274 par Wen Tianxiang, homme politique et lettré chinois de la dynastie des Song (960-1279).

Cette généalogie enregistre aussi tous les détails du développement du village. Meng Niansi, le doyen est venu du Jiangxi en 1084, il a trouvé ce lieu et lui a donné le nom Encun qui signifie « le village de la gratitude ». Meng Tianmin, de la troisième génération, né en 1174, a passé l'examen impérial et ainsi commencé à écrire l'histoire glorieuse de la famille. Meng Tianmin était un fonctionnaire et magistrat impérial local.

Dès lors, Encun a nourri beaucoup de talents. En 900 ans, sous les Song, Yuan, Ming et Qing (960-1911), la famille Meng a produit un grand nombre de mandarins et de lettrés. Cette famille est considérée comme la « première famille du Sud de la Chine ». Avec le temps, les hauts dignitaires sont partis d'Encun et petit à petit le village s'est vidé. Aujourd'hui, les habitants du village perpétuent toujours les coutumes de leurs ancêtres et respectent les valeurs morales traditionnelles pour protéger les anciens bâtiments et leur histoire glorieuse.

C'est sûrement la raison pour laquelle les gens d'Encun ont l'air si francs et honnêtes et ont cette allure si tranquille et si spéciale.

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