Lisa Carducci
Depuis au moins sept ans que je corresponds avec le Pr. Gao Zisheng, au Yunnan. Répondant enfin à son invitation de longue date, je me suis rendue à Mengzi, à près de 300 km au sud-est de Kunming. En quelques jours, j'ai bénéficié de sa chaleureuse hospitalité, ainsi que de son épouse, Fu Chuanren, professeur de philosophie à la retraite; ensuite, j'ai profité de mon voyage pour donner une conférence à l'université Honghe, où le Pr. Gao a été le doyen fondateur de la faculté d'anglais en 1985, et enfin, j'ai visité quelques foyers d'ethnies minoritaires.
Le long de l'autoroute, des cultivateurs piquaient le riz, les pieds dans l'eau encore froide. Le mercure indiquait 20ºC ce jour-là, tandis qu'à Beijing, les nuits connaissaient encore des températures négatives.
Lacs et rivières abondent dans le sud du Yunnan; le paysage se compose de monts isolés ou en chaîne. Les cultures et les arbres déjà verts contrastaient joliment avec la terre rouge du sud du pays.
Chez ce couple cultivé, et actif malgré leur âge respectif de 80 et 73 ans, j'ai appris beaucoup. D'abord, que les « Guo qiao mixian » sont originaires de Mengzi, et non de Kunming comme je le croyais. Ces mixian ou nouilles de riz ont une légende selon laquelle une femme « traversait le pont » (c'est la signification de guo qiao) pour apporter le déjeuner à son mari qui travaillait aux champs. Mais lorsqu'elle arrivait, les nouilles étaient déjà froides. Elle aurait donc eu l'idée de couvrir le bol de minces tranches de viande pour conserver la chaleur. Le pont en question existe encore sur le magnifique Xiao Nanhu (petit lac du sud) au centre du district de Mengzi dans la préfecture autonome hani, yi et miao de Honghe.
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La préfecture a établi son gouvernement justement à Mengzi, l'un de ses treize districts : de gigantesques bâtiments en marbres divers, d'architecture harmonieuse, entourés de jardins à perte de vue, des fontaines illuminées multicolores qui dansent après le coucher du soleil, alors qu'il ne reste personne pour les admirer, une extravagance, enfin, qui a donné à l'endroit en passe de devenir une curiosité touristique, son surnom de « Maison blanche ». Édifié sur les terres agricoles de fermiers locaux, ce « palais » a suscité la colère de ces derniers, qui ont manifesté sur place.
L'université Honghe est aussi un lieu superbe dont le plan de développement est aux deux tiers achevé. Elle comporte des facultés d'anglais, de musique, d'informatique, de sports, etc., où 6 000 étudiants et un effectif de 600 professeurs et employés vivent, étudient et travaillent. On projette l'admission de 10 000 étudiants dans deux ans. Des professeurs d'anglais (langue maternelle) qualifiés et expérimentés sont demandés, et les étudiants étrangers peuvent aussi y effectuer des stages d'étude à court terme de la langue chinoise.
Mengzi a été le premier port intérieur ouvert du Yunnan. Des sculptures de rue commémorent « la première livraison postale », et la récipiendaire de la lettre représente une étrangère. On y trouve encore l'influence européenne et américaine - restaurant français, église protestante (plusieurs Chinois protestants) entre autres.
Mengzi, à 1 700 m au-dessus du niveau de la mer, est entouré de montagnes qu'on peut voir de partout vu l'absence de pollution et l'espacement des bâtiments et leur hauteur modérée. C'est un endroit de rêve vers lequel commencent à converger des habitants de grandes villes chinoises qui s'y font construire une résidence secondaire pour les vacances et la retraite. L'été, il peut faire jusqu'à 30ºC; l'hiver, et la température, généralement clémente, descend parfois à 0ºC. Les logements ne requièrent ni installations de chauffage ni d'air conditionné - une économie non négligeable. L'eau chaude à usage domestique vient des barils exposés au soleil sur les toits. La température suffit pour la douche en toute saison sauf si le ciel est nuageux quelques jours de suite. Alors, on fait chauffer de l'eau à l'intérieur. La population est de 300 000 habitants dont la moitié en « zone urbaine ».
Ce climat agréable permet des fleurs partout! Pour la variété de ses paysages et sa végétation semi-tropicale, le Yunnan est une des plus belles provinces du pays à mon avis.
Beijing Information 2005/04/19 |