La situation actuelle
Pour des raisons d'ordre objectif, la médecine et la pharmacologie tibétaines n'ont pu se développer très rapidement dans le passé. Dans la région autonome du Tibet, on ne trouvait, avant la réforme démocratique de 1959, que trois institutions officielles de médecine tibétaine, servies par quelques dizaines de personnes et destinées manifestement au service de la couche privilégiée de la noblesse. C'est grâce à l'attention et au soutien accordés par le gouvernement de la Chine nouvelle que des progrès importants ont pu se réaliser dans ce domaine.
En 1998, dans les régions à population essentiellement tibétaine du Tibet, du Qinghai, du Gansu, du Sichuan et du Yunnan, fonctionnaient 57 hôpitaux, totalisant 1 488 lits t servis par 2 308 travailleurs, dont 1 669 techniciens et 1 117 médecins et pharmaciens tibétains. À présent, la médecine et la pharmacie tibétaines, avec leurs effets thérapeutiques tout particuliers, jouent un rôle marquant dans la protection de la santé de la population tibétaine de différentes régions. Le réseau de services médicaux, centré sur Lhasa, recouvre actuellement presque toute la région autonome. Parmi les plus de 3 000 médecins de campagne, près de 45 % sont assez compétents pour guérir des maladies au moyen de la pharmacie tibétaine prescrite seule ou combinée avec des médicaments occidentaux. Aujourd'hui, dans la région autonome du Tibet, les hôpitaux de médecine tibétaine ou les sections de médecine tibétaine des hôpitaux de district constituent, avec les dispensaires ruraux, des unités de base qui offrent leurs services de médecine tibétaine aux paysans et éleveurs, donnant autant de consultations que les services de médecine occidentale du même échelon. Tout en traitant des maladies courantes et à morbidité élevée, ces unités médicales de base se chargent également de la prévention des maladies, de la planification des naissances et de la protection de la santé des femmes et des enfants.
L'enseignement de la médecine et de la pharmacologie tibétaines, qui se normalise progressivement, comprend un enseignement supérieur et secondaire, des cours de recyclage et de formation au poste de travail, complétés par un système traditionnel d'apprentissage professionnel. Depuis son ouverture officielle en 1989, l'Institut de médecine tibétaine de la région autonome du Tibet a formé pour le pays entier plus de 30 diplômés d'enseignement supérieur et de 30 à 70 diplômés d'enseignement secondaire spécialisé, devenant ainsi le principal centre de formation du personnel de médecine tibétaine. D'autres écoles de médecine de six années ont été ouvertes: École de médecine tibétaine de Bianxiong à Xigazê, École de médecine tibétaine de Songzan à Shannan, École de médecine tibétaine de Gangdisê à Ali, École de médecine tibétaine de Qamdo. L'École de médecine tibétaine du Qinghai, mise en chantier en 1987, a commencé à recruter des étudiants des cours réguliers. L'École de médecine et de pharmacologie traditionnelles chinoises de Chengdu et l'École de médecine traditionnelle chinoise du Gansu ont ouvert depuis plusieurs années des cours supérieurs spécialisés de médecine tibétaine ou des départements de médecine tibétaine.
La pharmacologie tibétaine a réalisé des progrès sans précédent, dans la production comme dans les recherches. Les travaux de réfection et d'agrandissement de la Fabrique pharmaceutique de la région autonome du Tibet grâce l'investissement de 52 millions de yuan apporté par la province du Jiangsu, ont permis à la production d'atteindre un nouveau palier. Le centre de pharmacie tibétaine du Qinghai, construit dans le cadre du 9e plan quinquennal par l'Administration nationale de médecine et de pharmacologie traditionnelles chinoises, a aussi contribué activement à élever le niveau de la recherche scientifique et de la production dans le domaine de la pharmacie tibétaine. Les hôpitaux de médecine tibétaine ou les départements spécialisés dans cette médecine sont souvent équipés d'ateliers ou de laboratoires pour produire des médicaments dont ont besoin les paysans et les éleveurs locaux.
Aujourd'hui, la médecine et la pharmacologie tibétaines sont non seulement populaires dans les régions à population tibétaine du Tibet, du Qinghai, du Sichuan, du Gansu et du Yunnan, mais elles ont encore fait un bon départ dans la capitale Beijing. En 1992, grâce au soutien accordé par différents organismes et avec la collaboration de l'Hôpital de médecine tibétaine de Shannan du Tibet, a été ouvert officiellement l' Hôpital de médecine tibétaine de Beijing, lequel a traité en sept ans quelque 300 000 malades chinois et étrangers au moyen de la médecine traditionnelle. En 1998, un plan a été dressé pour transformer l' Hôpital de médecine tibétaine de Beijing en un hôpital hautement compétent et une unité de recherche scientifique, spécialisés dans le traitement par les médecines tibétaine, chinoise et occidentale combinées.
Face au nouveau siècle
Relevant le défi lancé par le nouveau siècle dans le domaine médical, la médecine tibétaine redouble d'efforts pour se moderniser. D'après la stipulation de la Constitution de la République populaire de Chine en faveur du développement simultané de la médecine moderne et de la médecine traditionnelle chinoise, le gouvernement demande de faire des efforts pour découvrir, réviser la médecine et la pharmacologie traditionnelles, en faire le bilan, en élever le niveau et leur faire jouer pleinement leur rôle dans la protection de la santé de toutes les nationalités chinoises. En dressant le nouveau plan décennal (2001-2010), on accordera la même importance au développement de la médecine et de la pharmacologie tibétaines qu'à celui de la médecine et de la pharmacologie occidentales et chinoises (han et autres ethnies), afin qu'elles puissent progresser en étroite coordination en se complétant et en assimilant les bonnes expériences d'autrui.
Il sera mis sur pied pour la médecine et la pharmacologie tibétaines un système moderne de traitement thérapeutique, d'enseignement et de recherche scientifique qui, tout en respectant leur théorie fondamentale et leurs caractéristiques essentielles, mettra l'accent sur la nécessité de les moderniser à travers une normalisation accrue et l'introduction d'installations modernes indispensables. Des efforts seront déployés pour promouvoir les échanges entre les médecines tibétaine, chinoise et occidentale, en particulier dans le domaine de la recherche scientifique, où il sera constitué un organisme national assez compétent pour se charger des problèmes importants de la modernisation de la médecine et de la pharmacologie tibétaines.
Il faut promouvoir le développement, la production, la circulation des médicaments tibétains et procéder à des observations suivies, accélérer la transformation des résultats de la recherche scientifique en force productive, élever le niveau technique de la production et la qualité des produits, protéger et utiliser rationnellement les ressources naturelles, élargir le champ d'utilisation des médicaments tibétains dans le système d'assurance médicale.
Renforcer la publication d'ouvrages de médecine et de pharmacologie tibétaines, ainsi que le développement des services d'information, afin d'accroître la coopération et les échanges internationaux.
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