Nanxincang est un entrepôt impérial de grains, vieux de 600 ans et situé à Shitiao (Dixième ruelle), dans un arrondissement de l'Est de Beijing. C'est l'unique ensemble d'anciens silos à céréales en bon état de conservation à Beijing et dans tout le pays. A côté se dresse l'Immeuble International de Nanxincang, un hôtel moderne.
Le 21 août, le journal de Taiwan « China Times » (Zhongguo Shibao) a publié un article disant que sur le continent des monuments historiques sont restaurés de façon planifiée afin de protéger la culture traditionnelle et de réparer les erreurs du passé, et qu'à Taiwan le discours politique submerge tous les thèmes de sorte que la fierté culturelle se dissipe de plus en plus.
Invité par un homme d'affaires de Taiwan à un dîner, je suis allé dans une grande cour près de Dongsi Shitiao, où se trouve le restaurant. En entrant dans la cour, j'ai vu à gauche et à droite une succession de pièces plutôt rares dans une maison ancienne. On m'a appris que ces pièces appartenaient à un entrepôt impérial de céréales, datant des dynasties Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911). On m'a dit encore qu'avant la réforme et l'ouverture, des habitants y venaient chercher leurs biens de première nécessité et présentaient différents tickets pour les céréales et l'huile. Plus tard, l'entrepôt impérial est tombé dans l'oubli. Maintenant, il a été restauré, une partie a retrouvé son ancien aspect de silos à céréales, et l'autre partie a été transformée en restaurants de différents styles.
Le mouvement contre les « droitiers bourgeois », la Révolution culturelle ont détruit de nombreux monuments historiques sur le continent. Prenons par exemples les célèbres portes du rempart de Beijing et les portiques. Après 1949, les portes Chaoyang, Jianguo, Di'an et Guangqu ont été démantelées. Les portiques de Xidan et de Dongdan ne sont plus à leur ancien emplacement. La culture traditionnelle a pâti des mouvements contre le confucianisme, contre les « Quatre vieilleries » et de l'aménagement des villes. Les destructions étaient non seulement matérielles, mais aussi spirituelles.
Il y a quelques années, un ami de Beijing est allé visiter Taiwan. De retour à Beijing, il m'a dit que Taiwan était plus chinois que Beijing. Perplexe, je lui ai demandé : « Malgré de nombreux démantèlements, Beijing garde encore beaucoup de monuments historiques, comme le rempart datant de l'époque des Yuan (1279-1368), la Grande Muraille, la porte Qianmen, le Palais des Lamas, le Temple du Ciel et l'observatoire impérial des Ming, l'un des plus anciens du monde. De tels biens du patrimoine chinois n'existent pas à Taiwan. »
« C'est vrai que Taiwan n'en possède pas. Mais là-bas, les gens font la queue en attendant les transports en commun. La courtoisie est partout présente : bonjour, s'il vous plaît, pardon... On parle à voix basse au téléphone dans les lieux publics. C'est beaucoup mieux qu'à Beijing. » En disant cela, mon ami a touché au plus profond de la culture.
Au cours d'une nouvelle entrevue, mon ami a aussi loué la revalorisation des monuments historiques, alors que nous reparlions de l'entrepôt impérial.
Il y a quelques années, à Beijing, de vieilles ruelles appelées « hutong » ont été démolies dans le cadre de l'aménagement des zones urbaines. Mais les travaux se sont arrêtés à la hauteur de l'ancienne maison de Cao Xueqing, auteur du célèbre roman : « Le Rêve dans le pavillon rouge ». Un débat a été lancé : faut-il la conserver ou la démolir ? C'était impensable auparavant. Maintenant, beaucoup de travaux de restauration sont en cours, à la Cité interdite, au Temple du Ciel et au Palais d'été. Ces monuments historiques retrouveront leur ancienne splendeur.
La restauration de monuments historiques ne se fait pas seulement à Beijing, continue l'article. Au Sud du Jiangxi, à l'Ouest du Fujian et à l'Est du Guangdong, nous avons vu la silhouette majestueuse des tours d'argile des Hakkas qui attendent leur inscription sur la liste du patrimoine culturel mondial. Sur le continent, l'étude de Confucius est redevenue une science en vogue. Des bustes de Confucius ont été offerts à de nombreux pays, notamment par la province du Shandong, pays natal de Confucius. Le confucianisme revient en force. « L'écriture des femmes » et « l'écriture Dong'ba » ont été proposées à l'UNESCO pour faire partie du patrimoine culturel immatériel.
Que ce soit pour le développement culturel ou le développement économique, les gens du continent cherchent à réparer les erreurs du passé et à rattraper ce qui a été perdu. Mais à Taiwan, Chen Shuibian (qui a utilisé incorrectement le proverbe « Qing zhu nan shu » pour vanter les mérites des volontaires de Taiwan, alors que ce proverbe a toujours un sens péjoratif, signifiant que toutes les lamelles de bambou – zhu - ne sont pas suffisantes pour révéler les crimes d'un coupable) et Du Zhengsheng (responsable de l'éducation à Taiwan qui a inséré un faux caractère dans un distique élégiaque) n'ont pas eu le courage de reconnaître leurs erreurs.
Dans l'ambiance politique de Taiwan, tout le monde, des politiciens aux gens de la rue, parle avec volubilité des affaires politiques. Cela n'est forcément pas une mauvaise chose. Mais quand le discours politique submerge tout le reste, on aboutit à la stagnation. L'écrivain du continent Yu Qiuyu a commenté ainsi la culture de Taiwan qui l'avait un jour émerveillé : « La société de Taiwan a porté son regard ailleurs. La conversation avec les gens des lettres s'est reportée sur des sujets politiques et la culture n'a plus son importance et est devenue même un instrument politique. » Le regret de Yu Qiuyu sur le dépérissement de la culture à Taiwan peut-il émouvoir quelqu'un à Taiwan ?
China.org.cn
2006/08/24
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