(Avis d'invités) Le "piège de la dette chinoise" ? Un piège narratif tendu par l'Occident

Par : Justine |  Mots clés : Afrique,Chine,dette
French.china.org.cn | Mis à jour le 11-06-2022

"L'Ouganda cède son aéroport contre de l'argent chinois", ont titré, vers la fin 2021, des médias occidentaux selon lesquels, pour défaut de paiement, ce pays d'Afrique de l'Est aurait cédé à la Chine l'aéroport international d'Entebbe, son seul aéroport international, devenant ainsi une autre "victime" du "piège de la dette chinoise".

L'information a été aussitôt démentie. Mais le fameux "piège de la dette chinoise" existe-t-il vraiment?


QUE PRETEND LA THEORIE DU "PIEGE DE LA DETTE CHINOISE" ?


Il s'agit d'un piège narratif fabriqué par certains qui scrutent la dette des pays en développement détenue par la Chine en fermant les yeux sur les bénéfices économiques et sociaux des financements chinois. Voici leurs principaux arguments :

-- La Chine instrumentalise ses prêts. Elle accorde des prêts colossaux aux pays partenaires de l'Initiative la Ceinture et la Route. Et, en cas de non-remboursement, les pays débiteurs seront obligés de céder à la Chine des actifs stratégiques.

-- Les prêts chinois sont insoutenables. Ils alourdissent le fardeau de la dette des pays en développement et accroissent le risque de défaut de paiement et de surendettement.

-- Les prêts chinois sont opaques. Les clauses de confidentialité rendent impossible l'accès aux informations sur leur utilisation.

Ces discours soigneusement concoctés ne tiennent tout simplement pas debout. Prenons l'exemple des pays africains, partenaires privilégiés de la Chine dans le cadre de l'Initiative la Ceinture et la Route et en matière d'investissement et de financement, pour en savoir plus sur ce prétendu "piège de la dette chinoise".


QUI EST LE PREMIER CREANCIER DE L'AFRIQUE ?


La question de la dette des pays en développement est au fond une question de déficit de développement. Et les pays occidentaux y sont pour beaucoup dans l'endettement du continent africain qui, longtemps victime de la colonisation occidentale, reste toujours en proie à l'exploitation des pays occidentaux.

Avant les années 1970, la question de la dette africaine ne se posait pas avec acuité. Mais avec les prêts excessifs des pays occidentaux et des institutions financières, de 1970 à 1987, le volume des emprunts extérieurs des pays africains est passé de 8 à 174 milliards de dollars et le ratio du service de la dette aux exportations s'est envolé de 73% à 322%.

La hausse des taux d'intérêt du dollar, la chute de la demande internationale et bien d'autres facteurs ont entraîné l'Afrique dans une crise de la dette de grande ampleur et prolongée, au point que les années 1980 ont été qualifiées de "décennie perdue" pour le continent.

Selon la Banque mondiale, jusqu'à fin 2020, le stock total de la dette extérieure de l'Afrique subsaharienne a dépassé 700 milliards de dollars, et les créanciers privés, la dette publique multilatérale et la dette publique bilatérale représentaient respectivement 47%, 26% et 16%.

De 2010 à 2020, le stock de la dette multilatérale dans la dette à long terme de l'Afrique subsaharienne est passé de 78 à 185 milliards de dollars, soit une croissance de 137%. En 2019, les institutions financières privées des pays membres du Club de Paris ont dépassé les institutions financières multilatérales pour devenir les plus grands créanciers de l'Afrique.

Quant à la Chine, ce n'est qu'en 1995 qu'elle a accordé son premier prêt gouvernemental sous forme de crédit préférentiel à moyen et long terme à un pays en développement. Les financements chinois pour l'Afrique, qui ont connu une croissance rapide depuis 2000, sont constitués pour une bonne partie de dons et de prêts sans intérêt.


QUI A CREE LE "PIEGE DE LA DETTE" DE L'AFRIQUE ?


Selon un rapport de la Banque mondiale, l'Initiative la Ceinture et la Route pourrait contribuer à sortir 7,6 millions de personnes de la pauvreté extrême et 32 millions de personnes de la pauvreté modérée.

Il y a les bonnes dettes et les mauvaises dettes. Les pays en développement, par manque de capitaux, sont parfois obligés de solliciter des prêts pour soutenir leur développement. Si ces prêts contribuent à l'emploi et au bien-être social et permettent de développer des projets qui assurent leur remboursement, alors ce sont les bonnes dettes.

Les prêts occidentaux à l'Afrique, cependant, sont principalement destinés à des secteurs non productifs qui ne peuvent ni augmenter les recettes fiscales des pays africains, ni leur rapporter des devises. Les pays débiteurs sont ainsi pris dans un cercle vicieux dans lequel plus on emprunte d'argent, plus on s'appauvrit.

De plus, les institutions financières occidentales se servent des dettes pour s'ingérer dans les affaires intérieures des pays africains. Un haut fonctionnaire africain s'est plaint du nombre étonnant de réformes institutionnelles exigées par le FMI pour son pays : plus de 500 par an, soit 1,5 réforme en moyenne par jour !

Bref, les dettes occidentales ont pris l'Afrique dans les pièges du sous-développement et de l'instabilité et sont contreproductives pour le développement du continent.


ET LES PRETS CHINOIS A L'AFRIQUE ?


Comme "La coopération sino-africaine dans l'ère nouvelle", livre blanc publié par le gouvernement chinois l'année dernière, l'a précisé, les prêts chinois aux autres pays en développement sont destinés à financer des projets productifs ayant des retombées sociales et économiques et des projets d'infrastructure de taille grande et moyenne. Durant les deux premières décennies du 21e siècle, la Chine a construit pour l'Afrique plus de 13.000 kilomètres de routes et de voies ferrées, plus de 80 projets électriques de grande envergure, plus de 130 centres médicaux, 45 stades et plus de 170 écoles.

Et, dans sa coopération avec l'Afrique, la Chine s'est toujours gardée de s'ingérer dans les efforts des pays africains visant à trouver une voie de développement adaptée à leurs conditions nationales, de s'immiscer dans les affaires intérieures africaines, d'imposer sa propre volonté à l'Afrique, d'assortir les aides à l'Afrique de conditions politiques quelconques, et de chercher des intérêts politiques égoïstes dans la coopération en matière d'investissement et de financement avec l'Afrique.

Comme ce qu'a indiqué un article intitulé "Le 'piège de la dette' chinois est un mythe", publié dans le magazine américain The Atlantic en 2021, le récit du "piège de la dette" n'est que cela : un mensonge, et un gros mensonge.

Nombre de grandes institutions de recherche internationales ont aussi révélé que la Chine n'avait jamais saisi d'actifs d'un pays quelconque.


LE "PIEGE DE LA DETTE CHINOISE", AU FOND, QU'EST-CE QUE C'EST ?


Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage.

C'est d'abord un piège narratif. En réalité, ce n'est qu'une nouvelle version, encore plus piètre, de la "théorie de la menace chinoise". Comme le conseiller d'Etat et ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi l'a dit, "S'il existe des pièges en Afrique, ce sont des pièges de la pauvreté et du sous-développement dont le continent doit se débarrasser le plus vite possible."

C'est ensuite une logique hégémonique. Car selon cette théorie, les prêts occidentaux sont des investissements, mais les autres sont un piège.

C'est enfin un outil pour contrer la Chine. D'apparence académique, cette "théorie" est pour certains un outil parfait pour dénigrer la coopération extérieure de la Chine et réduire son espace de coopération et de développement à l'international.


QU'EST-CE QUE LA CHINE A FAIT ?


Seuls les faits sont éloquents.

Lors de la 8e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine tenue à Dakar en novembre dernier, la Chine a annoncé une série de mesures concrètes sur la question de la dette des pays africains détenue par la Chine. Elle a pleinement mis en œuvre l'Initiative du G20 sur la suspension du service de la dette, devenant le plus grand contributeur à l'allègement des dettes africaines parmi les pays membres du G20.

Dans la ville du Cap en Afrique du Sud, le groupe chinois Hisense et le Fonds de développement Chine-Afrique ont investi 350 millions de rands pour construire le parc industriel Hisense. Cette usine d'appareils électroménagers, le plus grand projet d'investissement jamais réalisé par une entreprise chinoise en Afrique du Sud depuis 40 ans, a créé plus de 1.000 postes d'emploi directs et plus de 5.000 postes d'emploi indirects pour la population locale. Les produits fabriqués dans cette usine, conformes aux standards des pays développés, ont permis au "Made in South Africa" de gagner le marché européen.

Aider l'Afrique à sortir de la pauvreté et à réaliser le redressement, c'est justement ce que la Chine a fait et continuera de faire. La justice est dans le cœur de chacun. Qui donc aide sincèrement l'Afrique ? Qui donc est le partenaire le plus fiable de l'Afrique ? Les peuples africains sont lucides et connaissent naturellement la réponse. Fin

(Xin Ping est un spécialiste des affaires internationales)

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Source: Agence de presse Xinhua
Retournez en haut de la page