Une formule circule dans le monde du wushu (les arts martiaux chinois) : « apprendre un métier avant les rites et apprendre les valeurs morales avant les arts martiaux » . Au cours de sa longue évolution, le wushu a formé non seulement une série de théories spéciales, créé des techniques et des enchaînements de mouvements, mais aussi établi un système concernant les valeurs morales. Aux temps anciens, le wushu possédait de nombreuses écoles, mais chacune d’elles a donné la priorité au respect des valeurs morales, et celles-ci faisaient partie de l’ancien wushu.
Le wushu est utilisé pour vaincre l’ennemi. A l’origine, on pratiquait le wushu dans le but de se défendre et neutraliser l’attaque de l’adversaire, mais non de blesser ou tuer celui-ci. Le mot chinois wu a le sens de « recourir à la force pour réprimer la violence ». Le wushu de Shaolin a une expression dite « Huit conseils pour frapper et Huit conseils pour ne pas frapper », c’est-à-dire, frapper l’adversaire pour le dominer sans le blesser grièvement et ne pas atteindre ses parties vitales. L’objectif est de propager les valeurs morales et de mettre l’accent plutôt sur la défense que sur l’attaque.
Le wushu peut tuer les gens, par conséquent les maîtres du wushu ont fixé le respect des valeurs morales comme principal critère dans la sélection de leurs disciples. Sous les Ming, l’école ésotérique du wushu ne transmettait ses techniques ni aux conspirateurs, ni aux rustres, ni aux ivrognes, ni aux vantards, ni aux paresseux ; l’école de la Boxe de Grue blanche de Yongchun n’enseignait pas son art aux insolents ; l’école de l’Epée de Kunlun n’apprenait pas ses techniques à ceux qui avaient une mauvaise conduite, ni à ceux qui n’avaient pas d’attachement pour les autres, ni à ceux qui étaient incompétents dans les lettres et l’art militaire, ni à ceux qui avaient l’intention de faire fortune à l’aide du wushu, ni à ceux qui étaient très vulgaires. L’école du Taijiquan admettait comme disciples ceux qui étaient « loyaux, pieux, bienfaisants et sereins, ceux qui respectaient les commandements et ceux qui étaient fidèles toujours à leur maître ».
Aux temps anciens, le wushu insistait sur l’autodéfense, mais cela ne voulait pas dire que le pratiquant savait seulement se défendre. Inversement, les pratiquants, animés d’esprit de justice, luttaient toujours sans hésitation pour une cause juste. Voilà les bonnes qualités que les pratiquants du wushu doivent posséder. Dans l’histoire, les pratiquants suivaient une maxime dite « trois sujets qui font peur et trois sujets qui ne font pas peur ». Ici « trois sujets qui font peur » sont les personnes âgées, les enfants et les femmes avec lesquels les pratiquants du wushu ne doivent pas en venir aux mains. Quant à « trois sujets qui ne font pas peur », ce sont les personnes puissantes, robustes et fortes en art martial que les pratiquants doivent affronter.
Les personnes versées dans l’art martial doivent être courtoises envers les gens et respecter l’adversaire, ce qui exige d’elles un grande capacité à se maîtriser. Aux temps anciens, des préceptes concrets et stricts ont été formulés à ce sujet par les milieux du wushu. Par exemple, l’école de Shaolin a préconisé dix commandements en recommandant à ses disciples de faire des exercices avec constance, de ne pas se montrer belliqueux, de respecter les maîtres, de traiter avec bienveillance les personnes de la même génération, de ne pas opprimer les faibles en profitant de la puissance, de ne pas faire inconsidérément de démonstration des arts martiaux et de s’abstenir de vin, de viande et de plaisirs sexuels. L’école de la Boxe de la Grue blanche a demandé à ses disciples de suivre « cinq commandements » : s’abstenir de plaisirs sexuels, ne pas tomber dans l’ivresse, s’interdire de maltraiter les personnes âgées, les enfants et les femmes, et la voie de « quatre perfectionnements » : se perfectionner physiquement et mentalement, se comporter de façon prudente et observer les valeurs morales. On dit que le wushu est un mode de vie dans lequel les pratiquants doivent se perfectionner sur le plan moral.
Les valeurs morales préconisées par l’ancien wushu ont des aspects conservateurs, par exemple : les disciples considéraient les paroles de leur maître comme un dogme, sans oser innover ; mais cela prouve aussi les bonnes qualités de la nation chinoise qui consistent à aimer la paix, à ne pas craindre la violence, à être sévère envers soi-même et à se perfectionner mentalement par le whushu. C’est grâce à l’implantation des valeurs morales préconisées par le wushu qu’un grand nombre de héros ont pu, au moment critique de la nation chinoise, résister à l’agression étrangère en sacrifiant leur vie. Yue Fei, Qi Jiguang, les moines armés qui ont donné leur vie dans la lutte contre les pirates japonais et Huo Yuanjia sont leurs éminents représentants.
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