Que peut-on attendre des négociations entre les Etats-Unis et la Russie à Genève? (ANALYSE)

Par : Lisa |  Mots clés : USA,Russie,négociations,perspectives
French.china.org.cn | Mis à jour le 09-01-2022

Quelles sont les chances de succès des prochains pourparlers sur la sécurité entre les responsables américains et russes lundi à Genève? Qu'est-ce que le monde doit attendre de cette dernière manœuvre entre les deux grandes puissances mondiales?

La réunion à huis clos du début de l'année s'inscrit dans le cadre du Dialogue sur la stabilité stratégique qui s'était initialement concentré sur la réactivation des traités de contrôle des armes nucléaires de l'après-guerre froide et a été relancé par le président américain Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine lors de leur sommet en juin dernier, qui s'était également déroulé dans la ville suisse.

Les pourparlers du 10 janvier devraient se concentrer sur les accords de contrôle des armements, la cybersécurité, le changement climatique, mais en particulier l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), les activités militaires russes et les tensions croissantes autour de l'Ukraine.

Les discussions se poursuivront ensuite à Bruxelles dans le cadre du Conseil OTAN-Russie le 12 janvier et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) le 13 janvier.


PAS DE SOLUTIONS RAPIDES


"Nous devons gérer les attentes", a déclaré à Xinhua Thomas Greminger, directeur du Geneva Center for Security Policy (GCSP), qui a précédemment été secrétaire général de l'OSCE de 2017 à 2020, dans un entretien virtuel.

"Je pense que c'est bien qu'ils se rencontrent et discutent, mais il est clair qu'il n'y a pas de solution miracle pour les problèmes à l'ordre du jour", a-t-il souligné.

Keith Krause, professeur à l'Institut de hautes études internationales et du développement à Genève, et directeur de son Centre sur les conflits, le développement et la consolidation de la paix (CCDP), s'est dit "pas très optimiste". "Je pense que c'est plutôt le début d'une conversation à plus long terme."

"C'est un processus long et lent car il existe de nombreuses différences très claires entre les deux. L'Ukraine en fait partie, mais il y a un certain nombre d'autres questions qui sont assez conflictuelles à ce stade", a-t-il confié à Xinhua par visioconférence.

Lors d'un entretien téléphonique entre MM. Biden et Poutine le mois dernier, les deux dirigeants ont discuté de la décision de lancer des négociations sur la fourniture de garanties juridiques visant à assurer la sécurité de la Russie afin d'empêcher une nouvelle escalade des tensions.

M. Biden a à son tour souligné que la Russie et les Etats-Unis portaient une responsabilité particulière pour assurer la stabilité en Europe et dans le monde.

"Les intérêts communs sont clairs. La voie à suivre en termes d'accords sur les armes nucléaires n'est pas si claire, mais ce n'est pas un point sensible où il y a un niveau élevé de tension à ce stade", a indiqué M. Krause.

Le premier sommet en face à face des dirigeants s'est également tenu à Genève le 16 juin de l'année dernière, à un moment où la communauté internationale s'accordait largement à dire que les relations entre le Kremlin et la Maison Blanche étaient au plus bas depuis des années.

Au cours du sommet, ils ont discuté de questions telles que la stabilité stratégique et la cybersécurité.

"Je m'attends à ce que la réunion de lundi soit l'occasion d'exprimer des préoccupations mutuelles, des attentes mutuelles", a déclaré M. Greminger, ajoutant qu'il est clairement "très important d'impliquer tous les Européens et en particulier les Etats directement concernés dans cette conversation dès que possible".


LE DOSSIER UKRAINIEN


Les deux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies et ennemis de la guerre froide ont également promis de désamorcer l'impasse sur l'Ukraine.

Au milieu de l'aggravation des tensions, l'administration Biden a déjà sonné l'alarme sur un renforcement militaire aux frontières de l'Ukraine et menacé de nouvelles sanctions radicales contre la Russie si elle envahissait l'ex-pays soviétique.

M. Poutine a nié toute intention d'attaquer son voisin et a répondu que de nouvelles représailles économiques à grande échelle entraîneraient une rupture des relations entre Moscou et l'Occident.

Cela survient alors que vendredi, les ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l'OTAN ont tenu une réunion virtuelle extraordinaire pour discuter des déploiements de troupes russes autour de l'Ukraine et de questions de sécurité européennes plus vastes.

Entre-temps, une adhésion à l'OTAN est devenue l'une des priorités de la politique étrangère de l'Ukraine. En février 2019, le Parlement ukrainien a adopté des amendements à la Constitution, garantissant l'aspiration du pays à rejoindre l'alliance.

Lorsqu'on lui a demandé s'il s'attendait à des résultats dans les pourparlers entre MM. Biden et Poutine concernant la candidature de l'Ukraine à participer à l'OTAN, M. Greminger a répondu : "Même sans ces tensions actuelles et sans cette réunion sur le point d'avoir lieu, une adhésion de l'Ukraine à l'OTAN ne peut pas être attendue de si tôt car il y a un moratoire de facto sur cette question dans quelques capitales occidentales très importantes".

M. Krause a acquiescé : "Je ne pense pas que l'Ukraine rejoindra l'OTAN de si tôt. Je pense que le pays lui-même est en quelque sorte divisé".


LIGNES DE FAILLE GEOPOLITIQUES


Thomas Greminger a averti que les tensions géopolitiques entre Washington et Moscou allaient probablement se poursuivre dans la nouvelle année, mais il espérait qu'un terrain d'entente pour la coopération pourrait au moins être trouvé.

"Je ne doute pas que cette compétition géopolitique, cette rivalité géopolitique se poursuivra tout au long de 2022. Mais j'espère voir dans ces pourparlers à Genève un indicateur de la volonté des grandes puissances d'au moins gérer cette compétition avec attention."

"Cela impliquerait qu'ils identifient des domaines d'intérêt commun où ils accepteraient de coopérer malgré la concurrence géopolitique. Il existe des domaines potentiels évidents de coopération", a-t-il souligné.

M. Greminger a insisté sur le fait que les deux parties pourraient trouver un terrain d'entente sur des questions allant du changement climatique, de la transformation technologique et de l'intelligence artificielle à la lutte mondiale contre la COVID-19.

"Ces questions très difficiles ne peuvent être traitées que par le dialogue et la diplomatie", a-t-il noté.

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Source: Agence de presse Xinhua
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