Soixante ans depuis la libération pacifique du Tibet
 
 
I. La réalisation de la libération pacifique du Tibet

 

1. Le Tibet fait partie intégrante de la Chine depuis l'antiquité.

La Chine est un pays multiethnique uni, et le peuple tibétain est un membre important de la grande famille de la nation chinoise. Le territoire et l'histoire de la Chine sont les résultantes de l'ensemble de la nation chinoise ; les Tibétains, l'une des ethnies du territoire chinois dotée d'une longue histoire, ont apporté une grande contribution tant à la fondation et au développement de ce pays multiethnique uni, qu'à la formation et au développement de la nation chinoise. Selon une multitude de recherches archéologiques et scientifiques, les Tibétains maintiennent, depuis l'antiquité, des liens étroits avec les Han et les autres ethnies sœurs en matière de consanguinité, de langue et de culture ; les échanges économiques, politiques et culturels entre la région du Tibet et le reste de la Chine ne se sont jamais interrompus. Au XIIIe siècle, le gouvernement central des Yuan a mis sur pied le Shijiao Zongzhiyuan (Administration générale des affaires bouddhistes), rebaptisé en Xuanzhengyuan (Bureau de la proclamation politique), qui a été chargé d'administrer directement les affaires militaires et administratives du Tibet. C'est ainsi qu'il a incorporé officiellement la région du Tibet dans sa juridiction administrative. Par la suite, la juridiction exercée par le gouvernement central sur le Tibet s'est normalisée et s'est institutionnalisée graduellement ; elle comprenait, entre autres, le droit de prendre directement en main les organes administratifs locaux et de nommer directement les fonctionnaires locaux au Tibet. Le gouvernement central a fait stationner des troupes au Tibet, notamment pour tenir garnison aux frontières. Par ailleurs, il a recensé à maintes reprises la population tibétaine. La dynastie des Ming, en suivant la tradition des Yuan, a appliqué une politique consistant à distribuer des titres de noblesse aux dirigeants des différentes écoles religieuses influentes au Tibet et à faciliter les échanges commerciaux entre le Tibet et le reste du pays. La Cour des Qing a intensifié son administration dans la région du Tibet. L'empereur de cette dynastie a conféré, respectivement en 1653 et en 1713, une dignité au 5e dalaï-lama et au 5e panchen-lama. Depuis lors, les titres du dalaï-lama et du panchen-lama ont été officialisés, de même que leurs positions politique et religieuse au Tibet. En 1727, la Cour des Qing a installé un commissaire impérial au Tibet, chargé de contrôler l'administration locale du Tibet en tant que représentant de la Cour impériale. En 1751, la dynastie des Qing a nommé officiellement le 7e dalaï-lama pour qu'il prenne en charge le gouvernement local du Tibet. Tout en abrogeant le système d'administration par les princes du second rang, elle a mis sur pied le Kashag, gouvernement local composé de quatre ministres (Kalon). En 1793, après avoir chassé du Tibet les forces d'invasion des Gurkhas, la Cour des Qing a promulgué les célèbres Règlements en 29 articles approuvés par Sa Majesté Impériale pour l'administration du Tibet. Ces règlements ont perfectionné les nombreux systèmes relatifs à l'administration de la région du Tibet par le gouvernement central, et ont stipulé explicitement que la réincarnation des bouddhas vivants, dont le dalaï-lama, devait passer par une confirmation au moyen d'un tirage au sort effectué à l'aide d'une urne d'or et être soumis à la ratification du gouvernement central. Depuis lors, parmi les cinq dalaïlamas de la dynastie des Qing, trois ont été nommés au moyen de ce tirage au sort, et deux ont été exemptés, grâce à une ratification spéciale de l'empereur, de tirage au sort. Par ailleurs, en 1706, l'empereur des Qing a destitué Tsangyang Gyatso de son titre de 6e dalaï-lama. En 1904 et 1910, il a destitué deux fois Thubten Gyatso de son titre de 13e dalaï-lama.

La Révolution de 1911 a renversé la dynastie des Qing et a donné naissance à la République de Chine. Le 11 mars 1912, la Constitution provisoire de la République de Chine, soit la première constitution de cette république, a stipulé explicitement la souveraineté exercée par le gouvernement central sur le Tibet, a déclaré que « le Tibet fait partie intégrante de la République de Chine », et a proposé de « réunir Han, Mandchous, Mongols, Hui et Tibétains afin de former une république à cinq ethnies ». Le 17 juillet de la même année, le gouvernement de la République a mis sur pied le Bureau des affaires mongoles et tibétaines, relevant du Conseil des affaires d'Etat. En 1929, le gouvernement national de Nanjing a mis sur pied la Commission des affaires mongoles et tibétaines afin d'exercer sa juridiction administrative sur le Tibet. En 1940, il a instauré, à Lhasa, le Bureau de la Commission des affaires mongoles et tibétaines au Tibet et en a fait un organe permanent du gouvernement central au Tibet. Les faits historiques montrent que, bien que les seigneurs de la guerre se soient jetés dans la mêlée et que les troubles se soient succédé à l'époque de la République de Chine, le gouvernement central a réussi à défendre la souveraineté exercée par l'Etat sur le Tibet, malgré des conditions assez difficiles. C'est bien le cas pour Tenzin Gyatso, le 14e dalaï-lama, qui a accédé au trône après ratification spéciale du gouvernement national d'alors et non par tirage au sort à l'aide d'une urne d'or. A l'échelle internationale, aucun pays ni aucun gouvernement n'a reconnu l'indépendance du Tibet.

2. La question de la soi-disant « indépendance du Tibet » fait partie du complot des forces agressives impérialistes, désireuses de partager la Chine depuis l'époque moderne.

Après le déclenchement de la Guerre de l'Opium par les Britanniques en 1840, la Chine a progressivement été réduite à devenir une société semi-coloniale, semi-féodale. Vers la fin du XIXe siècle, les impérialistes ont déclenché une frénésie de partage de la Chine, et les forces agressives britanniques en ont profité pour mettre la main sur le Tibet. En 1888 et en 1903, les troupes britanniques ont envahi deux fois le Tibet, mais face à la résistance des militaires et civils tibétains, elles ont échoué. Voyant que l'invasion armée n'avait pas pu aboutir à leur objectif de faire du Tibet une colonie, les impérialistes ont commencé à recruter localement des séparatistes pro-impérialistes. Ils ont tramé un complot pour séparer le Tibet de la Chine et ont provoqué « l'indépendance du Tibet ». Le 31 août 1907, les empires russe et britannique ont signé l'Accord sur le Tibet. C'est la première fois dans un dossier international que la souveraineté exercée par la Chine sur le Tibet a été dénaturée pour devenir une « suzeraineté ». En 1913, l'Empire britannique a comploté la convocation de la Conférence de Simla, lors de laquelle il a incité les délégués du Tibet à lancer pour la première fois le slogan de « l'indépendance du Tibet ». Ce slogan a été réfuté sur-le-champ par les délégués du gouvernement chinois. Les délégués britanniques ont présenté alors une soidisant proposition de « compromis » dans l'intention de dénaturer la souveraineté exercée par la Chine sur le Tibet et d'en faire une « suzeraineté », de telle sorte que le Tibet, au nom de « l'autonomie », se serait dégagé de l'administration du gouvernement chinois. Cette proposition s'est heurtée à une opposition ferme du gouvernement et du peuple chinois. En juillet 1914, les délégués du gouvernement chinois ont refusé, sur ordre, de signer la Convention de Simla. Par ailleurs, ils ont déclaré qu'ils ne reconnaîtraient aucune convention ni aucun dossier de ce genre et ont présenté une note au gouvernement britannique pour faire connaître leur position. La Conférence de Simla s'est alors soldée par un échec. En 1942, le gouvernement local du Tibet, avec l'appui des délégués britanniques, a brutalement proclamé la fondation d'un « Bureau des affaires étrangères », se livrant ouvertement à des activités pour « l'indépendance du Tibet ». Face à l'opposition de toute la nation et du gouvernement national, il s'est vu dans l'obligation de rejeter sa proposition originale.

En 1947, les impérialistes britanniques ont projeté, dans les coulisses, d'inviter le Tibet à envoyer des délégués à la « Conférence panasiatique ». Sur la carte de l'Asie et parmi les drapeaux des pays participants suspendus sur le lieu de réunion, le Tibet était considéré comme un pays indépendant. Après une démarche officielle de la délégation chinoise, l'organisateur de la conférence s'est vu dans l'obligation de corriger cette faute. Le 8 juillet 1949, le gouvernement local du Tibet, sous prétexte « d'empêcher le Parti communiste d'occuper le Tibet », a donné l'ordre de chasser du Tibet le personnel du Bureau du gouvernement national au Tibet ainsi que d'autres personnes concernées, provoquant ainsi « l'incident de la chasse aux Han ». En novembre 1949, le gouvernement local du Tibet a décidé d'envoyer une soi-disant « mission de bonne volonté » pour effectuer une visite aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Inde, au Népal et dans d'autres pays, afin de rechercher un appui politique et une aide militaire en faveur de « l'indépendance du Tibet » et d'intensifier ses activités séparatistes. Vers la fin de l'année 1949, un Américain du nom de Raul Thomas, surnommé « Le commentateur de radio », a envisagé de trouver au Tibet « les aides que Washington pourraient y apporter », et a déclaré dans la presse américaine que « les Etats-Unis sont prêts à reconnaître le Tibet comme un pays indépendant et libre ». Pendant la première moitié de 1950, un contingent d'armes et de munitions américaines est entré au Tibet via Calcutta pour permettre la résistance contre l'entrée au Tibet de l'Armée populaire de Libération (APL) de Chine.

Les faits historiques ont prouvé clairement que la soi-disant « indépendance du Tibet » était une pure fabrication des anciens et nouveaux agresseurs impérialistes, et qu'elle faisait partie du complot des forces agressives occidentales visant à partager le territoire chinois.

3. La libération du Tibet fait partie intégrante de l'émancipation du peuple chinois.

Face à l'agression et à l'oppression impérialistes, les différentes ethnies de la nation chinoise, Tibétains inclus, en vue de défendre l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale du pays et de réaliser l'émancipation de la nation chinoise, n'ont pas hésité à sacrifier leur vie et à verser leur sang dans un combat ferme sur plus d'un siècle. C'est sous la direction du Parti communiste chinois et à l'issue d'une lutte ardue que l'émancipation du peuple chinois a pu remporter une victoire complète. En 1949, la Guerre de libération populaire a remporté une victoire décisive, et la République populaire de Chine a été proclamée. L'entrée de l'APL au Tibet, la libération du Tibet et l'expulsion des forces impérialistes de la région ont alors été mises à l'ordre du jour.

Face aux activités intenses pour « l'indépendance du Tibet » projetées par les impérialistes et les forces réactionnaires des couches supérieures tibétaines, le Parti communiste chinois a autorisé, le 2 septembre 1949, l'agence de presse Xinhua (Chine nouvelle) à publier un éditorial intitulé « Nous ne permettrons jamais aux agresseurs étrangers d'annexer le Tibet, territoire chinois ». Après avoir résumé le processus d'agression du Tibet par les puissances étrangères sur un siècle, l'éditorial a indiqué : « Le Tibet faisant partie du territoire chinois, aucune agression étrangère n'y sera admise, et le peuple tibétain faisant partie intégrante du peuple chinois, aucune tentative étrangère de le séparer du peuple chinois ne sera tolérée. Il s'agit d'un principe ferme partagé par le peuple chinois, le Parti communiste chinois et l'Armée populaire de Libération de Chine ». Cet éditorial une fois publié, les différents milieux du Tibet y ont répondu à qui mieux mieux et l'ont soutenu, dans l'espoir que l'APL entrerait au Tibet dans les plus brefs délais. Le 1er octobre 1949, le 10e panchen-lama a expédié un télégramme au gouvernement central disant : « Prière d'envoyer rapidement une armée justicière pour libérer le Tibet et en expulser les forces impérialistes ». Le 23 novembre, Mao Zedong et Zhu De ont envoyé le télégramme de réponse suivant au 10e panchen-lama : « Le gouvernement populaire central et l'Armée populaire de Libération de Chine seront en mesure de répondre à l'aspiration du peuple tibétain ». Le 2 décembre, Reting Yeshe Tsultrim, garde du corps de l'ancien régent du Tibet et 5e Reting Rinpoché, s'est rendu à Xining, dans la province du Qinghai, où il a dénoncé, auprès de l'Armée populaire de Libération, les crimes commis par les impérialistes et ayant miné l'unité au sein du Tibet. Il a prié cette armée d'aller rapidement libérer le Tibet. Début 1950, une centaine de personnes, regroupant paysans et pasteurs, jeunes, femmes et démocrates tibétains, se sont réunies dans la ville de Lanzhou, qui venait alors d'être libérée, pour revendiquer la libération du Tibet. Les représentants respectivement envoyés par le 5e bouddha vivant Gedar du monastère de Beri à Garze, province du Xikang, par Shaka Tobden, chef de tribu de la région Yilong dans le nord du Xikang, et par Pangda Dorje, gros commerçant dans le sud du Xikang, se sont rendus à Beijing pour saluer Mao Zedong, président du gouvernement populaire central, et pour lui parler sans retenue du vif désir des compatriotes tibétains de se faire émanciper.

En vue d'affronter les changements complexes de la situation internationale et la situation critique de la région du Tibet et en vue de répondre à l'aspiration du peuple tibétain à son émancipation dans les plus brefs délais, le président Mao Zedong a écrit une lettre au Comité central du Parti communiste chinois en décembre 1949 à Manzhouli, en route pour une visite en URSS. Dans cette lettre, il a pris la décision stratégique de « marcher vers le Tibet aussi tôt que possible ».

Au cours de la préparation et de l'étude de la libération du Tibet, le Parti communiste chinois a pris conscience que le Tibet était une région spéciale peuplée d'ethnies minoritaires. En vue de faciliter la marche favorable de l'Armée populaire de Libération, la défense des intérêts du peuple tibétain et le renforcement de l'unité des ethnies, il a opté pour une libération pacifique. En mars 1949, alors que la Guerre de libération populaire était sur le point de triompher complètement, le président Mao Zedong a indiqué que la possibilité de libérer pacifiquement les régions à libérer selon « le modèle de Beiping » s'accroissait. Par la suite, le Hunan, le Ningxia ainsi que le Xinjiang, le Yunnan et le Xikang, tous voisins du Tibet, ont été successivement libérés de manière pacifique, servant ainsi de référence à la libération pacifique du Tibet. Le 20 janvier 1950, face à la soi-disant « mission de bonne volonté » envoyée par le gouvernement local du Tibet, le président Mao Zedong a autorisé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du gouvernement populaire central à faire une déclaration en ces termes : « La revendication du peuple tibétain consiste en une autonomie régionale appropriée, sous la direction unie du gouvernement populaire central. Si l'autorité de Lhasa, en partant de ce principe, envoyait des délégués à Beijing pour négocier la question de la libération pacifique du Tibet, ces délégués seraient naturellement accueillis ».

Dans le but d'une libération pacifique du Tibet, le gouvernement populaire central a organisé et développé énormément d'activités politiques. En 1950, le Bureau du Sud-Ouest et le Bureau du Nord-Ouest du Comité central du Parti communiste chinois ont envoyé quatre fois de suite des représentants ou des délégations au Tibet afin d'exhorter à faire la paix, tout en espérant que le 14e dalaï-lama et le gouvernement local du Tibet pourraient envoyer des représentants négocier les mesures concernant la libération pacifique du Tibet avec le gouvernement populaire central. Le 1er février, le Bureau du Nord-Ouest du Comité centrale du PCC a envoyé Zhang Jingcheng, un cadre d'ethnie tibétaine, prendre contact avec le gouvernement local du Tibet. Celui-ci est alors parti avec une lettre de Liao Hansheng, vice-président du gouvernement populaire provincial du Qinghai, adressée au 14e dalaï-lama et au régent Taktra Ngawang Sungrab. Vers la fin du mois de mars, avec l'approbation du Comité central du PCC, le maître Zhiqing, moine éminent d'ethnie han, qui maintenait de bonnes relations avec les milieux politiques et religieux tibétains, a été envoyé de Chengdu au Tibet par le Bureau du Sud-Ouest du Comité central du PCC. En juillet, une délégation chargée de servir d'intermédiaire pour la paix au Tibet, composée de personnalités monastiques de la province du Qinghai et dirigée par Taktser Rinpoché du monastère de Kumbum, est partie de Xining. Sherab Gyatso, vice-président du gouvernement populaire provincial du Qinghai et grand savant issu de l'ethnie tibétaine, a prononcé une allocution radiodiffusée à l'adresse du dalaï-lama et des compatriotes tibétains, dans laquelle il a appelé le gouvernement local du Tibet à « envoyer rapidement un représentant plénipotentiaire à Beijing pour procéder à une négociation pacifique ». Le 10 juillet, un groupe de dix personnes, dont le 5e bouddha vivant Gedar du monastère de Beri à Garze, province du Xikang, sont parties pour le Tibet afin d'y exhorter à faire la paix. Or, cette série d'activités de réconciliation et d'incitation à la négociation ont été partout contrecarrées par les forces agressives impérialistes et les sécessionnistes pro-impérialistes du Tibet. Les réconciliateurs ont été expulsés ou mis en résidence surveillée ; certaines délégations ont été décomposées, et le 5e bouddha vivant Gedar est mort empoisonné à Qamdo.

En même temps, le gouvernement local du Tibet, sur l'instigation des forces agressives impérialistes et sous le contrôle des sécessionnistes pro-impérialistes des couches supérieures du Tibet, a cherché par tous les moyens à augmenter les effectifs de l'armée tibétaine, dont il a déployé sept régiments dans les régions situées autour de Qamdo, le long de la rive ouest du fleuve Jinsha, afin d'empêcher l'APL d'avancer vers le Tibet pour le libérer. Si l'on veut entrer au Tibet par le sud-ouest, Qamdo est en effet incontournable. Le 23 août 1950, Mao Zedong a fait remarquer que l'occupation de Qamdo « sera favorable à la lutte pour les changements politiques au Tibet et à la marche vers Lhasa l'année prochaine », et qu'elle « pourra inciter la délégation tibétaine à venir négocier à Beijing afin de trouver une solution pacifique ». A compter du 6 octobre, les troupes de l'APL, prêtes à entrer au Tibet, ont traversé le fleuve Jinsha respectivement par le nord et par le sud, afin d'accomplir les opérations de libération de Qamdo. Le 19 octobre, Qamdo a été libéré. Sur cette base, la première assemblée populaire de la région de Qamdo a eu lieu, suivie par l'élection du Comité de libération populaire, tandis que le Comité de travail des ecclésiastiques et des laïques de la région de Qamdo a été mis sur pied et chargé de la lutte pour la libération pacifique du Tibet. La bataille de Qamdo a ouvert la porte aux pourparlers de paix et a créé des conditions nécessaires et favorables à la libération pacifique du Tibet.

4. La signature de l'Accord en 17 articles et la réalisation de la libération pacifique du Tibet

Le gouvernement populaire central et le président Mao Zedong n'ont jamais renoncé à leurs efforts pour la libération pacifique du Tibet. Au cours de la bataille de Qamdo, ils ont encore pressé la délégation tibétaine de se rendre rapidement à Beijing. La bataille de Qamdo a provoqué la division du gouvernement local du Tibet, de sorte que les forces patriotiques et progressistes l'ont emporté. Le régent Taktra Ngawang Sungrab, pro-impérialiste et partisan de la séparation, a été obligé de quitter le pouvoir, et le 14e dalaï-lama a pris précocement la tête du Tibet le 17 novembre. La situation politique a donc évolué vers la libération pacifique du Tibet.

Le 2 janvier 1951, le 14e dalaï-lama s'est installé à Yadong, au Tibet : il y a adopté l'attentisme vis à vis du gouvernement central d'une part, et d'autre part, il a demandé l'aide du Royaume-Uni, des Etats-Unis, de l'Inde, du Népal et d'autres pays dans l'intention de s'enfuir à l'étranger. Cependant, aucun pays n'a voulu soutenir ouvertement « l'indépendance du Tibet ». Le gouvernement local du Tibet s'est alors divisé en deux parties : le Kashag de Lhasa et le Kashag provisoire de Yadong. Par la suite, la « Réunion des officiers » du gouvernement local tibétain a abouti sur l'envoi de leurs délégués à Beijing pour entamer des négociations de paix avec le gouvernement populaire central. Dans sa lettre au gouvernement populaire central exprimant sa volonté d'entamer des négociations de paix, le dalaï-lama écrit : « Du temps de ma jeunesse, alors que je n'avais pas encore le pouvoir entre mes mains, la relation entre les Tibétains et les Han a maintes fois été sabotée. Récemment, j'ai prévenu Ngapoi Ngawang Jigmei et ses attachés qu'ils devaient se mettre immédiatement en route pour Beijing. Afin de gagner du temps, je vais envoyer deux assistants de plus à Ngapoi Ngawang Jigmei, qui se rendront à Beijing en passant par l'Inde. » Inspiré par la politique de l'égalité ethnique et le principe de libération pacifique du Tibet du gouvernement populaire central, le gouvernement local du Tibet a envoyé la délégation plénipotentiaire afin d'entamer des négociations de paix avec le gouvernement populaire central. La délégation, avec pour délégué en chef Ngapoi Ngawang Jigmei, comprenait les délégués suivants : Kemai Soinam Wangdui, Tubdain Daindar, Tubdain Legmoin et Sampo Dainzin Tomzhub. Elle s'est mise en route en empruntant deux chemins. A son arrivée à Beijing le 27 avril 1951, elle a été bien accueillie par le gouvernement populaire central. Ce dernier n'a pas tardé à former une délégation de négociations composée du délégué en chef plénipotentiaire, Li Weihan, et d'autres délégués plénipotentiaires : Zhang Jingwu, Zhang Guohua et Sun Zhiyuan. Après des négociations cordiales, le gouvernement populaire central et le gouvernement local du Tibet ont signé, à Beijing le 23 mai 1951, l'Accord sur les méthodes concernant la libération pacifique du Tibet.

En ce qui concerne les négociations de paix entre le gouvernement populaire central et le gouvernement local du Tibet et la signature de l'Accord en 17 articles, il faut souligner les faits historiques essentiels suivants :

Premièrement, les négociations de paix ont pour condition préalable la reconnaissance du Tibet en tant que partie indissociable de la Chine par le gouvernement local du Tibet. Lors de l'envoi de la délégation de négociations, le 14e dalaï-lama et le gouvernement local du Tibet ont octroyé un certificat plénipotentiaire tamponné à tous les délégués. A l'extérieur du certificat étaient marqués le nom et le titre des cinq délégués plénipotentiaires et à l'intérieur, se trouvait une reconnaissance du Tibet en tant que partie du territoire chinois. Les négociations avaient pour but principal de renforcer la solidarité ethnique et de défendre l'unité de la patrie. A ce sujet, « les délégués des deux parties se sont mis d'accord », a indiqué Ngapoi Ngawang Jigmei en évoquant le sujet.

Deuxièmement, les Dix principes du gouvernement populaire central sur la libération pacifique du Tibet sont la base des négociations. Les Dix principes s'interprètent comme suit : expulser du Tibet les forces agressives impérialistes britanniques et américaines, y appliquer l'autonomie régionale ethnique, conserver tous les systèmes politiques locaux en vigueur, garantir la liberté de croyance religieuse, développer l'économie, la culture et l'éducation, régler toutes les réformes par voie de négociations entre le peuple tibétain et ses dirigeants, faire entrer au Tibet l'Armée populaire de Libération. Au début des négociations, les délégués du gouvernement local du Tibet ont refusé l'entrée de l'APL au Tibet citée dans les Dix principes. A cette époque, les délégués du gouvernement populaire central n'ont pas cherché à l'imposer aux délégués du gouvernement local du Tibet mais ont proposé de suspendre la séance pendant deux jours ; ils ont organisé des visites pour les délégués du gouvernement local du Tibet tout en cherchant à les persuader avec patience qu'il n'y avait pas raison d'empêcher l'entrée de l'APL au Tibet une fois qu'il aurait été reconnu comme partie intégrante de la Chine. Parallèlement, en prenant en considération le souci des délégués tibétains selon lequel le Tibet, retardataire en économie et pauvre en ressources, n'était pas en mesure de nourrir l'Armée populaire de Libération, le gouvernement populaire central s'est rapidement engagé à payer toutes les dépenses de l'APL, une fois celle-ci entrée au Tibet. Les deux parties se sont alors mises d'accord sur l'assistance du gouvernement local du Tibet à l'entrée de l'APL au Tibet pour y renforcer la défense nationale.

Troisièmement, le règlement du problème de la solidarité entre le dalaï-lama et le panchen-lama est indispensable aux négociations. Sous l'instigation des forces agressives impérialistes, le 9e panchen-lama, brouillé avec le 13e dalaï-lama au début des années 1920, s'est vu obligé de quitter le Tibet et de rejoindre l'intérieur du pays ; il est ensuite décédé à Yushu dans la province du Qinghai, sur le chemin du retour vers le Tibet, en décembre 1937. Le 10 août 1949, avec la ratification du gouvernement national, le 10e panchen-lama a succédé sur le trône dans le monastère de Kumbum, au Qinghai. Au début des négociations, la délégation du gouvernement local du Tibet n'avait pas encore reconnu le statut légal du 10e panchen-lama. La délégation de négociations du gouvernement populaire central lui a alors montré tous les documents officiels sur la reconnaissance du 10e panchenlama en tant que réincarnation du 9e panchen-lama ainsi que les photos concernant l'intronisation du 10e panchenlama, à laquelle ont assisté les délégués du dalaï-lama. Devant ces preuves incontestables, la délégation du gouvernement local du Tibet a fini par reconnaître le statut légal du 10e panchen-lama. Les négociations se sont déroulées au moment de la célébration de la fête internationale du Travail. Le gouvernement populaire central a invité la délégation de négociations du gouvernement local du Tibet et le 10e panchen-lama à monter dans les tribunes de la porte Tian'anmen pour assister à la cérémonie de célébration. Ngapoi Ngawang Jigmei et le 10e panchen-lama ont été reçus par Mao Zedong, avec lequel ils ont eu un entretien cordial.

Quatrièmement, cet Accord a été conclu sur la base du respect mutuel et des négociations cordiales. La plupart des articles de l'Accord touchent au règlement des relations internes et aux affaires internes du Tibet. Là-dessus, les délégués plénipotentiaires du gouvernement populaire central ont pris l'initiative d'avancer une série de propositions en fonction de la politique ethnique du gouvernement populaire central et de la réalité tibétaine. La délégation du gouvernement local du Tibet a également avancé quelques propositions. Le gouvernement populaire central a adopté celles qu'il jugeait raisonnables après étude de l'ensemble de leurs propositions et a justifié posément son opinion sur les irraisonnables. L'un des délégués tibétains, Tubdain Daindar, a avoué, selon sa propre expérience : « en tant qu'officier ecclésiastique envoyé par le Secrétariat, j'ai fait de nombreuses propositions sur la croyance religieuse et les recettes des lamaseries au cours des négociations, le gouvernement central a d'ailleurs adopté la plupart d'entre elles ». Tout au début des négociations, l'Accord était écrit en chinois et en tibétain, et chaque modification a été apportée simultanément aux deux versions avec l'approbation de la délégation de négociations du gouvernement local du Tibet. A la fin des négociations, les deux versions de l'Accord ont été publiées après signature de ce dernier.

Tous les délégués de la délégation tibétaine, en qualité de délégués plénipotentiaires, ont convenu d'adopter le principe de travail suivant avant les négociations officielles : « Des décisions seront immédiatement prises concernant les problèmes qui peuvent être réglés personnellement ; les problèmes pour lesquels on ne peut pas trancher devront être rapportés à Yadong » ; lorsqu'il s'avère impossible de demander des instructions, « des décisions seront prises à l'avance puis rapportées au dalaï-lama ». La communication entre la délégation tibétaine d'une part et le dalaï-lama et le Kashag d'autre part, a toujours été fluide. Les questions nécessitant la demande d'une instruction étaient déterminées par négociations internes au sein de la délégation tibétaine. Peu après le commencement des négociations, concernant l'entrée de l'APL au Tibet, les délégués tibétains ont envoyé, à l'aide d'une machine de chiffrage rapportée par Kemai Soinam Wangdui et Tubdain Daindar, un télégramme à l'adresse du dalaï-lama et du Kashag, disant que, sans d'autres problèmes majeurs, les négociations risquaient de tourner court si l'entrée au Tibet de l'APL n'était pas autorisée en réponse aux besoins de défense des territoires. Entre temps, ils avaient déjà pris deux fois contact avec le Kashag à Yadong, au sujet de la relation avec le panchenlama. Pendant une vingtaine de jours de négociations, malgré les disputes et les désaccords entre les deux parties sur certains problèmes, les négociations se sont toujours déroulées dans un climat cordial et ont débouché sur un accord concernant la libération pacifique du Tibet. Lors de la cérémonie de signature de cet Accord, les délégués des deux parties ont signé le texte de l'Accord et y ont apposé leur sceau personnel avec solennité.

Pour assurer l'application de l'Accord, le gouvernement populaire central et le gouvernement local du Tibet ont signé, au cours des négociations, deux annexes à cet Accord. La première annexe concerne les Règlements sur l'entrée au Tibet de l'APL. A ce sujet, lors des négociations, les délégués plénipotentiaires du gouvernement local du Tibet ont parlé de problèmes concrets portant sur la quantité des troupes ainsi que la disposition des troupes en garnison et leur approvisionnement. Etant donné le caractère confidentiel de ces informations militaires, elles ne devaient pas être précisées dans l'Accord publié, d'où la signature d'une annexe. L'autre annexe concerne la Déclaration sur l'application de l'Accord sur les méthodes concernant la libération pacifique du Tibet par le gouvernement local du Tibet. Si le dalaï-lama reconnaissait l'Accord et qu'il retournait à Lhasa, le Tibet serait naturellement et pacifiquement libéré. Mais s'il ne pouvait retourner à Lhasa pour une raison quelconque, la délégation de négociations du gouvernement local du Tibet souhaitait que le gouvernement populaire central permette au dalaï-lama de choisir son lieu de résidence pendant la première année d'application de l'Accord et qu'il puisse retrouver son statut et son pouvoir inchangés dès son retour à ses fonctions dans le délai prévu. Le gouvernement populaire central, bien que d'accord sur ce point, n'a pas souhaité qu'il soit précisé dans l'Accord, car cela risquait de susciter de drôles d'idées. Les deux parties se sont mises d'accord pour prendre des précautions contre tout contretemps éventuel, d'où la signature de cette deuxième annexe. Ces deux annexes sont à la fois les règles d'application de l'Accord et les articles complémentaires de ce dernier.

Cinquièmement, l'Accord a été salué par le dalaïlama et le peuple tibétain, y compris les couches religieuses et laïques. Après le retour de Ngapoi Ngawang Jigmei de Beijing à Lhasa, le gouvernement local du Tibet a convoqué, du 26 au 29 septembre, une « Réunion des officiers », à laquelle ont participé 300 personnes, notamment l'ensemble des officiers religieux et laïques, les Khenpo des trois grandes lamaseries et les officiers militaires détenant un grade supérieur à celui du chef de compagnie ; cette réunion a débouché sur une pétition destinée au dalaï-lama : « L'Accord en 17 articles, qui profitera incomparablement à la cause grandiose du dalaïlama, à la loi bouddhiste, à la politique et à l'économie au Tibet, devra être appliqué comme il faut. » Le 24 novembre, le dalaï-lama a envoyé un télégramme au président Mao Zedong pour exprimer son soutien à l'Accord. Voici le texte du télégramme : « Cette année, le gouvernement local du Tibet a envoyé cinq délégués plénipotentiaires dirigés par Ngapoi Ngawang Jigmei ; ils sont arrivés à Beijng en avril 1951 en vue des négociations de paix avec les délégués plénipotentiaires désignés par le gouvernement populaire central. Le 23 mai 1951, les délégués des deux parties ont signé, sur une base amicale, l'Accord sur les méthodes concernant la libération pacifique du Tibet. Le gouvernement local du Tibet et le peuple tibétain, couches religieuses et non religieuses y compris, se sont alors mis d'accord pour assister activement l'Armée populaire de Libération dans son entrée au Tibet, en vue de consolider la défense, d'expulser les forces impérialistes du Tibet et de défendre l'intégrité du territoire et la souveraineté de la patrie sous la direction du président Mao Zedong et du gouvernement populaire central ; je tiens à vous envoyer spécialement un télégramme pour vous tenir au courant. » Le 26 octobre, Mao Zedong a répondu au télégramme du dalaï-lama pour le remercier de ses efforts concernant l'application de l'Accord sur la libération pacifique du Tibet.

La signature de l'Accord en 17 articles, qui a marqué la réalisation de la libération pacifique du Tibet, a tourné une nouvelle page concernant le développement social au Tibet. La libération pacifique a sorti ce dernier de l'invasion des impérialistes et de leur joug politique et économique, a permis de défendre la souveraineté, l'unité et l'intégrité territoriale de la patrie, et a renforcé l'unité entre les différentes ethnies du pays et au sein du Tibet ; tout cela a jeté les bases du développement et du progrès au Tibet, ensemble avec le pays entier.

 
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