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Les représentants politiques français doivent éviter les initiatives dangereuses pour les relations sino-françaises

French.china.org.cn | Mis à jour le 24. 09. 2021 | Mots clés : Taiwan

Les médias français ont récemment rapporté que le président du « groupe d’amitié France-Taiwan » du Sénat, Alain Richard, insiste pour conduire une délégation à Taiwan du 4 au 11 octobre, malgré les protestations répétées de la partie chinoise. Les politiciens taiwanais et les représentants du Parti démocrate progressiste se réjouissent de ce qu’ils perçoivent comme une « percée diplomatique ». En réalité, en observant l’évolution récente des affaires intérieures et diplomatiques en France, on constate qu’il s’agit d’une vitrine utilisée par certains hommes politiques pour gagner en visibilité. Toutefois, le danger que cela représente pour les relations sino-françaises et pour le respect du principe d’une seule Chine ne peut être sous-estimé.

L’insistance d’Alain Richard sur la question a beaucoup à voir avec son désir de gagner en capital politique dans le contexte actuel en France. À l’approche de l’élection présidentielle de 2022, l’engagement et l’intérêt des partis pour la campagne ne cessent de croître. Selon les sondages, le président sortant Emmanuel Macron, porteur du changement il y a quatre ans, et Marine Le Pen, cheffe de file du parti d’extrême droite le Rassemblement national, demeurent les favoris du scrutin, tandis que ni le traditionnel parti de droite, rebaptisé les Républicains, ni le Parti socialiste à gauche ne parviennent à retrouver leur popularité d’antan. Alain Richard, qui était lui-même socialiste et a été ministre de la Défense du gouvernement Jospin entre 1997 et 2002, n’a pas réussi à s’imposer depuis et a dû se contenter de son poste de sénateur, malgré sa rapidité à changer de camp lorsque le président Macron a formé son nouveau parti, la République en marche, en 2017. 

Le vice-président du « groupe d’amitié France-Taiwan », Max Brisson, fait partie des Républicains, tandis qu’un autre membre du groupe, André Vallini, est socialiste. Ce groupe composé de personnalités marginales issues de divers partis tente ainsi d’attirer l’attention en faisant du bruit autour de Taiwan, dans l’espoir de gagner en visibilité pour les élections législatives qui auront lieu dans la foulée de l’élection présidentielle.

Il ne faut cependant pas sous-estimer la gravité et le caractère pernicieux de ce projet de visite. Tout d’abord, cette initiative est susceptible de rendre les forces antichinoises en France encore plus agressives qu’elles ne le sont actuellement. Ces dernières années, une partie de l’opinion publique française et certains hommes politiques se sont associés aux forces internationales antichinoises pour dénigrer, harceler et exercer des pressions sur la Chine sur des questions relatives au Xinjiang, au Tibet, à Hong Kong, à Taiwan, à la pandémie de COVID-19 et aux sciences et technologies. Sous couvert de prétendues valeurs occidentales, de « liberté d’expression » et de « sauvegarde de la démocratie », ils se livrent à des intimidations verbales et à la diffusion de fausses informations. M. Richard n’a cessé de militer pour conduire des délégations à Taiwan, tandis que le travail normal et les négociations menées par le ministère chinois des Affaires étrangères ont été calomniés par certains médias et universitaires français en étant décrits comme de « l’ingérence chinoise dans le système démocratique français » et une « diplomatie du loup combattant ».

En parallèle, les voix françaises qui se sont élevées pour présenter une image véridique de la Chine ont souvent été dénigrées par les médias et les politiciens. L’écrivain français Maxime Vivas, qui s'est rendu à deux reprises dans la région chinoise du Xinjiang et qui a écrit le livre Ouïghours : pour en finir avec les fake news, a été la cible d’attaques et de diffamation sur Internet. L’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) a publié un rapport intitulé Les opérations d’influence chinoises sur le modèle des rapports publiés par les organismes antichinois aux États-Unis et en Australie, accusant les institutions, les amis et les activités qui promeuvent objectivement la Chine et les relations sino-françaises de diffuser de fausses informations et de participer à une expansion d’influence. Ce sont des actes de diffamation et de stigmatisation des activités normales de la Chine, notamment dans les domaines de la promotion des échanges et de la communication entre la Chine et la France.

Cette visite est susceptible d’encourager les parlementaires et les médias français à de dangereuses tentatives consistant à tâter le terrain sur des questions liées aux intérêts fondamentaux de la Chine ou à mettre en péril les fondations de la confiance mutuelle politique entre la Chine et la France sous couvert d’affaires intérieures et de liberté d’expression. La signature récente d’un contrat entre le groupe aérospatial français Dassault et Taiwan pour la modernisation d’avions de combat Mirage, ainsi que l’accord signé l’an dernier par le ministère français de la Défense portant sur la vente de systèmes de brouillage de frégates sont autant de démarches périlleuses effectuées dans le contexte général des relations sino-françaises au nom des intérêts des exportations de défense et qui méritent la plus grande prudence.

La visite programmée par Alain Richard pourrait également créer une réaction en chaîne négative en Europe sur la question de Taiwan. Le récent accord conclu par le gouvernement lituanien en vue de l’ouverture d’un « bureau de représentation » à Taiwan et l’adoption par la Commission des affaires étrangères du Parlement européen d’un rapport intitulé Relations politiques et coopération UE-Taiwan témoignent des tentatives de certains pays et représentants politiques européens d’user de méthodes dangereuses sur la question. Si ce comportement crée un effet d’entraînement néfaste, il portera gravement atteinte à la confiance politique et aux fondations des relations sino-européennes.

Le principe d’une seule Chine constitue la base et la ligne de fond des relations diplomatiques, de la confiance mutuelle politique et des interactions normales de la Chine avec tout autre pays. Aucun pays ne doit sous-estimer la solide détermination, la ferme volonté et la puissante capacité du peuple chinois à défendre la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale. Sur tout ce qui a trait aux grandes questions d’unité et d’intégrité territoriale de la nation, le gouvernement et le peuple chinois défendront leur souveraineté et leur dignité à tout prix. Par le passé, lorsque le gouvernement français a gravement enfreint la ligne de fond de la Chine sur la question des ventes d’armes et a sapé la stabilité entre les deux rives du détroit de Taiwan, les relations sino-françaises en ont lourdement pâti. Il est à espérer que les quelques politiciens impliqués aujourd’hui dans ces questions réaliseront à temps la nécessité d’éviter le retour d’une dynamique qu’aucune des deux parties ne souhaite voir se reproduire.


(Traduction d'un article en chinois rédigé par Dong Yifan, chercheur adjoint à l’Institut d’études européennes de l’Académie chinoise des relations internationales modernes.) 

*L'auteur est seul responsable des opinions exprimées dans ce texte. Le site French.china.org.cn ne pourra en aucun cas être tenu pour responsable de son contenu.


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Source:french.china.org.cn