Xu Wei, alias Wenqing, originaire de Shanyin (actuelle ville de Shaoxing, au Zhejiang), naquit la XVIe année de la période Zhengde (en 1521) de l'empereur Wuzong des Ming et mourut la XXIe année de la période Wanli (en 1593) de l'empereur Shenzong des Ming. Il avait sa résidence dans la ville de Shaoxing.
Bien qu'étant d'une nature expansive, Xu Wei devint pourtant, dans son âge mûr, conseiller militaire du gouverneur du Zhejiang et du Fujian, faisant à cette occasion beaucoup de propositions concernant les affaires militaires, politiques et économiques, et participant à la lutte de résistance contre les exactions des pirates japonais dans les régions côtières du Sud-Est de la Chine. Ayant fait l'éloge, dans des poèmes et des articles, des héros nationaux menant la résistance contre les pirates japonais, il était très apprécié par l'empereur Shizong des Ming. Brisé plus tard dans sa carrière officielle, il fut même jeté en prison pendant un certain temps. Il avait déjà 53 ans lorsqu'il fut finalement libéré. Ce fut alors qu'il commença à se consacrer réellement à la création littéraire et artistique, renonçant complètement à sa carrière officielle. La plupart de ses chefs-d'œuvres virent le jour à partir de ce moment. Ses poèmes et ses articles, élégants et distingués, font preuve d'originalité. C'était aussi un dramaturge très connu. La pièce Le cri du singe, qu'il écrivit, a été louangée par Tang Xianzu, Ma Jide et autres dramaturges. Il publia également un traité d'art dramatique intitulé Notes sur les chants du Sud, dans lequel il sut faire preuve d'idées novatrices surpassant celles de ses prédécesseurs. Il écrivit aussi les Annales du district de Kuaiji, dans lesquelles il avança des propositions réformistes sur la politique et l'économie locales. Il avait pour principes: "Pour moi, la calligraphie occupe la première place; la poésie, la deuxième; la prose, la troisième, et la peinture, la quatrième."
Xu Wei excellait dans la peinture de fleurs et d'oiseaux; il était également habile à faire la peinture de paysages et de personnages, le lavis à l'encre de Chine et la peinture à larges traits. Ses tableaux vigoureux, pleins d'exubérance, font preuve d'une adresse artistique élevée. "L'ordre existe dans le désordre", "Le chaos ne donne pas l'impression du chaos": par là on voit la dextérité du peintre. Malgré les quelques quatre cent ans qui nous séparent de lui, ses œuvres procurent toujours une impression de liberté et de vie très agréable. Xu Wei ne se laissa jamais contraindre par l'apparence des objets. Au contraire, il sut saisir l'essence des objets et l'exagéra librement au pinceau à plat, dans un style aussi excessif qu'un jour de tempête. Ses peintures à larges traits, qu'il exécuta en oubliant toutes les anciennes règles, sont simples mais pleines de bon sens. L'image en est criante de vérité. Ce fut ainsi qu'il créa une nouvelle méthode de peinture à l'encre de Chine à larges traits, qui a exercé une profonde influence sur la peinture des Ming et des Qing. Des peintres de la dynastie des Qing, comme Zha Da, Yuan Ji et deux des "Huit excentriques de Yangzhou", Li Shan et Li Fangying, ont subi son influence et celle-ci persiste jusqu'à nos jours, car la peinture à larges traits de Xu Wei est devenue un symbole de l'esprit artistique chinois.
Xu Wei inscrit souvent un poème ou une phrase sur ses tableaux pour exprimer ses idées politiques. Il excellait également en calligraphie. Sa calligraphie, comme sa peinture, a aussi une vigueur stypéfiante, qui dégage quand même une certaine grâce par ses touches énergiques. L'accent a été insufflé à l'âme de la calligraphie, et non à la calligraphie en elle-même. C'est pourquoi Qi Baishi, grand maître de l'art contemporain, a dit: "Je regrette de ne pas être né trois cents ans plus tôt pour servir Qingteng (surnom de Xu Wei) et lui préparer l'encre et le papier." On voit par là les effets de la peinture de Xu sur les générations postérieures.
Nombreuses sont les œuvres de Xu Wei qui nous sont parvenues. Le Musée du Palais impérial conserve plusieurs de ses chefs-d'œuvre. Le Musée de Shanghai conserve aussi une vingtaine d'œuvres de Xu Wei qui témoignent de l'écriture simplifiée, l'écriture cursive, la peinture de fleurs et d'oiseaux et la peinture à l'encre de Chine. La "Cour fleurie" du Musée de Nanjing possède 13 œuvres sur la pivoine, la lagerstroemia, le raisin, le palmier, le prunier, l'orchidée et le bambou. D'autres grands musées chinois et étrangers conservent aussi des œuvres de Xu. Comme ce peintre a une grande renommée dans l'histoire de la peinture chinoise, ses œuvres sont très appréciées par les collectionneurs de nos jours. En 1989, un Crête-de-coq en rouleau vertical fut vendu aux enchères 55 000 dollars à New York. Une autre de ses œuvres a été vendue plus tard à plus de 300 000 dollars.
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