Discours de Wen Jiabao, premier ministre du Conseil des affaires d'État de la République populaire de Chine, au Sommet industriel et commercial Chine-UE, le 12 septembre 2006 à Helsinki.
Je suis très heureux de participer au Sommet industriel et commercial Chine-UE 2006 à Helsinki, une ville très belle. D'abord, je remercie beaucoup les organisateurs de la réunion de l'invitation chaleureuse et de la préparation. Aujourd'hui, près de 500 personnes des milieux industriels et commerciaux Chine-UE sont réunies ici pour discuter de coopération économique et technologique bilatérale. C'est un tableau vivant du développement du partenariat stratégique global Chine-UE.
Tout le monde s'intéresse au développement de l'économie chinoise, en particulier les perspectives du marché de la Chine. Je voudrais brosser un exposé sommaire de l'économie chinoise et vous présenter mon point de vue sur la coopération économique et commerciale.
Depuis l'application de la réforme et l'ouverture en 1978, l'économie chinoise a connu une augmentation annuelle de 9,6 %. L'an dernier, le PIB atteignait 2,23 billions de USD, se classant au quatrième rang mondial. Pendant le premier semestre de l'année, l'économie chinoise a maintenu une croissance stable et rapide, le PIB a connu une augmentation de 10,9 % par rapport à la même période de l'année dernière. Au fur et à mesure de la croissance durable et rapide de l'économie, le commerce intérieur et extérieur augmente sans cesse, l'envergure et le niveau du marché ont profondément changé. En 2005, le volume de l'import-export atteignait 1,42 billion de USD, se classant au troisième rang du monde. Le marché chinois recèle un grand potentiel et une énorme vitalité.
Le marché chinois s'ouvre de jour en jour. S'ouvrir sur l'extérieur est la politique fondamentale de la Chine. Depuis son adhésion à l'OMC, la Chine a annulé toutes les mesures non tarifaires. Les droits de douane sur les produits industriels ont diminué à 9,9 %, et la moyenne était inférieure à 5 % compte tenu du commerce de transformation, soit un niveau plus bas que celui de certains pays développés. Dans les domaines des services et du commerce, la Chine a ouvert le tourisme, les télécommunications, les transports, la comptabilité, la vérification des comptes et la législation. Le secteur bancaire s'ouvrira à la fin de l'année. La Chine a modifié la part étrangère des investissements et les restrictions à l'industrie dans les régions du centre et de l'ouest. Certains domaines se sont ouverts avant la date promise à l'OMC. La Chine a ouvert plus de l00 des 160 secteurs tertiaires de l'OMC, près du niveau des pays développés.
Le marché chinois est le plus grand marché potentiel. Pousser la croissance économique en s'appuyant sur la demande intérieure est un principe stratégique à long terme de la Chine. La Chine compte plus de 1,3 milliard d'habitants, et se trouve dans une période importante du développement rapide de l'industrialisation, de l'urbanisation et de la modernisation. Au fur et à mesure de l'augmentation du revenu des habitants urbains et ruraux et de l'amélioration de la structure de consommation, la demande du marché augmente. Le logement, la voiture, les télécommunications, le tourisme et l'éducation deviennent les points chauds de la consommation des foyers urbains et ruraux. Selon les prévisions, en 2010, la demande de voitures neuves dépassera neuf millions, et le nombre d'abonnés au téléphone mobile dépassera 600 millions.
Le marché chinois est un marché de coopération gagnant-gagnant. La Chine est non seulement un grand exportateur, mais aussi un grand importateur. Par la coopération économique et commerciale avec l'étranger, la Chine a obtenu les capitaux, les technologies et l'expérience de gestion dont elle a besoin, ce qui a permis de réajuster la structure économique. Les investisseurs étrangers ont aussi tiré de grand bénéfices de la coopération. Entre 1990 et 2005, le profit renvoyé au pays des entreprises étrangères en Chine a dépassé 280 milliards de USD. Depuis leur entrée dans le marché chinois, les investisseurs de l'UE ont gagné une position stratégique favorable dans la concurrence mondiale. La Chine est le plus grand marché d'avions de passagers d'Asie et le plus grand marché de téléphones mobiles Nokia du monde. La France est entrée dans le marché des centrales nucléaires de Chine il y a vingt ans. Plusieurs banques de Grande-Bretagne sont devenues actionnaires de la Banque du commerce de Chine. En 2005, le chiffre de vente des sociétés Philips et Siemens en Chine atteignait 10 % et 7 % de leurs affaires respectives dans le monde. La Chine et l'UE ont obtenu de brillants résultats dans les domaines de la science, de la technologie, de la culture et du tourisme.
Le marché chinois devient de plus en plus conforme aux normes. La Chine, respectant sa promesse à l'OMC, a réajusté ses lois et règlements relatifs aux étrangers. La nouvelle Loi sur le commerce extérieur est appliquée depuis deux ans, les lois et règlements relatifs à la gestion des capitaux étrangers se conforment aussi aux règlements de l'OMC. Le prix de plus de 90 % des produits est décidé par le marché. Au fur et à mesure de la marchéisation, les divers facteurs et agents de marché se perfectionnent, l'ordre concurrentiel du marché se normalise, fournissant aux entreprises chinoises et étrangères une garantie institutionnelle de concurrence équitable.
Le développement durable de l'économie chinoise et l'élargissement de l'envergure du marché apportent non seulement le bonheur au peuple chinois, mais aussi des occasions commerciales à toutes les entreprises du monde. Le développement de la Chine est une contribution au monde, pas un défi et encore moins une menace.
Après trente ans de développement, les relations Chine-UE, surtout les relations économiques et commerciales, sont mûres, et les domaines de coopération se sont élargis. L'UE est devenu le plus important partenaire commercial, la première source de technologie et la quatrième source de capitaux étrangers de la Chine. La Chine est le deuxième partenaire commercial de l'UE. En 2003, le volume de commerce bilatéral a franchi le cap de 100 milliards de USD ; en 2005, de 217,3 milliards de USD ; de janvier à juillet cette année, de 143,5 milliards de dollars, une augmentation de 21,1 % par rapport à la même période de l'an dernier. À la fin de juin dernier, le nombre d'entreprises de l'UE en Chine dépassait 24 000 avec un investissement réel de plus de 50 milliards de USD. Les relations économiques et commerciales entre la Chine et l'UE caractérisées par la coopération gagnant-gagnant non seulement ont entraîné de véritables profits économiques pour les deux parties, mais sont devenues la base solide et la force motrice du dévelop-pement des relations Chine-UE.
Avec l'élargissement de la sphère et de l'envergure de la coopération économique et commerciale entre la Chine et l'UE, qu'il existe des divergences de vue, des malentendus et même des frictions est inévitable. Pour les régler, il faut approfondir la confiance et la compréhension mutuelles.
Je voudrais parler de certains problèmes auxquels les entreprises s'intéressent. Premièrement, le déséquilibre commercial entre la Chine et l'UE. Selon les statistiques de l'UE, en 2005, le déficit commercial de l'UE avec la Chine atteignait 131,6 milliards de USD, dont 95 % sont dus au commerce de transformation, et 81 %, à des entreprises à capitaux étrangers. Étant donné le transfert industriel international, le commerce international a changé de direction. Calculer la balance favorable de la Chine avec l'UE d'après les règles en vigueur du pays producteur ne peut refléter le profit commercial et la balance commerciale véritables. La Chine pratique le principe d'équilibre entre l'importation et l'exportation, et ne poursuit pas nécessairement une balance favorable. La balance commerciale actuelle de la Chine ne représente que 4,6 % de son PIB, moins que dans certains pays d'Europe dont l'Allemagne, la Norvège, les Pays-Bas, l'Irlande. Désormais, la Chine augmentera de son mieux les importations de l'UE ; elle espère aussi que l'UE relâche les restrictions à l'exportation des produits de hautes technologies et des produits militaires et civils afin de promouvoir l'équilibre du commerce bilatéral.
Deuxièmement, la protection des droits de propriété intellectuelle. Protéger les DPI est non seulement une obligation internationale, mais une exigence du développement et de l'augmentation de la capacité d'innovation autonome de la Chine. L'attitude et la solution de la Chine à cet égard sont précises et fermes. La Chine a élaboré certains règlements et lois relatifs aux DPI soit la Loi sur les droits d'auteur, la Loi sur les brevets d'invention et la Loi sur les marques de fabrique et de commerce, et adhéré à la convention internationale sur la protection des principaux droits de propriété intellectuelle, signé l'accord bilatéral sur la protection des DPI avec plusieurs pays, y compris les pays membres de l'UE et établi un mécanisme de dialogue. Le Conseil des affaires d'État a établi une équipe nationale de protection des droits de propriété intellectuelle et ouvert cinquante bureaux de plaintes dans l'ensemble du pays, ce qui a perfectionné le mécanisme, intensifié l'application de la loi et la lutte contre le crime, et abaissé le seuil de criminalité. La Chine espère renforcer la coopération avec l'UE par le dialogue sur les DPI, et n'est pas favorable à l'application du monopole technique à travers l'abus d'accords et de règlements sur les droits de propriété intellectuelle.
Troisièmement, la consommation énergétique. La stratégie énergétique chinoise consiste à s'appuyer essentiellement sur la production intérieure, attacher autant d'importance à l'économie qu'au développement des ressources en accordant la priorité à l'économie d'énergie. La Chine dissipera les contradictions entre l'offre et la demande d'énergie en s'appuyant sur les progrès scientifiques et techniques et l'industrialisation de nouveau type. Depuis les années 1990, le taux d'autosuffisance énergétique de la Chine est supérieur à 90 %. La Chine est riche en charbon. Les deux tiers de ses ressources hydroélectriques ne sont pas exploitées. La production d'énergie nucléaire, éolienne, solaire et de méthane vient de commencer. La Chine prendra plus de mesures efficaces en faveur de l'économie d'énergie. D'ici cinq ans, elle réduira sa consommation de 20 % par unité de PIB, but difficile mais qu'elle a l'intention de réaliser. La Chine peut trouver une nouvelle voie de développement durable. Parallèlement, elle recherche la coopération internationale afin de sauvegarder la sécurité énergétique à l'échelle planétaire.
Quatrièmement, les frictions commerciales. Ces dernières années, les frictions commerciales entre la Chine et l'UE ont augmenté, mais le commerce Chine-UE était dominé par son aspect sain et conforme aux critères. La Chine est non seulement un grand pays de balance favorable, mais aussi de balance défavorable. Maintenir une bonne ambiance de commerce répond aux intérêts communs. Pour régler les frictions commerciales inévitables, le respect et la consultation mutuels sont les principes qui protègent les intérêts des deux parties sans politiser le problème commercial. Dans la recherche de solution des frictions commerciales concernant le textile, les deux parties ont acquis beaucoup d'expérience caractérisée par la coopération gagnant-gagnant. Si nous avons à cœur les intérêts d'ensemble, maintenons la consultation, le dialogue, le respect et la confiance mutuels, recherchons l'identité de vue tout en conservant la divergence, la coopération économique et commerciale Chine-UE avancera certainement à pas de géant.
Le thème du sommet -- « innovation, coopération et nouveau point de départ » -- recèle une signification importante. La complémentarité économique entre la Chine et l'UE est forte, l'espace de coopération est large, la coopération commerciale bilatérale se trouve à une nouvelle ligne de départ. Il faut élargir la coopération, créer un nouveau mode de coopération, élever le niveau de coopération et porter les relations économiques et commerciales Chine-UE à un nouveau palier. À cet égard, je voudrais présenter quelques propositions suivantes.
Premièrement, développer diverses formes de coopération technique. La modernisation chinoise doit s'appuyer sur les sciences et technologies. Nous devons encourager l'innovation autonome et l'importation de technologie et renforcer la coopération internationale. Dans les domaines de l'information, des médicaments biologiques, des machines, des voitures, des appareils électriques, de la chimie et de l'énergie, l'UE occupe une position dominante et peut trouver un grand espace de développement en Chine. Les deux parties doivent exploiter de nouveaux domaines, projets et formes de coopération et développer la coopération technique de différentes formes et à de multiples niveaux.
Deuxièmement, renforcer la coopération dans les domaines de l'énergie et de la protection de l'environnement. La Chine s'engage dans l'édification d'une société caractérisée par l'économie des ressources et un environnement agréable ; ses besoins en nouvelles énergies et produits liés à la protection de l'environnement augmentent. L'UE se classe au premier rang mondial dans les domaines du traitement des ordures, de l'économie dans la construction, de la gestion environnementale, de l'utilisation des énergies éolienne, solaire, nucléaire et biologique, peut déployer ses talents sur le marché chinois. J'espère que nos deux parties renforcent la coopération dans les domaines de l'énergie et de la protection de l'environnement.
Troisièmement, approfondir la coopération dans les domaines de l'agriculture et du secteur tertiaire. La Chine s'engage dans l'édification d'une nouvelle campagne. La technique agronomique de l'UE est avancée. La technologie de culture en serre et l'industrialisation agricole de l'UE vaut la peine que la Chine s'y intéresse. La Chine et l'UE peuvent coopérer à multiples niveaux dans les domaines du développement rural, de l'assistance aux régions rurales pauvres, de l'agriculture écologique, de la qualité des produits agricoles et de la santé des animaux. La Chine a une belle perspective de développement dans le secteur tertiaire, secteur qu'elle ouvrira progressivement à l'étranger avec le secteur du commerce. La prédominance des pays membres de l'UE dans le secteur tertiaire offre aux deux parties un grand potentiel de coopération.
Quatrièmement, pousser la coopération entre les petites et moyennes entreprises (PME). L'UE est le royaume des PME. Les PME de la Chine et de l'UE ont une grande complémentarité dans les domaines des capitaux, des technologies et du mode de gestion des entreprises. Le gouvernement chinois a lancé une série de politiques d'appui aux PME. Plusieurs gouvernements locaux ont établi des zones industrielles de PME de l'UE. J'espère que les PME des deux côtés profiteront de la plateforme actuelle, élargissent la coopération dans les domaines du transfert de technologie, du partage du marché, du commerce de transformation et des ressources humaines.
La Chine et l'UE ont toutes deux une longue histoire et une civilisation rayonnante. Leur amitié remonte très loin dans le temps. Sur la scène du nouveau siècle, les peuples chinois et européens peuvent créer un brillant avenir par leur diligence et leur sagesse. Ensemble, portons la coopération économique et commerciale à un nouveau palier.
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