EN plein �t� de 1951, Chen Hansheng, vice-directeur du comit� de r�daction de La Chine en construction, dont les pr�paratifs de lancement allaient bon train, et Zhang Yan, se rendirent � la gare Qianmen de Beijing pour accueillir le couple Isra�l Epstein-Elsie Fairfax-Cholmeley. Sur l'invitation de Mme Soong Ching Ling, le couple avait quitt� les �tats-Unis pour la Chine afin de participer � la fondation de cette revue.
� cette �poque-l�, les relations sino-am�ricaines �taient assez tendues. Pour venir en Chine, le couple Epstein avait d� affronter maintes difficult�s et effectuer un d�tour par la Pologne et d'autres pays.
� ce moment-l�, M. Epstein n'avait pas id�e qu'un demi-si�cle plus tard, il vivrait toujours dans cette Chine qu'il aime.
Se d�vouer corps et �me au travail dans une publication chinoise pour l'�tranger pendant des dizaines d'ann�es
Dans son enfance, Isra�l Epstein a accompagn� ses parents qui venaient s'installer en Chine. � la fin de ses �tudes secondaires, il s'est engag� dans le travail d'information. En 1935, il a fait la connaissance de Edgar Snow et effectu� des reportages pour des publications progressistes. En 1938, il a fait la connaissance de Soong Ching Ling et particip� � la Ligue pour la d�fense de la Chine (China Defense League) et charg� des reportages pour l'�dition anglaise du Newletter de cette organisation. En 1944, avec un groupe de journalistes chinois et �trangers, il est all� � Yan'an et a rencontr� des dirigeants du Parti communiste chinois, don't Mao Zedong, Zhu De, Zhou Enlai. Il a �crit un grand nombre d'articles publi�s � l'�tranger.
� peine arriv� � Beijing, le couple Epstein s'est plong� dans les pr�paratifs de fondation de La Chine en construction. Dans les d�buts, les conditions �taient assez dures. � Beijing, la r�daction n'avait seulement que trois ou quatre employ�s, et pas m�me de bureau. Les articles du premier num�ro ont �t� r�dig�s sur des bancs de parc ! En tant que membre du groupe de la premi�re heure, le couple Epstein travaillait nuit et jour. Pour garantir la qualit� de la mise en page et de l'impression, les Epstein ont d�, chaque mois, faire la navette entre Beijing et Shanghai pour r�viser les �preuves et mettre la revue sous presse. Ces deux-l� ont fourni un travail gigantesque pour assurer les premi�res parutions de cette revue.
Le couple Isra�l Epstein-Elsie Fairfax-Cholmeley arrive en Chine pour la fondation de La Chine en construction.
Plus tard, M. Epstein occupa le poste de r�dacteur en chef de La Chine en construction, et il s'y est d�vou� pendant des dizaines d'ann�es. Non seulement il a jet� les bases de la philosophie et des caract�ristiques d'une revue de grand calibre, mais il a toujours tenu � �lever la qualit� des journalistes.
� son poste, M. Epstein ne se lassait pas de r�it�rer son principe de base: travailler dans l'int�r�t des lecteurs. Il disait : " Nos lecteurs sont des �trangers, l'environnement social o� ils se trouvent est diff�rent du n�tre, tout comme le sont leur histoire et leurs coutumes. Il est important que nos journalistes aient toujours le lecteur en t�te et que nos reportages soient faciles � comprendre. Pour les journalistes et les r�dacteurs, le lecteur doit �tre roi. "
Pendant les dizaines d'ann�es qu'il a travaill�, M. Epstein a toujours insist� sur le r�alisme et la v�racit� des reportages, sur l'importance de faire ressortir le c�t� positif mais sans camoufler les failles, ce qui rend les articles convaincants. Ses connaissances th�oriques et historiques approfondies, tant sur la Chine que sur les pays �trangers, lui ont permis d'analyser et d'observer la Chine dans un contexte historique et mondial.
M.Epstein a toujours eu une attitude responsable � l'�gard de son travail. Les textes qu'il r�visait ressortaient souvent compl�tement remani�s, de sorte que les r�viseurs de l'�dition anglaise craignaient souvent que M. Epstein apporte des changements aux textes, juste avant d'aller sous presse, ce qui causait beaucoup d'ennuis � l'imprimerie. Malgr� tout, les corrections de M. Epstein for�aient l'admiration de ses coll�gues par leur justesse.
En tant qu'expert des communications avec l'�tranger, M. Epstein faisait grand cas de la formation des jeunes journalistes. � ceux-ci, il disait : " Premi�rement, les reportages doivent �tre pr�cis ; deuxi�mement, les lecteurs doivent en appr�cier la lecture. " Et de poursuivre : " Il faut exprimer des id�es personnelles et relater des exp�riences qui nous sont propres, utiliser un langage cr�atif, �viter d'employer des expressions st�r�otyp�es et accumuler un savoir-faire de base. En fait, les journalistes doivent parvenir � une compr�hension parfaite de ce qu'ils traitent, de fa�on � ce qu'ils �crivent soient attirants et fassent autorit�. "
Faire conna�tre une Chine r�elle et convaincante
M. Epstein (� gauche) en reportage sur la bataille Taierzhuang en 1938.
M. Epstein aime la Chine et, encore aujourd'hui, il demeure � Beijing. En 1957, il a obtenu la nationalit� chinoise. Il dit souvent, avec �motion : " J'aime la Chine, j'aime le peuple chinois, je me sens chez moi en Chine. Cet amour lie mon travail et ma vie au sort de la Chine. "
Pendant toutes ces ann�es en Chine, l'attention de M. Epstein ne s'est pas limit�e seulement � cette revue ; il s'est pr�occup� de l'image de la Chine dans le monde et de la mani�re de faire conna�tre au monde une Chine plus r�elle et plus s�re d'elle-m�me. Depuis longtemps, dans le but d'am�liorer l'information sur la Chine � l'�tranger, M. Epstein joue le r�le de " conseiller sp�cial " ; entre autres, il a particip� � la r�vision de l'�dition anglaise des �uvres choisies de Mao Zedong et des �uvres choisies de Deng Xiaoping. Il a consacr� toute sa vie � la cause de l'information sur la Chine � l'�tranger.
En plus du travail de traduction et de r�daction, M. Epstein a r�dig� ses propres ouvrages. Le premier s'intitule From Opium War to Liberation. Dans ce livre, il traite de la Chine dans un environnement mondial, analyse et apporte des recherches historiques � l'appui. Cette �uvre t�moigne de ses connaissances �lev�es sur l'histoire et la r�alit� chinoise. Comme il le dit dans son livre : " Chaque personne cr�e sa propre histoire dans son pays, mais du point du vue global, chacun fait partie int�grante du monde et cr�e une histoire commune."
Son deuxi�me ouvrage est Tibet Transformed : c'est une grande �uvre qui combine la recherche historique et les enqu�tes sur le terrain. Pour �crire ce livre, il s'est rendu au Tibet � quatre reprises, des ann�es 50 aux ann�es 80, il a interview� sept ou huit cents personnes, a pris des milliers et des milliers de notes ; parall�lement, il a fouill� des dizaines d'ouvrages sur le Tibet. � peine sorti, ce livre a eu des retentissements dans le monde entier et a �t� appr�ci� comme une �uvre importante sur le Tibet.
Pour comm�morer le centenaire de la naissance de Soong Ching Ling, M.Epstein a publi� une biographie sur celle-ci, intitul�e Woman in World History, Soong Ching Ling. Il a consacr� une dizaine d'ann�es � sa r�daction. Ce livre a obtenu le " Prix national des livres ", conf�r� par l'Administration de la presse et des publications de la R�publique populaire de Chine.
Pour recueillir et v�rifier les documents et r�aliser des entrevues avec les personnalit�s concern�es, M. Epstein s'est rendu dans maints et mains endroits ; dans ce livre, on peut ressentir tout son attachement pour Mme Soong Ching Ling et pour la Chine.
Pour que la r�alit� soit respect�e, l'origine de chaque citation du livre est fid�lement pr�cis�e. Si l'information apport�e par certains documents est insuffisante, M. Epstein pr�f�re s'abstenir de traiter un sujet que de le traiter de mani�re non v�ridique. S'il doit faire des suppositions, toutes sont clairement indiqu�es. Par exemple, � propos du deuxi�me exil de Soong Ching Ling en Allemagne et du r�le que cette derni�re a jou� dans l'Incident de Xi'an, actuellement, des donn�es de premier main ne sont pas disponibles. M. Epstein a pr�f�r� ne pas faire de jugement arbitraire et a d�clar� ouvertement la situation. Il pr�f�re laisser des blancs avec explications dans une histoire et laisser aux d�couvertes ult�rieures de documents le soin de compl�ter. Certains trouvent que cette situation affecte la qualit� de la biographie, mais elle n'est que plus convaincante.
Pour donner une image plus vivante, M. Epstein a d�peint Soong Ching Ling dans sa vie courante. Par exemple, il a racont� la sc�ne suivante : " Un jour, Soong Ching Ling avait invit� son ami am�ricain, le Dr. George Hatem, � manger chez elle. En voyant son ami portant une cravate rouge toute �lim�e, elle lui a dit : " Il semble bien que je devrais vous offrir une cravate. " Et Hatem de r�torquer : " Je porte cette cravate, parce que c'est vous qui me l'avez offerte jadis. " Soong Ching Ling lui r�pondit : " Alors, je vous en offrirai une nouvelle. "
Comme M. Epstein le mentionne dans la pr�face de son livre : " J'ai fait tout mon possible pour que Soong Ching Ling soit pr�sent�e aux lecteurs comme une personne vivante et bien r�elle. "
Cette biographie, voil�, sans contredit, un mod�le d'information pour l'�tranger.
|