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L’avenir commun de l’Asie et du monde dépend de la coopération étroite et gagnant-gagnant de tous

French.china.org.cn | Mis à jour le 16. 04. 2021 | Mots clés : BAN KI-MOON,BFA,Forum de Boao
BAN KI-MOON est président du BFA et ancien secrétaire général de Nations Unies.


Cette année marque le 20e anniversaire du Forum de Boao pour l’Asie (BFA). C’est un moment important : il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous pouvons nous retourner et bien plus à espérer ; il y a beaucoup à célébrer et bien plus à imaginer ; il y a beaucoup de choses dont nous pouvons être fiers et bien plus à planifier. C’est un moment de fête, d’honneur et de responsabilité. 

Pour une institution, 20 ans, c’est peu. Le BFA a toujours l’air « jeune » par rapport à ses pairs internationaux. Cependant, sa courte histoire coïncide avec l’une des périodes les plus difficiles, mais également dynamiques de l’Asie. Sa mission reflète les besoins, les souhaits et les intérêts fondamentaux des pays asiatiques. Ses efforts impliquent les parties prenantes les plus larges possibles de la paix et de la prospérité en Asie. 

Des solutions aux défis urgents 

Chaque printemps, plus de 2 000 chefs d’État et de gouvernement, PDG et économistes viennent d’Asie et du monde entier pour une réunion intensive de quatre jours, porteuse de réflexions et tournée vers l’avenir, sur les questions les plus urgentes du moment. C’est l’occasion pour ces dirigeants de s’écouter les uns les autres, d’échanger des points de vue, de coordonner des politiques et de mener des actions concertées. Il ne s’agit pas seulement de gouvernements, mais aussi de chefs d’entreprise, d’universitaires et d’experts. C’est la vision, la sagesse et le jugement collectifs de la « famille Boao » qui forment la voix, les idées et les solutions au sujet des défis urgents. 

Le forum a été conçu avec une mission. De plus hauts niveaux de coopération économique aident les pays asiatiques à se rapprocher de leurs objectifs de développement. Le but ultime est de parvenir à une prospérité commune à travers l’intégration économique asiatique. 

Le chemin vers cet objectif est cahoteux, mais les progrès sont remarquables. Aujourd’hui, l’Asie est devenue le moteur de croissance le plus dynamique du monde. Vingt ans de croissance et de réformes structurelles ont consolidé les bases des économies asiatiques. Leur résilience et leur force ont résisté au test de la crise financière mondiale de 2008. Des marchés émergents tels que la Chine et l’Inde ont acquis une importance mondiale. Les victimes de la tempête financière de 1998, telles que la République de Corée, se sont élevées dans le classement des hauts revenus. 

Les retardataires, comme le Vietnam, le Cambodge, le Bangladesh et les Philippines sont à présent des étoiles brillantes de croissance. 

Le commerce intrarégional joue un rôle plus important 

Les pays asiatiques ont accompli de belles choses au niveau individuel, mais aussi en étroite coopération et coordination les uns avec les autres. Le commerce et les investissements intra-asiatiques représentent désormais plus de la moitié du total, ce qui signifie que les pays asiatiques se tournent davantage les uns vers les autres que vers l’Amérique du Nord et l’Europe, pour ce qui est des opportunités économiques. Les accords commerciaux régionaux et bilatéraux lient plus que jamais l’Asie. Les méga-accords, tels que l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste et le Partenariat régional économique global ont fait de bons progrès ou sont en progrès. 

Les accords de libre-échange bilatéraux couvrent non seulement de plus larges domaines, mais ils ont également été portés à des niveaux beaucoup plus élevés. La libre circulation des biens, des services, des capitaux et de la main-d’œuvre est devenue une réalité dans de nombreuses régions d’Asie. Le continent asiatique est bien plus interconnecté et interdépendant qu’il y a 20 ans. Tout comme la fierté des Asiatiques et l’identité asiatique qui font partie intégrante d’une Asie économiquement intégrée. 

Pourtant, le développement et l’intégration de l’Asie ne sont pas isolés du monde. Les 20 dernières années ont en grande partie coïncidé avec les « jours dorés » de la mondialisation économique. Au cours des années précédant la crise financière mondiale en particulier, nous avons profité d’une période de prospérité mondiale synchronisée et d’un boom du commerce et des investissements mondiaux. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a réduit les tarifs douaniers et abaissé les barrières. L’atmosphère était à la confiance, à l’optimisme, à l’ouverture et orientée vers l’avenir. 

Les choses ont commencé à tourner dans l’autre sens avec la crise de 2008, et pour le pire ces dernières années avec l’émergence de l’unilatéralisme, du protectionnisme et de la démondialisation. Des tarifs douaniers sont à nouveau utilisés comme une arme pour défendre des intérêts nationaux. Les frictions commerciales se font de plus en plus menaçantes, écartant les pays au lieu de les rapprocher. Le multilatéralisme cède la place à l’unilatéralisme. Les institutions mondiales qui ont longtemps soutenu la paix et la prospérité mondiales risquent d’être mises à l’écart. 

De tels développements négatifs ne peuvent que mettre en danger le processus d’intégration de l’Asie et, plus encore, ses perspectives de croissance durable. Il est de notre devoir de parler haut et fort en faveur de la mondialisation, du libre-échange, du multilatéralisme et d’un avenir commun pour l’Asie et le monde. Il faut agir maintenant. À travers des conférences, des ateliers, des dialogues et des tables rondes, nous nous sommes efforcés de parvenir à des consensus et d’explorer des solutions innovantes. Nous sommes réconfortés d’entendre les dirigeants politiques réaffirmer leur position en faveur d’une économie mondiale ouverte. 

Xi Jinping, le président de la Chine, pays hôte du BFA, a notifié au monde que la Chine s’ouvrirait toujours plus. Des institutions multilatérales telles que les Nations Unies, le Fonds monétaire international (FMI) et l’OMC continuent de bénéficier du soutien de la grande majorité des pays. De nouvelles institutions telles que la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures et la Nouvelle banque de développement injectent du sang neuf et de la vigueur dans la gouvernance mondiale. De nouveaux projets de développement tels que l’initiative « la Ceinture et la Route » promettent d’alimenter une mondialisation plus équilibrée, ouverte et inclusive. 

La beauté et la valeur du BFA, ce sont les personnes, les idées et l’action. En rassemblant les meilleurs esprits, nous sommes capables de mettre en commun leur vision et leur sagesse, d’inspirer des idées innovantes et de les traduire en politiques et actions qui changeront l’Asie et le monde. C’est le rôle que le forum a joué ces 20 dernières années, alimentant l’intégration économique asiatique, favorisant le développement asiatique et, aujourd’hui, luttant contre les courants sous-jacents qui mettent en péril la mondialisation, le libre-échange, le multilatéralisme et notre avenir commun à tous. 

Il est d’autant plus important de penser aux 20 prochaines années et plus loin encore, et de les planifier, non seulement pour l’Asie, mais pour l’ensemble du monde. Des années de travail sur les affaires mondiales m’ont donné confiance dans la capacité de l’humanité à faire face aux défis. 

En 2015, les Nations Unies ont adopté l’Agenda 2030 et ses 17 Objectifs de développement durable (ODD). Aucun d’entre eux n’est facile à atteindre, en particulier pour un continent aussi diversifié que l’Asie. Le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a été réduit de moitié, mais éliminer l’extrême pauvreté d’ici 2030 reste une tâche ardue. Les besoins de base en matière d’éducation, de soins de santé, d’eau potable et d’installations sanitaires ne sont pas satisfaits dans de nombreuses régions du monde, sans compter la nécessité de fournir des emplois décents et d’améliorer la qualité de vie. Protéger notre planète et combattre le changement climatique ne devraient en aucun cas n’être que des mots creux. L’urgence d’agir croît de jour en jour. 

Tous ces défis imposent que chaque pays s’acquitte de ses devoirs et que tous travaillent ensemble pour de bon. Il n’y a pas de retour en arrière dans la mondialisation et il n’y a pas de planète B. Nous sommes sur le même bateau, en toutes circonstances. Il y a 20 ans, le BFA a vu le jour pour rassembler les pays asiatiques. Aujourd’hui, la nécessité pour l’Asie de rester unie ne fait que croître avec la complexité et l’instabilité grandissantes dans le monde. 

La pandémie a donné au monde une leçon amère 

La pandémie de COVID-19 nous a appris une leçon amère, mais qui donne à réfléchir. Au départ crise médicale, elle est à présent devenue une crise économique et risque de se transformer en crise financière. Des gens ont été infectés et ont perdu la vie. Les lourds confinements ont frappé le système de l’offre et de la demande plus durement que la crise financière mondiale. Les pays sont confrontés à un « trilemme » entre santé publique, relance économique et viabilité financière. 

Une telle crise mondiale appelle une réponse mondiale coordonnée et une coopération internationale. Les efforts multilatéraux sont indispensables pour bâtir une défense mondiale contre le virus. Les pays vulnérables, en particulier, ont besoin de l’aide internationale pour compenser les insuffisances de leur système de santé publique. L’accès aux vaccins doit être coordonné au niveau mondial pour assurer leur disponibilité et leur abordabilité. 

Il en va de même pour les politiques macroéconomiques, le commerce international et les investissements transfrontaliers. Le FMI a mis en garde contre le retrait prématuré des politiques budgétaires et monétaires expansionnistes. Les nations doivent coordonner leurs stratégies de sortie. Le commerce mondial et l’investissement devraient chuter d’un pourcentage à deux chiffres. C’est le moment de renforcer le système de commerce multilatéral basé sur des règles et de relancer la mondialisation et le libre-échange. 

Il y a également une leçon à tirer pour l’Asie et le BFA. L’avenir durable de l’Asie ne se limite pas à l’économie et au commerce. Il concerne aussi la santé, l’éducation, l’innovation, la culture et les médias, l’énergie abordable et propre, l’égalité, la lutte contre le changement climatique, et bien plus. L’agenda du forum devrait être élargi pour refléter les ODD et répondre aux besoins changeants du futur. 

Un forum pour l’Asie, un forum pour le monde 

Nous ne nous limiterons pas à l’Asie : le BFA est un forum basé en Asie, mais sa vision, sa mission, ses perspectives et son empreinte devraient s’étendre au-delà. L’intégration asiatique fait partie intégrante de la mondialisation. Un forum pour l’Asie devrait en même temps être un forum pour le monde. 

Nous avons déjà commencé à aller dans cette direction. Le BFA et d’autres conférences et évènements similaires se sont étendus pour couvrir les domaines de l’innovation, de la santé et des médias. Notre empreinte s’étend à l’Europe et à l’Amérique du Nord. Nos thèmes se diversifient, au-delà de l’économie. Nos parties prenantes, orateurs et délégués représentent un spectre plus large de la société. 

La seule chose qui ne change pas, c’est le changement lui-même. Le BFA a changé, change et continuera de changer pour s’adapter aux défis. Mais il y a encore une chose qui ne changera pas : le pouvoir de la coopération. La force du BFA provient de la coopération de ses 29 pays initiaux, de son conseil d’administration, de son comité de conseillers, de ses membres, de ses partenaires et de ses délégués. La mission du forum est de parvenir à l’intégration économique en Asie, la forme ultime de coopération des pays asiatiques. L’avenir commun de l’Asie et du monde ne peut être assuré que par la coopération étroite et gagnant-gagnant de tous. Cela fut le cas les 20 dernières années, et cela continuera de l’être au cours des 20 prochaines années, et au-delà. 

*BAN KI-MOON est président du BFA et ancien secrétaire général de Nations Unies. 

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Source:La Chine au Présent