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La Chine réfute les allégations américaines et européennes de « pratiques non commerciales » dans le secteur de l'aviation chinois

French.china.org.cn | Mis à jour le 17. 06. 2021 | Mots clés : Airbus,Boeing

Le ministère chinois des Affaires étrangères a réfuté le 16 juin les allégations de pratiques non commerciales dans l'industrie aéronautique chinoise figurant dans un communiqué américain publié à la suite d'une trêve conclue entre les États-Unis et l'Union européenne au sujet d'un différend de longue date entre Airbus et Boeing, affirmant que de telles accusations sont sans fondement.

Selon des observateurs chinois, la tentative apparente des États-Unis et de l'Union européenne de cibler le développement de la Chine pourrait également nuire à l'industrie aéronautique mondiale dans son ensemble à long terme, car la Chine est un énorme marché pour les fournisseurs mondiaux.

Les États-Unis et l'Union européenne sont convenus le 15 juin d'une trêve de cinq ans pour mettre fin à leur différend commercial sur les subventions aux avions pour Boeing et Airbus qui dure depuis 17 ans.

« De manière significative, nous avons également décidé de travailler ensemble pour contester et contrer les pratiques non marchandes de la Chine dans ce secteur qui donnent aux entreprises chinoises un avantage injuste », a déclaré le même jour le président américain Joe Biden dans un communiqué.

Bien que le différend de longue date sur les subventions aux avions n'ait pas grand-chose à voir avec la Chine, pareille déclaration cible manifestement largement Commercial Aircraft Corp of China, le producteur de l’avion de ligne C919 de fabrication purement chinoise, un concurrent émergent d'Airbus et de Boeing.

« La Chine n'acceptera pas les accusations sans fondement de pratiques non commerciales », a déclaré le 16 juin Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, en réponse à la déclaration de Washington, exhortant l'Union européenne et les États-Unis à se concentrer sur leur propre développement et à ne pas pointer la Chine du doigt.

Selon M. Zhao, le développement des relations entre les États-Unis et l'Union européenne est leur affaire interne, mais ils ne devraient pas porter d'accusations aléatoires contre la Chine, ajoutant que jouer sur le soi-disant défi chinois et cibler la Chine est une marque d’étroitesse d'esprit, et non la manière de penser que les grandes puissances telles que les États-Unis et l'Union européenne devraient avoir.

Le secteur de l'aviation n'a jamais été un secteur purement commercial aux États-Unis ou dans l'Union européenne, et Airbus et Boeing ont eux-mêmes utilisé des « pratiques non commerciales » dans le passé, a de son côté souligné le 16 juin au Global Times Lin Zhijie, un analyste indépendant.

« L'OMC a déterminé que les États-Unis et l'Union européenne avaient accordé des subventions pour les avions produits localement. Certains des accords des entreprises, tels que la tentative de Boeing d'acquérir Embraer SA et l'accord d'Airbus avec Bombardier, peuvent également être considérés comme des pratiques non marchandes », a-t-il noté.

Les observateurs chinois estiment pour leur part que l'industrie de l'aviation est soulagée de voir cette trêve, car elle pourrait également contribuer à faire baisser les prix des billets d'avion, ce qui pourrait aider l'industrie du voyage durement touchée par l'épidémie de COVID-19.

Toutefois, a déclaré le 16 juin au Global Times Qi Qi, un expert du marché, la trêve aura un impact limité sur le C919 chinois, car il constitue encore une arrivée tardive parmi ses pairs mondiaux et il en est à la première étape, et il faudra de plus encore du temps pour que le C919 obtienne l'approbation du marché mondial.

Il a également averti que de telles allégations de « pratiques non commerciales » ne feront que nuire aux intérêts des fournisseurs de l'industrie aéronautique mondiale, y compris ceux des États-Unis. L'industrie aéronautique chinoise est toujours en retard et a toujours besoin de l'aide de fournisseurs mondiaux en termes d'équipements, de composants et de solutions système haut de gamme.

Le fait est aussi que le marché de l'aviation chinois est un marché très important pour les États-Unis, et le PDG du constructeur aéronautique américain Boeing a d’ailleurs déclaré à plusieurs reprises que Boeing était impatient de reconquérir le marché chinois le plus rapidement possible.

Selon Reuters, ce dernier commentaire est survenu le 4 juin, lorsque le directeur général de Boeing, Dave Calhoun, a de nouveau manifesté son inquiétude concernant les relations commerciales sino-américaines, affirmant qu'il ne pouvait pas prédire quand un « dégel » permettra de relancer la livraison d’appareils dans l'un des pays au marché de l'aviation à la croissance la plus rapide au monde.

Les États-Unis s'engagent également avec la Chine dans l'espoir que le régulateur chinois de l'aviation pourra autoriser la reprise du service des avions Boeing 737 MAX. Les avions ont été cloués au sol il y a plus de deux ans après deux accidents mortels.

Dans une interview à Bloomberg, la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, a assuré le 15 juin que les États-Unis travaillaient à la reprise des vols. « La Chine est un grand marché et nous devons nous assurer que les entreprises américaines peuvent y faire des affaires et y exporter », a également noté Mme Raimondo.

Interrogé sur cet engagement, M. Zhao a répondu que les modifications de conception doivent être certifiées, que les pilotes doivent recevoir une formation appropriée et que des améliorations efficaces doivent être apportées pour répondre aux conclusions spécifiques des enquêtes sur les accidents.

Les vols utilisant le Boeing 737 MAX en Chine sont en train de reprendre, mais la reprise sera lente, nécessitant l'approbation des régulateurs de l'aviation chinois et même des vols d'essai supplémentaires, a déclaré le 16 juin au Global Times Wang Ya'nan, rédacteur en chef du magazine Aerospace Knowledge, ajoutant que la trêve entre Boeing et Airbus réduira inévitablement une partie de l'avantage de prix des avions chinois, qui offrent des normes de qualité internationales mais dont les prix sont inférieurs à ceux de Boeing et d'Airbus.

« La levée des droits rendra sans aucun doute les produits Boeing et Airbus moins chers sur les marchés américain et européen, et pour les avions chinois qui arrivent tardivement, la concurrence sera encore plus intense », a-t-il noté.


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Source:french.china.org.cn