Cherté de la vie : la Côte d'Ivoire face à l'inflation des prix alimentaires (SYNTHESE)

Par : Yann |  Mots clés : Ivoire-inflation
French.china.org.cn | Mis à jour le 28-09-2022

L'inflation galopante des prix alimentaires qui sévit depuis plusieurs mois dans la sous-région ouest-africaine n'épargne pas la Côte d'Ivoire. La flambée des prix du riz, du sucre, du pain, de la tomate ou encore de la viande sur les marchés a fait réagir les autorités ivoiriennes qui ont annoncé depuis mars une série de mesures pour protéger le pouvoir d'achat des ménages et contenir l'inflation.

Parmi elles figure le plafonnement des prix des produits dits de grande consommation. Mais malgré cette réglementation, la spéculation continue sur certaines denrées de première nécessité. C'est par exemple le cas du "faux thon", utilisé dans la préparation du garba, un plat à base de semoule de manioc très prisé des Ivoiriens.

"Le prix du faux thon fixé à 850 francs CFA (1,25 dollar) le kilogramme par l'Etat n'est pas respecté. Il se vend à 1.200 FCFA (1,75 dollar). C'est insupportable. Ce n'est pas normal qu'une décision de l'Etat soit difficilement applicable", a dénoncé lors d'une conférence de presse le coordonnateur national de la Coalition des indignés de Côte d'Ivoire, David Samba, qui pointe du doigt les acteurs du commerce.

Pour faire respecter les mesures de plafonnement des prix arrêtés par le gouvernement, le ministère du Commerce a intensifié ses missions de surveillance du marché par des contrôles de terrain. Un Conseil national de lutte contre la vie chère assure une veille au niveau national sur l'ensemble des prix des produits de grande consommation.

Selon les spécialistes, plusieurs facteurs sont à l'origine du renchérissement des prix. Le premier est lié à la situation internationale, marquée par la crise russo-ukrainienne, qui a entrainé une hausse du prix du carburant et une envolée du coût du transport maritime.

"Nous avons une consommation de biens importés et une fois que les prix du carburant augmentent, ça affecte les prix des biens alimentaires", a expliqué à Xinhua l'économiste Alban Ahouré, professeur à l'Université Félix Houphouët-Boigny et directeur de la cellule d'analyse des politiques économiques du CIRES.

Le problème d'insécurité dans les pays limitrophes du nord entraîne également une inflation, notamment sur la viande, a-t-il ajouté. "Les gens n'arrivent plus à nourrir les animaux. Ils sont obligés de les élever dans des enclos et cela a un coût. A cela s'ajoutent, poursuit-il, les difficultés sur les routes pour transporter le bétail.

Au niveau national, l'économiste évoque aussi les effets du changement climatique "qui font que certaines productions n'atteignent pas les niveaux attendus" en raison de la faible pluviométrie et "le coût de la logistique pour le transport" des produits vivriers locaux de l'intérieur du pays vers les grandes villes.

La spéculation "non justifiée" des acteurs sur certains produits est aussi un facteur important, signale le Pr Ahouré. "Il y a des acteurs qui augmentent des prix tout simplement parce que d'autres prix ont augmenté. Il y a aussi certains secteurs type de monopole, d'acteurs dominants qui avaient un contrôle sur les prix", dit-il.

"L'exportation abusive" des produits vivriers locaux, notamment dans les pays frontaliers, contribue aussi à la hausse des prix, avait noté le préfet de la région de Poro (nord), André Ekponon, lors d'un atelier initié à la mi-septembre par l'Office d'aide à la commercialisation des produits vivriers. D'où la décision des autorités ivoiriennes de conditionner toute exportation de produits vivriers à une autorisation préalable.

Pointés du doigt par les consommateurs, les acteurs du commerce se défendent et ajoutent l'augmentation des impôts à la longue liste des éléments explicatifs du renchérissement du prix des produits de grande consommation.

Le président de la Fédération nationale des acteurs du commerce de Côte d'Ivoire (FENACCI), Farikou Soumahoro, a expliqué au journal Fraternité-Matin qu'un petit commerçant qui fait un chiffre d'affaires de cinq millions de FCFA (7.300 dollars) paie ses impôts à la Direction générale des impôts alors qu'il devait être taxé à l'impôt synthétique municipal.

Conséquence, "compte tenu de l'augmentation de ses impôts, ce petit commerçant est obligé d'augmenter le prix de ses marchandises", a justifié le président de la FENACCI tout en dénonçant les contrôles "intempestifs et acharnés" des commerçants par des agents du ministère du Commerce.

La plupart des pays de l'Union économique et monétaire des Etats ouest-africains (UEMOA) sont concernés par cette inflation des prix alimentaires et ont mis en place une série de mesures pour protéger le pouvoir d'achat.

Selon les données de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), l'inflation a atteint 7,5% en glissement annuel en juin dernier dans la zone UEMOA, contre 6,8% en mai de la même année. Les produits alimentaires sont la principale source de la cherté de la vie avec une contribution de 5,7 points à l'inflation totale.

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Source: Agence de presse Xinhua
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