Xu Kuangdi a souligné récemment l'importance et l'urgence de développer en Chine l'enseignement professionnel sur un forum intitulé « Redressement de l'enseignement professionnel chinois ». Pour le vice-président de la Conférence consultative politique du peuple chinois et président de l'Académie d'Ingénierie de Chine, parmi les 70 millions d'ouvriers chinois travaillant dans l'industrie, un tiers sont des ouvriers techniques, dont 60﹪ ont suivi des études de niveau élémentaire, 36﹪, des études secondaires, et seulement 4﹪, des études de niveau supérieur.
« Dans la vie réelle, il n'est pas rare de voir des garçons qui ont de mauvais résultats en maths ou en physique, mais qui sont capables d'installer des machines compliquées. Il existe aussi des filles qui ont de piètres résultats aux examens mais qui peuvent confectionner des vêtements fins et faire des plats exquis. Ces élèves peuvent aussi contribuer à la société et ils ne doivent pas devenir les victimes d'un système qui privilégie les bons résultats aux examens », explique-t-il.
Mais cette mentalité élitiste reste encore bien ancrée chez les jeunes. « Selon une enquête récente menée par le Centre d'Etudes sur les adolescents de Chine, la plupart des jeunes ne veulent pas suivre d'enseignement professionnel. 57,4﹪ des élèves interrogés des écoles primaires et secondaires espèrent obtenir un doctorat et 54,9﹪ des parents ont le même espoir pour leurs enfants », déplore-t-il.
« C'est pourquoi plus d'élèves entrent dans les lycées ordinaires que dans les écoles professionnelles », justifie Xu Songtao, ancien vice-ministre du Personnel et directeur du Centre d'études sur le personnel qualifié de Chine tout en soulignant qu'« actuellement, un certain nombre d'élèves considèrent les écoles professionnelles comme un tremplin pour entrer dans les établissements d'enseignement supérieur ordinaires ». Mais de déplorer que même si les écoles professionnelles recrutent un nombre considérable d'élèves, peu d'entre eux mettent leurs acquis en pratique. Comme l'a révélé une ancienne étude qu'il a réalisée auparavant auprès de plusieurs écoles professionnelles : celles-ci utilisent toutes les manuels des écoles d'enseignement supérieur ordinaires et leurs élèves continuent à suivre des études universitaires une fois diplômés.
D'après Ma Shuchao, directeur de l'Institut des études sur les enseignements adulte et professionnel rattaché à l'Académie de la Science pédagogique de Shanghai, les politiques de l'éducation qui négligent la formation de personnes maîtrisant certaines techniques constituent une autre raison pour laquelle l'enseignement professionnel est si boudé.
Si l'on prend en considération par exemple la distribution des crédits publics, l'enseignement professionnel a vu sa part totale de crédits publics diminuer pendant 10 années consécutives, pour passer de 11,5 ﹪ en 1997 à 5,2﹪ en 2005. Ces chiffres reflètent la position secondaire de l'enseignement professionnel aux yeux des gouvernements de tous les échelons. En 2005, les frais d'études en moyenne des écoles professionnelles étaient 1,4 fois supérieurs à ceux des lycées ordinaires, alors que dans certains pays étrangers tels que la France, l'Allemagne et la Corée du sud, l'enseignement professionnel est gratuit pour les jeunes.
D'après M. Ma, pour développer l'enseignement professionnel, le gouvernement doit y apporter plus de fonds et réduire les frais d'études pour attirer plus de jeunes. En 2006, la municipalité de Shanghai a subventionné les écoles professionnelles et elle a exempté ou diminué les frais d'études des élèves suivant des spécialités à la mode et des familles défavorisées. Grâce à cette mesure, 16.000 des 110.000 diplômés des collèges ont choisi les écoles professionnelles pour poursuivre leurs études. Pour M.Ma, l'enseignement professionnel ne peut s'appuyer uniquement sur l'Etat. Les gouvernements de tous les échelons doivent eux aussi y attacher plus d'importance.
La Chine investira 14 milliards de yuans dans l'Education professionnelle d'ici à 2010
China.org.cn
2006/12/07 |