Le Guangxi, du vert à perte de vue

J'ai parcouru le Guangxi en long et en large pendant près de quarante jours car j'allais m'y documenter pour écrire Ces gens merveilleux du Guangxi**. Je crois bien n'avoir jamais vu autant de verdure de ma vie ! Il est difficile de trouver au Guangxi un terrain à découvert. Si l'industrie du bois de construction est importante dans cette région, on accorde autant d'importance à la protection de l'environnement et l'on reboise au fur et à mesure.

Bien que les « quatre grandes » religions soient pratiquées au Guangxi, les temples bouddhistes ou taoïstes, les églises et les mosquées m'ont semblé rares. De même le Guangxi ne m'a pas semblé briller par ses musées, ses théâtres, ses salles de concert, ses parcs thématiques. Je suis portée à conclure que la vie spirituelle et culturelle n'est pas sa richesse dominante. Les divers aspects des cultures ethniques du Guangxi – et ils sont nombreux ! – sont représentés mais le plus souvent par des personnes d'un certain âge comme le sculpteur de masques de théâtre Nuo Fang Zhenguo, le compositeur de musique ethnique Fan Ximu, l'artiste peintre Yang Taiyang, le collectionneur de tambours de bronze Wei Wanyi et le biologiste environnemental Pan Wenshi, qui ont tous entre 70 et 101 ans. Y aura-t-il une relève lorsqu'ils auront disparu ? Les cultures ethniques pourraient devenir une importante source de tourisme et de croissance économique. Bien que les Zhuang, les Dong, les Yao et tant d'autres n'aient pas d'écriture propre, ils ont une histoire, des légendes, des croyances, des traditions qu'il ne faut pas laisser mourir. Enseignée à l'école et cueillie sur les lèvres des conteurs populaires, la culture populaire a droit à une place.

Les transports ont énormément progressé dans la région autonome. Le long des autoroutes des aires de service ont été aménagées comprenant une station d'essence, un dépanneur alimentaire, des toilettes spacieuses, nombreuses et très propres, de l'équipement d'exercice physique qui permet aux chauffeurs et à leurs passagers de se délier les muscles avant de reprendre la route. Une voiture accidentée est exposée et des conseils de prudence l'entourent. Ailleurs, une banderole rouge rappelle : « Attention à la pollution blanche ». En fait, le péage des autoroutes du Guangxi est peut-être élevé, mais il est compensé par le service et le magnifique sourire des préposées et préposés. Dans la vague des Jeux olympiques, les Chinois de la fonction publique ont été priés de sourire. On peut dire qu'au Guangxi la campagne d'accueil courtois a porté fruit.

Nanning, le chef-lieu régional, est en train de devenir la capitale commerciale du Sud. Pas son architecture en hauteur elle rappelle Shanghai et Beijing. Chaque ville est reliée à ses districts par de bonnes routes, mais pour aller d'un district à un autre on doit souvent repasser par la ville. Mais Rome ne s'est pas faite en un jour, n'est-ce pas ? Par ailleurs – et cela est de la plus haute importance –, les ethnies qui vivent dans les montagnes ne sont plus isolées… ou presque.