L'approvisionnement en énergie est un problème apparu ces dernières années dans l'économie chinoise: nombre de provinces ont connu des coupures d'électricité quelque fois de plusieurs mois par an et la hausse des prix du pétrole inquiète les chauffeurs. Les analystes évoquent régulièrement le besoin d'augmenter les importations en ressources énergétiques, d'augmenter la production énergétique et de développer les énergies renouvelables. Une autre solution serait d'économiser cette énergie.
|
La pénurie d'énergie est un problème majeur pour la Chine qui dispose de beaucoup de terres et de ressources certes, mais qui a aussi une population de 1,3 milliards d'habitants. Les ressources par personne du pays sont souvent inférieures à la moyenne mondiale: les réserves totales en ressources de la Chine classent le pays à la troisième place, mais celles par personne, au 53e rang mondial. Pour l'eau par exemple, la quantité disponible par habitant n'est que le quart de la moyenne mondiale. En 2030, elle sera de 1 700 m3 par personne, une baisse par rapport à la situation actuelle, et la Chine sera l'un des pays souffrant le plus de la pénurie d'eau.
Sur les 45 minéraux d'importance stratégique, neuf feront sérieusement défaut en 2020 et dix auront du mal à faire face à la demande. Les réserves pétrolifères exploitables en Chine ne pourront être exploitées que 14 ans encore au rythme actuel de l'extraction, selon les prévisions des experts.
Mais un bien petit effort dans l'écomonie pourrait permettre d'obtenir de grands résultats, notamment dans les régions où les ressources sont consommées à outrance.
L'efficacité de l'exploitation des ressources est encore faible en Chine: la consommation énergétique par unité dans huit secteurs industriels, dont l'acier, les produits chimiques, les matériaux de construction, est supérieure de 40 % à la moyenne internationale. Le taux de recyclage de l'eau est inférieur de 15- 25 % à celui des pays développés.
Le taux de recyclage des minéraux est inférieur de 20 % à celui à l'étranger. Les immeubles à faible consommation d'énergie en Chine ne représentent que 3,5 % des habitations du pays et la consommation énergétique en chauffage y est deux à trois fois plus élevée que dans les pays développés à climat similaire.
Aujourd'hui, l'exploitation excessive des ressources en fait baisser rapidement le niveau. Dans un tel contexte, les économies d'énergie sont non seulement souhaitables, mais aussi nécessaires.
D'abord, il faut sensibiliser l'opinion publique à l'importance des économies d'énergie. Dans la culture chinoise, l'économie est une vertu. De nombreux Chinois ont appris étant petit que le moindre grain de riz était gagné à la sueur du front des paysans, pensée datant de la dynastie des Tang (618-907). Mais l'autre point de vue de certains économistes selon lesquels la consommation, voire le gaspillage, peut stimuler la production et l'économie est plus facilement accepté par les jeunes générations.
Le gouvernement veut redonner de la vitalité à la vision traditionnelle. La presse officielle et les groupes sociaux, notamment les ONG, s'efforcent de recréer une ambiance sociale qui "préconise l'économie et condamne le gaspillage". Certains ont même proposé d'intégrer "l'édification d'une société économe" aux politiques fondamentales de développement national que sont le planning familial et la protection de l'environnement.
En juin 2004, le bureau général du Conseil des Affaires d'Etat a lancé une campagne nationale sur la préservation des ressources. Des directives officielles ont fixé pour objectif sur trois ans d'améliorer la réglementation sur les économies d'énergie, de réduire de 5 % la consommation énergétique par unité de PIB et de 10 % la consommation d'eau par unité de PIB, ainsi que d'augmenter de 5 points de pourcentage le taux de recyclage de l'eau.
Lors de la session annuelle de l'Assemblée populaire nationale en mars, le Premier-ministre chinois Wen Jiabao a appelé à appliquer six mesures pour accélérer la construction d'une société économe en ressources et respectueuse de l'environnement.
Des fonctionnaires et experts estiment que des mécanismes efficaces sont nécessaires pour s'assurer que ces efforts puissent avoir des résultats à long terme. Faute de réglementation, trop de mesures prises par le passé sont restées sans effet.
La Chine doit se doter de mécanismes adéquats pour élever les normes liées à la consommation d'énergie et en finir avec les pratiques et les équipements dépassés, estime Feng Fei, directeur du Département de Recherche sur l'Economie industrielle, rattaché au Centre de Recherche sur la Réforme du Conseil des Affaires d'Etat. Les produits à forte consommation énergétique, comme les véhicules, doivent répondre à des normes strictes avant leur entrée sur le marché, a-t-il ajouté.
Dans certains documents, le Conseil des Affaires d'Etat appelle aussi à expliciter la responsabilité des fonctionnaires dans l'utilisation de l'énergie et à considérer l'économie d'énergie comme un facteur d'évaluation des performances des fonctionnaires.
C'est la restructuration industrielle qui permettra les plus grandes économies, affirme Pan Jiazhen, pour qui la Chine doit développer le recyclage et optimiser l'utilisation des ressources.
Feng Fei a indiqué qu'il existait de graves problèmes dans la structure économique chinoise. La crise de l'énergie résulte du développement rapide de l'industrie lourde, grande consommatrice, et de la trop rapide urbanisation. La consommation d'énergie des villes est en effet 3,5 fois plus élevée que celle des campagnes.
Outre la recherche de solutions alternatives, les technologies ont un rôle à jouer dans l'économie d'énergie. Pour Hervé Machenaud, président d'EDF en Asie-Paficique, le taux d'utilisation de l'énergie houillère dans les centrales thermiques chinoises est trop bas (20 %) et seules les technologies avancées peuvent permettre de le porter à 50 %.
A de nombreuses occasions, le gouvernement chinois a soutenu le développement de nouvelles technologies, surtout celles concernant les économies de ressources et les énergies renouvelables. Il élabore actuellement des règlements préférentiels sur le plan financier pour encourager cette tendance.
Les normes techniques obligatoires sont nécessaires pour orienter le développement économique vers les économies d'énergie. En conséquence, la Chine doit se doter de normes spécifiques, notamment dans les domaines des industries lourde et automobile.
Si les véhicules roulant en Chine pouvaient être conformes à ces normes et que les transports pouvaient être optimisés d'ici à 2020, la Chine pourrait économiser 87 millions de tonnes de pétrole en 2020. C'est presque la moitié de la production pétrolière du pays.
"L'édification d'une société économe en ressources et respectueuse de l'environnement est un projet à multiples facettes et exige les efforts de la société tout entière", a indiqué Wang Ping, président du Comité national de l'Union pour les Terres, les Forêts et les Ressources en eaux de Chine.
"L'économie des ressources et la protection de l'environnement est une vaste entreprise qui fonctionne grâce à de petits détails", comme débrancher un appareil électroménager. En effet ces appareils laissés en veille sont responsables de 10 % de la consommation totale de l'électroménager en Chine.
En août 2005, une dépêche de l'Agence de Presse Xinhua informait qu'une ville du delta du Yangsté avait construit un système d'arrosage automatique fonctionnant 24h/24h pour les arbres plantés le long d'un axe parce que cette espèce, importée, ne supportait pas la chaleur.
Cet événement intervient au moment où le gouvernement central s'efforce de préconiser l'économie des ressources dans tout le pays. Un tel gaspillage a suscité une vague de critiques.
"Cette erreur de jugement du gouvernement local montre que le chemin est encore long avant que chacun, dans notre pays, considère l'économie des ressources comme une affaires sérieuse", a commenté un lecteur.
xinhuanet
2006/10/23 |