Comment Tongren a changé ma vie
(Lisa Carducci)
La dernière étape de mon voyage aura une influence particulière sur ma vie. Dans le district autonome tibétain de Tongren, je revois Rinchenshanggya que j'avais connu en 2003, alors qu'il était encore à l'université des Ethnies du Qinghai. Après avoir obtenu son diplôme, et comme il ne trouvait pas de travail, il est retourné dans son village natal où, pendant deux ans, il a survécu en aidant les moines des célèbres monastères de Wutun shang (haut) et Wutun xia (bas) à vendre les tankas peints ou brodés qu'ils exécutent avec une patience infinie et un art raffiné.
Or, en avril 2008, Rinchenshanggya m'a téléphoné pour m'annoncer qu'il venait d'être engagé comme enseignant suppléant, pour un salaire d'environ 500 yuans par mois. J'avais hâte de l'entendre me raconter son expérience. C'est ainsi qu'à force de questions, j'ai fini par savoir que l'école est située à 3 500 m d'altitude, que l'hiver, la température atteint -20 à -30 degrés Celsius, que les murs ne sont pas isolés, que les petits poêles de fonte dans les classes ne servent pas à grand-chose puisqu'il n'y a pas de route qui permette de livrer du charbon au sommet de la montagne. De toute façon, le budget ne suffit pas à couvrir l'achat et le transport. Seule une motocyclette peut monter, à condition qu'il ne pleuve ni ne neige. Pour parcourir les 70 km entre le district et l'école, il faut trois heures. Les quinze enseignants se déplacent en moto. Maitres et enfants, dont plusieurs orphelins, demeurent à l'école pendant dix jours et nuits, puis ont un congé de quatre jours. Si le jour ils jouissent du soleil radieux, dès la fin de l'après-midi, l'hiver, et toute la nuit, ils gèlent. C'était suffisant...
Si au moins ces enfants étaient bien vêtus et mangeaient suffisamment! Certains portent des sandales, d'autres sont sans chaussettes. La peau de leurs joues et de leurs mains est craquelée par le froid et d'un rouge violacé. Je passe sous silence toutes les solutions que j'ai suggérées. On y avait songé bien avant moi et toutes étaient irréalisables. En fait, ce district scolaire comprend quatre écoles primaires de montagne, entre 3 310 et 3 750 mètres d'altitude, pour un total de 629 élèves. Ce n'est pas parce que la misère existe aussi ailleurs qu'on a le droit de ne rien faire, me disais-je. De retour à Beijing, j'ai immédiatement mis en marche une campagne de recrutement de fonds et de vêtements chauds. Quarante-sept énormes sacs postaux sont parvenus et ont été distribués aux élèves et aux familles. Chaque enfant a reçu une paire de chaussures chaudes achetées en gros et postées. Des dons sont arrivés de partout au pays et même de l'étranger. Toutefois, il ne reste pas suffisamment de fonds pour les projets de 2009, que voici.
Outre le tibétain, langue maternelle, le chinois comme langue nationale et l'anglais comme langue étrangère sont enseignés, mais avec de bien piètres résultats car les enfants n'ont jamais l'occasion d'entendre ces langues sauf pendant les cours, de la bouche de leur professeur… tibétain. Je suis donc en train de sélectionner et former huit jeunes adultes chinois qui iront (deux dans chacune des quatre écoles) « Vivre en chinois », c'est-à-dire passer 24 heures par jour avec les enfants pendant quinze jours. En plus d'aider l'enseignant de chinois et de corriger la prononciation des enfants comme des enseignants – heureux de bénéficier de cette initiative – ils joueront avec les jeunes, prendront leurs repas avec eux, parlant constamment et uniquement chinois. Après deux semaines d'« immersion intensive », les enfants auront la langue déliée. L'autre projet consiste à fournir à mille nouveaux inscrits en première année en 2009 un ensemble de vêtements d'hiver et chaussures, du matériel scolaire de base ainsi qu'un nécessaire d'hygiène personnelle. Le but est de rendre l'école attrayante et de diminuer le nombre d'enfants qui ne fréquentent pas. Ce second projet requiert des fonds importants tandis que le premier est une œuvre de bénévolat et ne requiert que 8 000 pour le train.
Si votre cœur généreux vous porte à faire un don, veuillez communiquer à : lisaceleste@163.com. Je m'engage à disposer des sommes reçues uniquement en faveur des enfants tibétains du Qinghai. Je vous remercie très sincèrement au nom de l'Humanité, et le Ciel se chargera de bénir votre bonne volonté.