L'hiver venu, l'industrie européenne risque de s'enrhumer (ANALYSE)

Par : Yann |  Mots clés : Europe,crise énergétique
French.china.org.cn | Mis à jour le 28-09-2022

Nombre de travailleurs réduit, machines à l'arrêt, grogne des consommateurs... Face à la crise énergétique qui point, la rentrée hivernale s'annonce rigoureuse, avec bon nombre d'entreprises en Europe qui commencent déjà à attraper froid.

La célèbre cristallerie française Arc, qui a enregistré une facture énergétique de 75 millions d'euros contre 19 millions d'euros l'an dernier, a pris des mesures pour mettre des salariés en chômage partiel depuis le 1er septembre, touchant 1.600 sur 4.600 d'entre eux, afin de faire face à l'envolée du prix des matières premières et de l'énergie.

En Allemagne, le constructeur automobile Volkswagen, qui a annoncé devoir réduire sa consommation de gaz naturel de plus de 20%, risque de connaître une chute de la production non seulement à cause de la pénurie de gaz, mais aussi de verre et de produits chimiques, a rapporté le Wall Street Journal le 27 août.

Possédant des usines en Tchéquie et en Slovaquie, qui figurent parmi les pays européens les plus dépendants au gaz russe, le géant allemand envisage aussi de privilégier d'autres sites en Europe du Sud-Ouest ou les zones côtières d'Europe du Nord, qui ont toutes deux un meilleur accès aux livraisons maritimes de gaz naturel liquéfié (GNL) afin de réduire ses coûts.

Ces derniers mois, il existe deux enjeux auxquels les acteurs européens devront faire face et qu'ils ne seront pas capables de résoudre uniquement par leurs propres moyens.

D'abord, dans le contexte du conflit russo-ukrainien, il est vraiment difficile pour l'Europe d'avoir un accès sans entrave au gaz naturel russe, qui constitue une énergie directe indispensable tant pour la production des entreprises que pour le chauffage des foyers.

Faute de fournisseurs abondants, les Européens connaissent une hausse effrayante des prix. Selon des données publiées par TTF/Investing, le prix du gaz naturel en Europe a atteint le 26 août dernier un pic à plus de 339 euros le MWh, soit environ cinq fois plus que fin février.

En outre, parmi les secteurs particulièrement affectés, figurent la métallurgie, la sidérurgie, les cimenteries ou encore la pétrochimie, lesquelles contribuent considérablement, en tant que fournisseurs de produits industriels de base, à la production d'autres secteurs.

Inquiet par ces coûts de l'énergie trop élevés, le groupe norvégien Norsk Hydro a annoncé l'arrêt définitif fin septembre de la production d'aluminium primaire dans son usine en Slovaquie. En tant que matériau stratégique, l'aluminium est largement utilisé, que ce soit pour fabriquer des véhicules, des avions ou des armes. L'Europe connaît aujourd'hui son plus bas niveau de production depuis les années 1970.

"La crise de l'énergie représente le plus grand risque systémique pour l'Europe", ont estimé trois économistes à l'institut Bruegel dans une tribune parue le 26 août dans le journal Le Monde.

La bonne nouvelle pour le continent est que les Européens ont commencé à s'engager dans les actions pragmatiques pour lutter contre les risques de pénurie.

Les énergéticiens français Engie et algérien Sonatrach sont en discussion, suite à la viste d'Etat du président français Emmanuel Macron en août dernier, sur des contrats de livraison de gaz, avec des volumes à destination de l'Hexagone qui augmenteraient à terme de 50%, selon Europe 1 et BFMTV.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a de son côté conclu dimanche dernier un accord avec les Emirats arabes unis sur l'importation de de 137.000 mètres cubes de GNL, constituant le premier contrat du genre entre l'Allemagne et le Golfe.

Par ailleurs, afin de rassurer les citoyens des Vingt-Sept, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a dévoilé lors de son discours sur l'état de l'UE au Parlement de Strasbourg le 14 septembre une réforme énergétique "profonde" qui pourrait rapporter 140 millards d'euros aux citoyens et aux entreprises au sein de l'UE afin d'assouplir l'impact de la flambée des prix de l'énergie.

Pourtant, dans l'ensemble du continent, ces actions sont encore insuffisantes pour remplacer la position importante de la Russie dans l'offre énergétique, sans compter qu'elles vont considérablement résoudre les problèmes épineux en la matière en quelques mois à venir au cours desquels un hiver dur sans précédent pourrait s'abattre sur le continent.

Au delà de l'impact sur les entreprises, cette question de la sobriété énergétique va concerner aussi les particuliers. Ainsi, six Français sur dix se disent prêts à réduire leur consommation d'énergie, mais à condition que cet effort soit collectif, selon un sondage Elabe publié le 30 août.

Quoi qu'il en soit, la Première ministre française Elisabeth Borne a averti les entreprises du pays qu'elles risquaient d'être "premièrement touchées" par des mesures de "rationnement" dans les prochains mois.

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Source: Agence de presse Xinhua
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