Shen Jiru, chercheur de l'Institut de recherche sur l'économie et la politique mondiales relevant de l'Académie des sciences sociales de Chine

La hausse des prix du pétrole se poursuivra. En juin 2002, le prix du pétrole sur le marché de New York était de 24,29 dollars le baril, le 4 janvier 2005, de 43,91 dollars, le 14 juillet 2006, de 78,4 dollars, une augmentation de 3,2 fois durant quatre ans. On prévoit que le prix du pétrole s'élèvera à 105 dollars le baril, causant de sérieux problèmes à l'économie des pays consommateurs. La hausse des prix du pétrole causera l'inflation stimulée par le coût de revient des pays consommateurs de pétrole et menacera le développement sain de l'économie mondiale. La sécurité de l'énergie, maillon important de la sécurité économique, préoccupe les gouvernements de tous les pays.

Pourquoi la hausse des prix du pétrole se poursuit-elle? Parce que les ressources pétrolières exploitables du monde ne peuvent durer que 40 ans. Les ressources minières y compris le pétrole pourront difficilement soutenir le développement économique durable ; l'humanité doit s'y préparer. Les chiffres publiés par la Société de pétrole de Grande-Bretagne montrent que les réserves de pétrole découvertes dans le monde ont augmenté de 72,94 milliards de tonnes en 1971 à 156,7 milliards en 2003, prolongeant la durée d'exploitation de 28,3 ans à 41 ans. Par conséquent, d'ici dix ou vingt ans, le rapport entre l'offre et la demande sera équilibré, le prix du pétrole actuel ne devrait pas monter très rapidement.

Le déséquilibre de répartition géographique du pétrole et la politique monopoliste des pays occidentaux sur les ressources pétrolières sont les causes principales de la hausse des prix du pétrole. Les ressources pétrolières se trouvent principalement au Moyen-Orient, en Afrique, en Russie, en Asie centrale et dans certains pays d'Amérique du Sud. Depuis plusieurs années, les pays grands consommateurs d'énergie monopolisent la production, le prix de vente, le transport et la transformation du pétrole du monde en s'appuyant sur les capitaux, la technologie et la puissance militaire. Avec la mondialisation économique et l'essor des pays en développement, la structure industrielle du monde est en train de connaître un réajustement profond et la structure de la consommation énergétique se réorganise. Des pays occidentaux s'efforcent de défendre pour leurs propres intérêts la position monopoliste sur les ressources pétrolières. La guerre du Golfe était une " guerre du pétrole ", la guerre d'Irak déclenchée par la Maison Blanche en était un autre. Mise à part la prévention de la prolifération nucléaire, la crise nucléaire iranienne actuelle est une rivalité pour le pétrole de l'Iran et du Moyen-Orient. Pour amoindrir l'influence du pétrole de la Russie, des pays occidentaux ont construit sans égard aux dépenses l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (Turquie) qui permet au pétrole des régions de la mer Caspienne et du Moyen-Orient de couler directement vers l'Europe.

Des pays occidentaux demandent aux pays en développement qui viennent d'adhérer à la mondialisation économique d'ouvrir leur marché de marchandises, de capitaux et de ressources énergétiques, mais ils n'ouvrent pas leur marché aux pays en développement et aux pays en transition économique. Le monopole des pays occidentaux sur les ressources pétrolières du monde est la substance de la rivalité pétrolière.

Récemment, au Sommet du G8, le gouvernement de Russie a présenté le nouveau concept de " sécurité de l'énergie " et encouragé le G8 à adopter le Plan d'action sur la sécurité énergétique de Saint-Pétersbourg ". En voici les points importants. Pour assurer la transparence, la prévisibilité et la stabilité du marché des ressources énergétiques du monde, toutes les parties croient qu'il faut assurer à long terme l'approvisionnement en énergie sans détruire l'écologie, à un cout acceptable pour les pays exportateurs et les consommateurs, généraliser le plan d'économie et les ressources substitutives et réaliser la garantie relative des ressources énergétiques équilibrées et stables. Le G8 et la communauté internationale doivent entreprendre une coopération étroite en matière d'innovation technique afin d'établir une base de technologie destinée à assurer l'énergie future et à augmenter la rentabilité d'utilisation des ressources. Peter Mandelson, commissaire au commerce de l'UE a dit: " Tout le monde parle de sécurité énergétique, mais nous avons besoin de sécurité d'approvisionnement, et la Russie a besoin de sécurité de la demande. " Cela donne lieu de douter de l'identité de vue à cause de la compréhension et de l'objectif stratégique différent entre l'Occident et la Russie.

Le président Hu Jintao a présenté en juillet 2006 le nouveau concept de sécurité énergétique de la Chine au Dialogue élargi du Sommet du G8. Le concept se résume ainsi : Pour garantir la sécurité énergétique à l'échelle planétaire, nous devons appliquer un nouveau concept de sécurité énergétique basé sur la coopération mutuellement bénéfique, la diversification du développement et la sécurité commune grâce à la coordination. Il s'agit plus précisément de concentrer les efforts dans le renforcement de la coopération mutuellement bénéfique en matière d'exploitation et la mise en valeur des ressources énergétiques ; la mise en place d'un système de recherche, de développement et de généralisation des technologies énergétiques avancées ; la création d'un environnement politique favorable au maintien de la sécurité et de la stabilité énergétique. Hu a souligné qu'il convient de régler les divergences et les différents par le dialogue et la consultation et de s'abstenir de politiser les questions énergétiques, et de recourir indûment à la force. Cela signifie qu'il faut abandonner le monopole et l'hégémonie en matière de sécurité énergétique à l'échelle planétaire, réaliser la coopération gagnant-gagnant entre les pays producteurs et consommateurs d'énergie. Le nouveau concept de sécurité énergétique de la Chine sort, du point de vue technique, de l'analyse des relations entre l'offre et la demande de style pédant et de la rivalité entre les pays puissants. Il combine la coopération mutuellement bénéfique, le système de recherche, de développement et de généralisation des technologies énergétiques avancées et l'environnement politique favorable au maintien de la sécurité énergétique afin de réaliser la sécurité énergétique à l'échelle planétaire et de régler finalement le problème énergétique.

Le nouveau concept de sécurité énergétique de la Chine est un point clair du Dialogue Nord-Sud du G8, et est accepté par la Russie, la France, les autres pays de l'UE, l'Inde et les États-Unis. Le 4 août dernier, l'adjoint au Département de l'énergie des États-Unis a dit au sénat que les États-Unis et la Chine font face au même défi énergétique. La coopération correspond donc aux intérêts des deux pays et favorise la stabilité énergétique du monde. Ces progrès préliminaires signifient que si ce nouveau concept est généralement accepté par le monde, la coopération énergétique deviendra la force motrice de la démocratisation des relations internationales, de la multipolarisation du monde et de la construction d'un monde harmonieux.