La ville de Lijiang, surnommée « Shangri-La » dans la description de James Hilton, est maintenant un site touristique florissant qui a attiré 2,1 millions de touristes du pays et de l'étranger l'an dernier.
Les cafés Internet et les cafés parsèment les anciennes rues sinueuses du centre-ville, et on peut y voir un panneau indiquant que la ville figure sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO.
Toutefois, dans ses nombreux villages éloignés, les femmes enceintes pauvres n'ont pas encore un accès facile aux services médicaux.
L'an dernier, le taux de mortalité en couches a atteint 135,5 par 100 000 dans les treize communes pauvres de Lijiang, alors que le taux de mortalité infantile était de 60,3 par 1 000, selon le gouvernement local.
« Nous avons observé que la plupart des mortalités en couches à Lijiang se produisent dans les familles pauvres qui manquent d'argent pour faire voir la future mère par un médecin ou pour l'envoyer à l'hôpital », a déclaré He Daofeng, secrétaire général de la Fondation de Chine pour l'allégement de la pauvreté.
En septembre dernier, la fondation a débuté à Lijiang un projet décennal, appelé « Action 120 pour la sécurité de la mère et du bébé », et ce projet sera étendu à neuf autres districts pauvres dans certaines parties de la Chine du Centre et de l'Ouest.
Les femmes enceintes pauvres bénéficieront de subsides leur permettant de recevoir des examens prénataux, de sorte que les femmes à risques qui auront été trouvées pourront être envoyées gratuitement à l'hôpital avant d'accoucher, a déclaré Bai Zheng, directeur du projet.
Les autres femmes, qui ne devraient pas souffrir de complications durant l'accouchement, sont encouragées à donner naissance à la maison avec l'aide d'un médecin bien formé du village et, en cas d'urgence, seront envoyées à l'hôpital communal le plus près, également grâce à des subsides, a-t-il ajouté.
La fondation avait pensé mettre sur pied une équipe de premiers soins, comme celles qui existent dans les régions urbaines, mais elle a réalisé qu'il serait impossible d'envoyer une ambulance à temps en cas d'urgence dans un village isolé des grandes routes, a-t-il fait remarquer.
« Les femmes enceintes auraient toujours été retardées par les transports peu pratiques et les mauvaises conditions routières », a déclaré Zhao Shufang, un gynécologue local.
Wang Guojun, 31 ans, un Naxi, a perdu sa femme et même des enfants à la naissance. Il vit avec son père de 70 ans et sa mère de 68 ans dans un village éloigné appelé « Maonuzhai » dans la commune de Baoshan, la plus pauvre de Lijiang.
« Elle est morte dans mes bras, sans prononcer un seul mot », a dit Wang, des sanglots dans la voix. Wang porte le bracelet en or de sa femme depuis qu'elle est décédée.
La femme de Wang, Shu Jinkang, 21 ans, est morte à la maison en février 1997 en donnant naissance à un garçon, l' « ange » que le couple espérait, mais le placenta est resté à l'intérieur du corps après l'accouchement, ce qui a causé des saignements; Shu est morte trois heures plus tard.
Bien qu'une femme médecin du village eût été envoyée à la dernière minute, elle ne pouvait pas faire grand chose. Il avait fallu quatre heures et demie à un homme pour se rendre en voiture à la commune.
Shu ne serait pas morte si elle avait accouché avec l'aide d'un médecin bien formé ayant l'équipement et les médicaments adéquats, a déclaré Zhao Shufang, qui travaille à l'hôpital communal depuis onze ans.
Le garçon, leur premier enfant, est mort de pneumonie à sept mois, à cause de la malnutrition.
Comme la femme est le pilier de la famille dans l'ethnie naxi, sa mort cause non seulement un traumatisme psychologique mais aussi diminue habituellement le niveau de vie de toute la famille, a déclaré Zhang Yunping, vice-magistrat du district autonome naxi de Lijiang.
La famille de Wang gagnait environ 1 000 yuans par année lorsque la femme était vivante, mais maintenant la famille ne gagne que 600 à 700 yuans l'an.
« Si elle était avec moi et prenait soin de la famille, je pourrais trouver un travail à l'extérieur et gagner davantage d'argent pour améliorer notre vie », a dit Wang. Maintenant, il doit rester à la maison pour s'occuper de ses parents âgés.
La Chine a promis de réduire le taux de mortalité infantile à 33,5 par 1 000 et le taux de mortalité en couches à 47,4 par 1 000 d'ici la fin de l'année.
Cependant, au pays en 1998, il existait de grandes différences dans le taux de mortalité en couches, lequel variait de 12,5 par 100 000 à Shanghai à plus de 100 par 100 000 dans sept provinces de l'Ouest, dont le Yunnan, le Guizhou et le Gansu
« La grande partie du budget du gouvernement pour les services médicaux dans les régions pauvres est consacrée aux infrastructures comme les hôpitaux, mais l'incapacité à défrayer les coûts est une autre raison principale pour laquelle les personnes pauvres ne rendent pas visite au médecin , a déclaré He Daofeng, notre projet sert de complément aux efforts du gouvernement. »
Toutes les informations personnalisées sur les femmes enceintes seront contrôlées par le siège de Beijing grâce à un réseau informatique relié à l'hôpital de district de Lijiang, a-t-il dit.
La Fondation a établi un fonds d'assistance de 30 millions de yuans, trois millions de yuans pour chaque sous-projet comme celui de Lijiang.
« Nous espérons que ce fonds augmentera grâce au marketing et au support de la société, et que toutes les femmes enceintes pauvres pourront donner naissance à l'hôpital, a déclaré He Daofeng.
La Fondation de Chine pour l'allégement de la pauvreté a été fondée en 1989 et quelque 50 000 personnes pauvres ont bénéficié de son aide à chaque année.
CIIC
2000/12/08 14:35UTC
|