(le 4 novembre 2006 à Beijing)
Nous vivons aujourd'hui un jour mémorable. Dans un esprit d'amitié, de paix, de coopération et de développement, les dirigeants chinois et africains se trouvent réunis à Beijing pour évoquer leur amitié et discuter des grandes orientations pour le renforcement des relations sino-africaines ainsi que de la solidarité et de la coopération entre les pays en développement. Je tiens d'abord à exprimer, au nom du gouvernement et du peuple chinois et en mon nom personnel, mes chaleureux souhaits de bienvenue et mes sincères remerciements à tous les invités et collègues ici présents. J'aimerais également transmettre, à travers les dirigeants africains qui sont parmi nous aujourd'hui, aux peuples africains frères les salutations cordiales et les meilleurs vœux du peuple chinois.
Le Forum sur la coopération sino-africaine a été créé en octobre 2000 sur l'initiative commune de la Chine et de l'Afrique. Il s'agit là d'une action d'importance première pour approfondir l'amitié traditionnelle et renforcer la coopération sino-africaine. Durant les six années de son existence, deux conférences ministérielles ont été organisées avec succès à Beijing et à Addis-Abéba, et le Forum est ainsi devenu une plateforme importante et un mécanisme efficace pour le dialogue collectif, l'échange d'expériences en matière de gouvernance, le renforcement de la confiance mutuelle et le développement d'une coopération pragmatique entre la Chine et les pays africains.
Cette année marque le cinquantenaire de l'inauguration des relations diplomatiques entre la Chine nouvelle et les pays africains. Malgré l'éloignement géographique, l'amitié sino-africaine plonge ses racines dans la profondeur des âges et ne cesse de s'approfondir au fil des ans. Le peuple chinois et les peuples africains, persévérants et entreprenants, ont su créer, au cours de leur longue histoire, une civilisation brillante aux couleurs différentes. À l'époque contemporaine, refusant l'asservissement, ils ont lutté vaillamment et inscrit des pages glorieuses de la conquête de la liberté et de l'émancipation, de la sauvegarde de la dignité humaine, de la construction du pays et du renouveau de la nation. Le développement de la Chine et de l'Afrique ont contribué largement à la civilisation et au progrès de toute l'humanité.
Depuis un demi-siècle, les Chinois et les Africains, étroitement solidaires, voient se raffermir sans cesse leur amitié. Les échanges et la coopération sino-africains se sont développés sur tous les plans et ont donné des fruits abondants. Dans les affaires internationales, la Chine et l'Afrique se sont prêté confiance et concertées pour défendre les intérêts légitimes des pays en développement.
La Chine a été toujours et fermement avec les peuples africains au cours de leur lutte pour la libération nationale comme dans la construction de leurs pays. L'amitié qu'éprouve le peuple chinois envers les peuples africains est constante et invariable, comme le montrent les faits suivants: depuis la formation des personnels techniques jusqu'à la formation des talents africains, depuis l'aide à la construction du chemin de fer Tanzam jusqu'à la réalisation de divers projets, depuis l'envoi des équipes médicales jusqu'à l'envoi des officiers et soldats chinois pour les opérations de maintien de la paix. Le peuple chinois n'oubliera pas l'appui total des amis africains au rétablissement de la République populaire de Chine dans son siège légitime aux Nations Unies. Il n'oubliera non plus le vœu sincère des pays et peuples africains de voir se réaliser la noble cause de la réunification pacifique de la Chine ainsi que son objectif grandiose de la modernisation du pays.
Aujourd'hui, l'amitié sino-africaine s'est profondément enracinée dans les cœurs de nos peuples. Si cette amitié a résisté à l'épreuve du temps et des aléas internationaux, c'est que nous sommes de part et d'autre toujours restés fidèles, dans le développement de nos relations, aux justes principes de l'amitié sincère, du traitement d'égal à égal, du soutien mutuel et du développement commun.
– L'amitié sincère, tel est le socle solide pour le raffermissement continu de l'amitié sino-africaine. Nos deux parties sont l'une comme l'autre très attachées à notre amitié traditionnelle et travaillent de tout cœur à la renforcer.
– Le traitement d'égal à égal est la garantie sûre pour le renforcement de la confiance mutuelle sino-africaine. Nous respectons le libre choix de chacun de sa voie de développement, attachons une haute importance aux préoccupations de chacun et apprenons consciencieusement les expériences de chacun en matière de développement.
– Le soutien mutuel constitue la force motrice inépuisable de la coopération sino-africaine inscrite dans la durée. Chacune de nos deux parties souhaite ardemment et soutient sincèrement le développement et le progrès de l'autre tout en engageant une coopération tous azimuts.
– Le développement partagé est l'objectif commun poursuivi inlassablement par les peuples chinois et africains. La Chine et l'Afrique, l'une comme l'autre, sont très attachées à leur coopération mutuellement avantageuse qui devra profiter à leurs peuples.
Actuellement, la situation internationale connaît des changements aussi profonds que complexes. La paix, le développement et la coopération demeurent les grands thèmes de notre époque. La multipolarisation et la mondialisation économique gagnent en profondeur, les sciences et technologies connaissent des progrès prodigieux, la coopération régionale est en plein essor et l'interdépendance entre les pays s'accroît sans cesse. Voilà autant d'opportunités inédites de développement pour les différents pays. Mais parallèlement, la disparité de développement dans le monde, le fossé croissant entre le Nord et le Sud, l'entremêlement des menaces traditionnelles et non traditionnelles sur la sécurité et la multiplication des facteurs d'instabilité et d'incertitude pouvant compromettre la paix et le développement du monde font que les nombreux pays en développement sont confrontés à des défis sérieux dans la voie de la réalisation du développement durable.
La Chine est le plus grand pays en développement du monde, tandis que l'Afrique est le continent regroupant le plus grand nombre des pays en développement. La population totale de la Chine et de l'Afrique représente plus d'un tiers de la population mondiale. Si la Chine et l'Afrique ne connaissent pas la paix et le développement, la paix et le développement dans le monde ne seront qu'un vain mot.
Dans ce nouveau contexte, la Chine et l'Afrique voient leurs intérêts communs s'élargir, et leurs besoins mutuels s'accroître. L'établissement d'un nouveau partenariat stratégique sino-africain est à la fois une exigence intrinsèque de la coopération sino-africaine et une nécessité pour promouvoir la paix et le développement dans le monde. Que les rapports sino-africains progressent sans cesse, cela contribuera non seulement au développement et au progrès de la Chine et de l'Afrique, mais aussi au renforcement de la solidarité et de la coopération entre les pays en développement et favorisera l'instauration d'un nouvel ordre politique et économique international qui soit juste et rationnel. En vue de faire progresser encore davantage le nouveau partenariat stratégique sino-africain, la Chine est disposée à renforcer sa coopération avec les pays africains dans les domaines suivants :
Premièrement, approfondir nos relations politiques marquées par l'égalité et la confiance mutuelle. Pour ce faire, il faut prolonger l'élan des échanges de visites et des contacts de haut niveau, mettre en place un mécanisme de consultations politiques régulières de haut niveau, engager un dialogue stratégique, renforcer la confiance mutuelle sur le plan politique et raffermir notre amitié traditionnelle pour aller de l'avant dans la solidarité.
Deuxièmement, élargir la coopération économique mutuellement avantageuse. Il importe de valoriser les avantages de chacun, de resserrer les liens économiques et commerciaux, d'élargir les champs de coopération, d'encourager l'établissement des partenariats entre nos entreprises, d'élever le niveau de coopération en matière de ressources humaines et d'explorer activement de nouvelles formes de coopération pour que les fruits du développement profitent à nous tous.
Troisièmement, accroître nos échanges culturels pour faire jouer l'inspiration mutuelle. Il convient de renforcer notre dialogue intellectuel, favoriser la compréhension et l'amitié entre nos peuples, et notamment entre nos jeunes générations, intensifier les échanges et la coopération sur les plans éducatif, technico-scientifique, culturel, médical, sportif et touristique afin de donner une force morale et un appui culturel à la coopération sino-africaine.
Quatrièmement, promouvoir un développement global équilibré et harmonieux. Il est nécessaire de renforcer la coopération Sud-Sud, de promouvoir le dialogue Nord-Sud, d'appeler les pays développés à honorer leurs engagements concernant l'accès au marché, l'augmentation des aides et la réduction des dettes, de mettre en œuvre les Objectifs du Millénaire pour le Développement et de faire en sorte que la mondialisation économique contribue à la prospérité commune de tous les pays.
Cinquièmement, renforcer la coopération internationale solidaire. Il importe de défendre les buts et principes de la Charte des Nations Unis, de respecter la diversité du monde, de promouvoir la démocratisation des relations internationales, de préconiser une coopération sur la sécurité internationale caractérisée par la confiance mutuelle et le bénéfice réciproque, de renforcer les consultations et concertations, de prendre en compte les préoccupations de chacun pour faire face en commun aux menaces et aux défis sécuritaires globaux de toutes sortes.
Très attachée à ses relations d'amitié avec l'Afrique, la Chine considère depuis toujours le renforcement de la solidarité et de la coopération avec les pays africains comme une composante importante de sa politique étrangère. Elle continuera, tout comme par le passé, de soutenir les pays africains dans la mise en œuvre du NEPAD, ainsi que dans leurs efforts pour renforcer leur puissance à travers une unité accrue, assurer la paix et la stabilité sur leur continent, réaliser le redressement économique et élever leur statut sur la scène internationale.
Pour faire progresser le nouveau partenariat stratégique sino-africain et favoriser une coopération sino-africaine diversifiée, élargie et orientée vers un plus haut niveau, le gouvernement chinois envisage de prendre huit mesures suivantes :
1. Augmenter l'aide chinoise aux pays africains et la doubler en 2009 par rapport à 2006.
2. Accorder des prêts préférentiels de trois milliards de dollars US et des crédits acheteurs préférentiels à l'exportation de deux milliards de dollars US aux pays africains au cours des trois prochaines années.
3. Créer un fonds de développement sino-africain dont le capital s'élèvera progressivement à cinq milliards de dollars US pour soutenir les entreprises chinoises et les encourager à investir en Afrique.
4. Donner son aide pour la construction du Centre de conférences de l'Union africaine afin de soutenir les pays africains dans leurs efforts pour accroître leur puissance à travers une unité accrue ainsi que le processus de leur intégration.
5. Annuler les dettes gouvernementales liées aux prêts sans intérêt arrivant à échéance à la fin de 2005 des pays pauvres très endettés et des pays les moins avancés africains ayant des relations diplomatiques avec la Chine.
6. Ouvrir davantage le marché chinois aux pays africains et porter, de 190 à plus de 440, le nombre des produits bénéficiant d'un tarif douanier zéro et en provenance des pays africains les moins avancés ayant des relations diplomatiques avec la Chine.
7. Créer, au cours des trois prochaines années, trois à cinq zones de coopération économique et commerciale dans des pays africains.
8. Former, au cours des trois prochaines années, 15 000 personnes, toutes catégories confondues, pour les pays africains, envoyer 100 ingénieurs agronomes supérieurs chinois, créer 10 centres-pilotes caractéristiques des techniques agricoles, construire 30 hôpitaux, offrir à titre gratuit 300 millions de yuans RMB pour lutter contre le paludisme, notamment pour l'achat de l'artémisinine et la création de 30 centres de prévention et de traitement du paludisme, envoyer 300 jeunes volontaires chinois, aider à créer 100 écoles rurales en Afrique et porter, avant 2009, de 2 000 à 4 000 le nombre des bourses accordées par an par le gouvernement chinois aux étudiants africains.
La Chine et l'Afrique, berceaux de la civilisation humaine et terres d'espoir, sont liées étroitement par une communauté de destin et par des objectifs communs. La Chine restera pour toujours un bon ami, un bon partenaire et un bon frère de l'Afrique.
Que nous travaillions la main dans la main et œuvrions ensemble pour réaliser le développement de la Chine et de l'Afrique, assurer le bien-être du peuple chinois et des peuples africains et créer un monde harmonieux de paix durable et de prospérité partagée !
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