A moins de 5 minutes en voiture à partir de la Porte d’Aubervilliers sur le périphérique nord de Paris, on arrive dans la zone d’entrepôts de cette métropole, traversée par l’avenue Victor Hugo. Dans ce quartier, on rencontre de plus en plus de Chinois dont les boutiques se trouvent partout. Pourtant, on ne remarque aucun caractère chinois sur les enseignes. Même les noms typiquement chinois comme Dafa et Xiaofang sont en pinyin (alphabet phonétique chinois). « Ici s’est créé un groupe de commerçants chinois engagés dans l’import-export », a dit Monsieur Jiang Jingshen, président de la chambre de commerce d’import-export des Chinois en France. Cette création n’a demandé que trois ou quatre ans.
Semblables aux commerçants chinois du IIIe arrondissement de Paris, les commerçants de ce quartier sont aussi originaires de la province du Zhejiang et se sont installés dans un quartier traditionnellement juif. Ils ont encore des particularités : tandis que la création et le développement du quartier chinois du IIIe arrondissement ont nécessité une longue période, le groupe de commerçants chinois de la zone d’entrepôts d’Aubervilliers s’est constitué en quelques années ; les commerçants chinois du IIIe arrondissement dépendent du cuir, de l’habillement et de la restauration tandis que ce dernier a une sphère d’exploitation beaucoup plus large. « Les commerçants chinois de ce quartier sont pour la plupart originaires de Wenzhou, a expliqué Monsieur Jiang. Ils ne sont venus que ces deux dernières années mais se sont développés rapidement. Aujourd’hui, on y trouve 125 grossistes d’import-export qui ont créé leur propre chambre de commerce. »
Monsieur Xia Shangzhong, vice-président permanent de la chambre de commerce, connaît bien la situation de ce quartier puisqu’il est venu ici au début des années 1990. Selon lui, cet ancien quartier industriel complètement détruit pendant la Seconde Guerre mondiale est devenu une zone d’entrepôts dans les années 1950. Dix ans plus tard, les Juifs d’Afrique ont commencé à s’y installer. A ce moment-là, les prix fonciers étaient bon marché, même quelques dizaines de centimes un mètre carré. » C’est la raison pour laquelle ce quartier est devenu une base de nourriture et d’habillement de la ville de Paris. Grâce aux Juifs, ce quartier est devenu prospère.
« J’ai un pied à Wenzhou et l’autre en Europe », a dit Monsieur Xia qui avait choisi, il y a dix ans, ce quartier proche de l’aéroport où le loyer était pas cher, les communications faciles et les commerçants d’import-export nombreux. Il s’engage dans la vente en gros des lunettes vers la France et les pays limitrophes. Aujourd’hui, les 125 sociétés de vente en gros couvrent des domaines diversifiés allant de l’habillement à la coiffure, du sac au parfum, sans oublier toutes sortes de produits d’usage courant. Respectant les principes « vente en quantité à petit bénéfice » et « importance attachée à l’intérêt et à la loyauté », ils font des affaires prospères et réalisent chaque année un chiffre d’affaires considérable, ce qui a activé le marché et attiré l’attention des grossistes européens.
Les membres de la chambre de commerce des grossistes chinois espèrent que de plus en plus de commerçants chinois viendront s’installer à Aubervilliers. « Maintenant, les droits d’exploitation des boutiques commencent à augmenter, mais il n’est pas tard. Les perspectives y sont belles. » Ils souhaitent également un accès ordonné au marché. On doit savoir se sacrifier et éviter la concurrence intérieure en abaissant les prix. Pour ce, il faut diversifier les marchandises de chacun et leurs voies d’écoulement et mener à bien les études de marché.
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