(Lisa Carducci)
En 2003, j'écrivais : « Il ne faut plus que 28 heures pour parvenir de Beijing à Xining en train. » Cinq ans plus tard il n'en fallait plus que 21, et en avion, deux heures et demie. La partie la plus peuplée de la province, l'est, est constituée d'un haut plateau de 2 500 à 3 000 m d'altitude parsemé de montagnes dont les sommets atteignent 5 000 m. C'est aussi dans cette province que se trouve la source du Huanghe (fleuve Jaune, le « fleuve-mère » des Chinois) qui traverse le pays d'ouest en est pour se jeter dans la mer Bohai au Shandong. Ce fleuve qui, à plusieurs endroits, est presque à sec ou est entièrement jaune à cause du sable qui l'encombre, présente une des images les plus magnifiques à une heure de route du district de Tongren, au sud de la capitale provinciale. Sur mon parcours, à la fin d'août dernier, j'ai admiré des montagnes de terre rouge, de lœss ocre, parsemées de jeunes arbres qui semblent avoir été jetés là du haut du ciel, ou couvertes d'une épaisse végétation que broutent chèvres, moutons et yacks. Ce sont dans bien des cas des endroits reboisés, car on met actuellement l'accent sur la protection environnementale.
Images des plus magnifiques (photo de Lisa Carducci)
La population (un peu plus de 5 millions) se compose de Han concentrés à Xining et autour, et presque la moitié du total est constituée de Tibétains (bouddhistes) et de Hui et Salar (musulmans), qui vivent dans des districts et préfectures autonomes.
Bien que le chemin de fer qui traverse Xining et Golmud, loin à l'ouest, parvienne depuis juillet 2006 à Lhassa au Tibet, le Qinghai demeure une des provinces les plus pauvres de la Chine. Le chômage y est élevé, l'industrie presque inexistante; la plupart des habitants sont agriculteurs ou éleveurs. Pourtant, les terres sont grasses et généreuses, sous un ciel d'un azur pur où aucune pollution ne fait obstacle aux rayons ardents du soleil et piqué d'étoiles innombrables la nuit, mais la technologie et la science trainent de l'arrière.
Shuijingxiang dans le quartier Ximen de la capitale est des plus animés. On y trouve toutes sortes de marchandises, des objets les plus communs et ordinaires aux vêtements de luxe et de marques internationales. Le mouton grillé n'y cède pas sa place, et l'on peut aussi y déguster d'autres mets de la cuisine musulmane, ou de celle des Han, comme des spécialités du Sichuan.
À Xining, c'est le quartier de la gare que je préfère. Tout près se trouve le marché tibétain où l'on peut se procurer des bijoux, des lampes, des vestes de cuir, des vêtements typiquement tibétains, des tapis de laine, et plusieurs objets en peau de mouton.
Mosquée Dongguan (photo de Lisa Carducci)
De la gare, à une distance qui se parcourt à pied ou en autobus, il faut visiter la grande mosquée Dongguan qui date du XIVe siècle. D'une grande beauté, elle allie des éléments décoratifs de style han et tibétain à ses caractéristiques islamiques. Détruite sous l'empereur Guangxu, elle fut reconstruite en 1914 puis étendue en 1946 à ses dimensions actuelles de 22 000 m2. Sa grande salle de prière peut abriter 1 500 personnes; le vendredi, 10 000 musulmans s'y rendent, et 20 000 pour les grandes fêtes. Au cœur du quartier musulman et côtoyant le marché islamique, elle a subi quelques transformations en 1998 afin de s'adapter au développement urbain. Il n'est pas nécessaire d'être musulman, ni homme, pour la visiter. Sauf aux heures de cérémonies, on peut y entrer à condition de se déchausser et d'être vêtu modestement. Selon les règles islamiques, une femme ne doit pas entrer à la mosquée pendant sa période menstruelle, mais ce détail est laissé à la discrétion de chacune.
Au nord-ouest de la ville, on parvient en une heure de marche à Beishansi ou temple du mont du nord comme son nom l'indique, un monastère taoïste accroché à la falaise au-dessus d'un profond précipice. Là, un téléférique qui n'en finit plus de monter, nous permet d'admirer la ville à nos pieds; et justement, le temps était idéal pour ce faire.
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