Le bronze
Si j’aime bien les substances « chaudes », comme le bois, le cuir, les tissus, le papier, dès que j’entends parler de pierre ou de métal, je ressens un frisson négatif. Pourtant, on ne peut ignorer ces matières froides: venues de l’Antiquité, elles ont résisté à la corruption qui a attaqué les matières « molles ».
Parmi les métaux, c’est encore le cuivre que je préfère, peut-être à cause de sa chaleureuse couleur? Aussi, au cours de mes voyages, autrefois, je me procurais souvent un ustensile en cuivre dont je me servirais, mais qui me rappellerait aussi les endroits visités. Quand il s’agit de cuisiner, les casseroles, les poêles et les louches en cuivre doivent être étamées (une couche d’étain), sans quoi le métal, sous l’action de la chaleur et de certaines composantes des aliments, dégagerait des particules nocives à l’organisme.
Le bronze n’est pas un métal pur mais un alliage de cuivre rouge et d’étain, parfois de plomb. Il était connu au moins deux millénaires avant notre ère, période qu’on appelle l’Âge du bronze, et reconnu comme une des plus utiles inventions de l’homme dès l’Âge de la pierre. Dans l’Antiquité chinoise, contrairement aux autres pays, les vases de bronze servaient surtout aux cérémonies du culte et à la fabrication d’armes de guerre. Les épées et sabres étaient souvent enterrés avec leurs propriétaires, ce qui leur a permis de parvenir jusqu’à nous. Les bronzes étaient décorés de tigres, dragons, ovins et bovins, et oiseaux.
Ce Matafeiyan(马踏飞燕) faisait partie d’un trophée que m’a décerné le quotidien China Dailydans les années 1990 pour le « meilleur article écrit par un étranger ». La sculpture représente un cheval au galop, porté par une hirondelle; c’est la signification de son nom.
Le site Jinsha (金沙), à Chengdu, dans la province du Sichuan, fut, dans ma découverte de la Chine, un endroit dont je garde un sentiment d’énorme surprise. Je n’avais jamais entendu parler de ce siteavant qu’une visite à de vieux amis du Sichuan me conduise à cet endroit historique unique au monde et nouvellement exploré.
Sanxingdui(三星堆) possède un musée dans la zone qui fut habitée jusqu’en 1200. On peut y admirer des objets trouvés dans fosses sacrificielles des XIIIe et XIIe siècles avant notre ère: divers vases de bronze, des masques zoomorphiques aux grosyeux saillants,l’arbre sacré de plus de 4m, une sculpture d’homme haute de 2,6 m qu’on croit être le roi-prêtre, plusieurs autres figures masculines, jamais féminines, des masques, des cloches, des animaux décoratifs ou auspicieux comme oiseaux et serpents, des haches, couteaux et tubes, des bagues, des pièces de jade et des barres d’or ou décorations en or. Tout cela était du jamais vu, et peu de Chinois ont eu l’occasion de voir ces trésors de leurs yeux. Ces pièces sont uniques en Chine, et va sans dire, au monde. Le site et ses richesses se trouvent près d’une cité dont les vestiges laissent penser qu’elle aurait pu être la capitale du royaume de Shu.
Les premières découvertes remontent à juillet 2001, lors de l’excavation pratiquée en vue de construire des gratte-ciels. Le site est devenu une cité muséale unique au monde, d’architecture postmoderne,avec des jardins immenses, fontaines, boisés de bambous,tout cela étant des symboles culturels et archéologiques.