A cause de l'exploitation excessive (collection ou chasse) imposée par l'industrie des médicaments traditionnels, à base d'animaux et de plantes médicinaux, beaucoup de ceux-ci ont été inscrites sur la liste mondiale des espèces en voie de disparition. On imagine mal que la réglisse, une plante médicinale jadis omniprésente dans le nord du pays, soit actuellement quasi introuvable. Pis encore, arracher la réglisse ne fait que détruire la végétation dans les prairies et sur les pentes, provoquant la déperdition du sol et des eaux et autres problèmes écologiques.
Les fabricants de médicaments traditionnels sont les plus gros utilisateurs de ressources animales et végétales sauvages. La Chine compte 1 059 entreprises de ce type, dont les premières 50 réalisent des recettes annuelles de 24,4 milliards de yuans. Ces entreprises se trouvent pour la plupart dans les régions où existe une grande variété biologique. Dans la mise en valeur de l'Ouest, davantage de grandes usines pharmaceutiques verront le jour avec de belles perspectives de rentabilité, mais au détriment d'animaux et de plantes sauvages.
La communauté internationale se préoccupe de la situation alarmante en Chine, appelant à réexaminer le problème de l'utilisation de ressources sauvages dans la pharmacologie traditionnelle et à protéger les espèces qui sont victimes de l'exploitation excessive afin d'en éviter l'extinction. En 1993, on a enlevé, dans la liste de la Pharmacopée nationale publiée par le ministère de la Santé publique, le tigre et le rhinocéros, ainsi que l'ours, le léopard et le caret en 1995. La Pharmacopée nationale autorise actuellement le recours à 78 animaux dans la production pharmaceutique, dont 47 invertébrés et 31 vertébrés.
Grâce à la reconnaissance des médicaments traditionnels chinois sur le marché mondial et à la croissance de la demande de ceux-ci, l'industrialisation du secteur chinois de médicaments traditionnels va en profondeur et l'envergure des entreprises va s'accroissant. Du coup, la consommation de ressources sauvages connaît une flambée. Non plus comme leurs ancêtres qui consommaient une fois quelques dizaines de grammes d'une plante par décoction, les Chinois avalent souvent plusieurs médicaments par jour et en grandes quantités. Citons l'exemple de la réglisse : la Chine en consomme annuellement plus de 40 000 t, dont 85% sont d'origine sauvage. Bien que la technique de culture artificielle de la réglisse ait atteint sa maturité, il lui faut encore une période de croissance de 5 ans et son coût de production est élevé. Quant au prix d'achat de la réglisse cultivée, il est le même que celui de la plante sauvage. Il est évident que pour faire de l'argent facile, il vaut mieux aller l'arracher. Une entreprise japonaise va tout simplement en acheter auprès des pasteurs de Mongolie intérieure une fois par an, et ceux-ci, payés au prix fort, lui fournissent volontairement les meilleures plantes. Cette entreprise a produit des substances sucrées à base de 2 000 t de réglisse qu'elle avait récupérée pour une valeur équivalente à l'exportation par la Chine de 18 000 t pendant une année. Ce qui étonne, c'est que cette plante populaire et loin d'être ''précieuse'' soit en voie de disparition.
Sur 17 marchés de catégorie nationale de matériaux pour la médecine traditionnelle en Chine, la Commission d'Asie de l'Est pour le commerce et l'étude des ressources sauvages a découvert la vente illicite de matériaux pharmaceutiques faisant l'objet de la protection prioritaire de l'Etat, tels que la corne d'antilope, l'os de léopard et les écailles de pangolin. Les contrôles sur les nombreux acheteurs ruraux qui font la navette entre paysans, intermédiaires et usines pharmaceutiques laissent beaucoup à désirer.
Nombreux sont ceux qui pensent que ''comme les ressources animales et végétales sont sauvages, elles appartiennent à celui qui arrive à mettre la main dessus''. Or personne n'a le droit d'utiliser ces ressources qui sont protégées par l'Etat. Les animaux et plantes médicinaux sont aussi un ''trésor d'Etat'' qui doit être protégé par la loi.
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