Pendant des siècles, la médecine traditionnelle chinoise, la médecine tibétaine, et les médecines indiennes et arabes anciennes ont constitué les quatre grands systèmes médicaux du monde. Elles ont considérablement influencé l'histoire de la médecine. Mais aujourd'hui, force est de reconnaître que seules les médecines traditionnelles chinoise et tibétaine ont « survécu », et même continué de se développer et d'innover. Nous vous propons aujourd'hui de vous faire découvrir un faculté de médecine tibétaine, un hôpital tibétain et une usine pharmaceutique tibétaine.
La faculté de médecine tibétaine se trouve près de la réserve de Lhalu, aux environs de Lhassa. La faculté est entourée de verdure. Ses bâtiments éducatifs et administratifs sont tous de style tibétain. Sur la place de la porte principale de la faculté se dresse la statue de Yutuoningma Yundangongbu, un grand maître connu sous le nom de « Saint de la médecine » et de « Roi du médicament ». M. Cilaiwangjie, le directeur-adjoint de la faculté nous fait un historique rapide de la médecine tibétaine : « La médecine et les médicaments tibétains sont une composante très importante de la culture tibétaine. Ils en sont presque la quintessence. Au fil du temps, la médecine et les médicaments tibétains ont intégré et profité de nombreuses techniques et connaissances de la médecine tradtionnelle chinoise et la médecine de l'Inde ancienne. Sur le plateau du Tibet, un système particulier possédant son propre style a été créé il y a plus de 2.800 ans. Et les traces écrites documentaires remontent à plus de 1.300 ans. »
Selon Cilaiwangjie, même à l'époque de la médecine moderne, les citoyens tibétains font encore confiance à la médecine tibétaine. Parce qu'elle fonctionne à partir d'un diagnostic complet et personnalisé, et que ses médicaments sont tous préparés à partir de plantes médicinales non polluées. Ecoutons à nouveau Cilaiwangjie : « Pour développer de manière sain et stable la médecine et les médicaments tibétains, l'Etat chinois a ouvert la faculté de médecine tibétaine il y a 12. C'est une école approuvée par le Conseil des Affaires d'Etat, ce qui est un cas d'exception. C'est en effet l'unique école du pays à en bénéficier. On constate donc que l'Etat central accorde une politique extrêmement avantageuse pour la sauvegarde et le développement de la médecine et des médicaments tibétains. »
Aujourd'hui, la Faculté de médecine tibétaine du Tibet est la plus petite école supérieure spécialisée de Chine. Elle compte plus de 700 étudiants et 140 enseignants et employés. Elle propose deux types de formation : la médecine tibétaine et la pharmacologie tibétaine. Elle peut aussi former des étudiants de niveau maîtrise. A ce jour, cette faculté a formé plus d'un milier de spécialistes de la pharmacologie pour les provinces du Tibet, du Qinghai, du Gansu et du Sichuan. Elle est devenue une base d'éducation des pharmaciens tibétains de Chine.
Cette Faculté possède en outre une base de recherche scientifique sur les médicaments tibétains et une usine pharmaceutique tibétaine dotée de plus de 100 millions de yuans de capitaux. Elle produit 24 sortes de médicaments particulièrement efficaces contre le diabète ou encore l'hépatite B. Elle produit en outre plus de 200 médicaments d'usage courant. Ils travaille régulièrement en collaboration avec des institutions de recherche scientifique de Hongkong, des Etats-Unis, d'Allemagne, ainsi qu'avec des établissements d'enseignements supérieurs. Ce qui a permis de renforcer la réputation de la médecine et des médicaments tibétains.
Nous nous trouvons maintenant dans une chambre de l'hôpital de Lhoka. Namgyal, un patient, est couché sur le lit. Il est en train d'être examiné par le docteur Kelsang, directeur de cet hôpital et directeur de maîtrise à la Faculté de médecine du Tibet. Namgyal souffe d'hypertension depuis des années. Avant d'être hospitalisé, il avait la vue trouble, des douleurs au dos, de l'asthme, et ne pouvait pas marcher seul. Namgyal nous a avoué qu'après trois semaines de traitement par des médicaments tibétains, sa tension s'est stabilisée, et il peut marcher tout seul. Ecoutons son témoignage : « Le directeur de l'hôpital Kelsang vient voir les malades non seulement lors des visites quotidiennes, mais aussi sur son temps libre. Il vient se renseigner sur notre état de santé. Par ailleurs, la gestion et la technique médicale de l'hôpital sont satisfaisantes, j'en suis très content. »
Le traitement que Namgyal a accepté est un exemple de la technique thérapeutique particulière de la médecine tibétaine. Un docteur tibétain doit non seulement savoir traiter les malades, mais aussi connaître, distinguer et fabriquer des médicaments tibétains.
Mais il aura fallu attendre mille ans pour que ces médicaments passent d'une fabrication traditionnelle à une production industrielle. Parmi ces nouvelles usines pharmaceutiques, l'Usine pharmaceutique des médicaments tibétains de Qizheng de Nyingchi est la plus connue. En 2001, elle a été en tête parmi une centaine d'usines pharmaceutiques chinoises, de la validation GMP, un critère international de production des produits pharmaceutiques.
M. Tsering, le directeur de l'Usine pharmaceutique des médicaments tibétains de Qizheng de Nyingchi a estimé que l'avenir des médicaments traditionnels tibétains réside dans l'introduction des hautes technologies et dans une plus grande ouverture sur les marchés. On l'écoute tout de suite : « La réussite des médicaments tibétains Qizheng dépend de la combinaison de la fabrication traditionnelle et des sciences et techniques modernes. C'est une industrie toute nouvelle, différente de l'ancienne fabrication des médicaments tibétains. On se base sur des recettes traditionnelles vérifiées, mais la production intègre de hautes technologies. »
Le directeur de l'usine Tsering nous précise que les médicaments traditionnels tibétains se présentent essentiellement sous forme de pilules. Ce qui pose des problèmes majeurs sur le plan technologique: tout d'abord, il y a de grandes différences de poids entre les différentes pilules ; ensuite, ces pilules sont le plus souvent très dures, et doivent être brisées avant d'être avalées. Par ailleurs, les teneurs en bactéries et en eau des pilules traditionnelles ont toutes dépassé les normes. Ce qui a réduit l'efficacité des médicaments tibétains. Désormais, cette industrie a adopté des méthodes de production par le vide et d'autres techniques pour congeler et sécher les pilules. Ce qui peut non seulement retirer l'eau des plantes médecinales, mais aussi conserver correctement les principes actifs.
Dans l'atelier d'emballage de l'Usine Qizheng, les ouvriers s'affairent. Ils emballent des pilules, des poudres, des emplâtres. Chaque pilule pèse 0,2 gramme. Toutes ces pilules sont fabriquées et emballées automatiquement. La production des médicaments tibétains est ainsi semblable aujourd'hui à celle des médicaments occidentaux. Les pilules sont de différentes couleurs, et non plus de ce brun uni comme les anciennes. Selon Tsering, non seulement ces techniques de production moderne peuvent faire augmenter les bénéfices de l'entreprise, mais elles permettent aussi aux médicaments traditionnels tibétains de rendre encore plus de services aux malades.
CRI
2005/08/12 |