Déchets plastiques : reflet du sens des responsabilités américain envers l'environnement

Par : Lisa |  Mots clés : Etats-Unis,déchets plastiques
French.china.org.cn | Mis à jour le 28-09-2021

La Chine a dévoilé au monde plus tôt ce mois-ci un plan d'action visant à contrôler la pollution de plastique pour les cinq prochaines années. Ce plan d'action constitue la dernière action concrète de Beijing pour combattre la "pollution blanche".

De l'autre côté de la planète, les Etats-Unis, dont la production de déchets plastiques est la plus élevée au monde, détiennent toujours son triste record mondial. Selon une étude publiée en 2020 par la revue américaine Science Advances, les Etats-Unis en ont produit 42 millions de tonnes en 2016 (le dernier chiffre disponible à la date de la publication de l'étude), soit 130 kgs par an et par habitant.


L'ASIE COMME BOUC EMISSAIRE

S'appuyant depuis longtemps sur l'exportation pour se débarrasser de ses ordures encombrantes, parfois de qualité médiocre, ce champion du monde de la pollution plastique a pourtant réussi à détourner l'attention de l'opinion publique en accusant une poignée de pays asiatiques d'en être responsables.

En octobre 2020, l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a désigné cinq pays asiatiques, à savoir la Chine, l'Indonésie, les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam, comme étant les principaux émetteurs des déchets plastiques déversés chaque année dans les océans.

En réalité, moins de 10% des déchets plastiques américains sont recyclés et les Etats-Unis envoient depuis 30 ans environ 50% de leurs déchets plastiques recyclables à l'étranger, principalement en Chine qui en a traité près de la moitié de la production mondiale depuis 1992, ainsi que dans d'autres pays en voie de développement, selon Sciences Advances.

Après l'interdiction par la Chine depuis 2018 des importations de 24 types de déchets solides, dont le plastique, en raison de préoccupations environnementales et sanitaires, les Etats-Unis ont dérouté les leurs vers l'Asie du Sud-Est, expédiant 68.000 conteneurs en 2018 au Vietnam, en Malaisie et en Thaïlande, a rapporté le journal britannique The Guardian.


L'AFRIQUE, PROCHAINE VICTIME

Lorsque ces pays asiatiques, n'ayant plus voulu être le dépotoir des déchets plastiques du reste du monde comme l'avait été la Chine, ont fermé la porte à leur tour, les regards des industriels américains se sont reportés sur l'Afrique.

D'après le New York Times, sous pression du lobby américain des pétrochimistes, Nairobi est obligé de négocier avec Washington depuis l'an dernier de nouveaux accords économiques, dans lesquels les Américains promettent des investissements dans l'industrie de recyclage kenyane, à condition que le Kenya accepte leurs déchets plastiques.

Une fois l'accord signé, le Kenya, qui a donné l'exemple en interdisant la fabrication et l'importation de sacs en plastique sur son sol depuis 2017, a dû non seulement céder aux intérêts américains en leur ouvrant ses portes, mais aussi devenir probablement le point d'entrée des déchets plastiques sur le continent africain.

Le Guardian a révélé pour sa part que d'autres pays africains tels que l'Ethiopie et le Sénégal figuraient également parmi les destinations où des centaines de milliers de tonnes de déchets plastiques américains seraient expédiées chaque année.


LA VRAIE RESPONSABILITE

Il est évident que ni la recherche d'un bouc émissaire ni le déversement d'ordures chez ses voisins n'aide à protéger la Terre.

Dave Ford, fondateur de l'Ocean Plastics Leadership Network (OPLN), a essayé en 2019 de rassembler des industriels et des défenseurs de l'environnement pour trouver des solutions au problème posé par les déchets plastiques. "Au moins une dizaine d'entreprises américaines me disent ne pas comprendre pourquoi elles devraient rejoindre cette initiative, car elles estiment que le problème concerne principalement l'Asie". La méprise de la question réelle risque de nous écarter de la véritable solution.

L'exportation de déchets vers les pays n'ayant pas la capacité adéquate de les traiter représente une menace encore plus tangible pour l'environnement.

"Le Kenya n'a absolument aucune capacité de recyclage et encore moins de stockage pour des millions de tonnes de déchets", a affirmé Frederick Njehu, responsable de Greenpeace Afrique à Nairobi. "De plus, seuls 7% de ces déchets peuvent être recyclés. Le reste terminera dans les décharges. C'est une menace énorme pour la vie marine, les rivières, les sols, sans parler des fumées toxiques qui s'en dégageront".

Des experts affirment que les Etats-Unis devraient désormais faire face au véritable coût de leur dépendance au plastique et leur défaillance systémique dans les processus de recyclage, plutôt que de transférer le problème vers d'autres pays.

"Nous ne pouvons pas continuer à agir ainsi et nous comporter comme si le statu quo offrait une solution aux problèmes actuels. Nous devons changer radicalement la façon dont nous parlons au public, la manière dont nous collectons et traitons nos matières recyclables", selon Marjorie Griek, directrice exécutive de la National Recycling Coalition (NRC) des Etats-Unis.

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Source: Agence de presse Xinhua
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