De New York à San Francisco, des personnes de couleurs et d'âges différents sont descendues samedi dans les rues des Etats-Unis pour protester contre la montée alarmante de la violence anti-asiatique, qui a attisé la peur et la colère au sein de la communauté asio-américaine du pays.
"Cela nous concerne tous, et nous ne voulons aucune violence contre quiconque", a déclaré aux médias locaux Ling Liu, qui a défilé samedi à Indianapolis, capitale de l'Indiana, Etat du Midwest américain.
Les manifestations de la "Journée nationale d'action" visant à manifester la solidarité avec la communauté asiatique ont eu lieu dans plusieurs dizaines de grandes villes américaines, dont New York, Washington, San Francisco, Atlanta, Boston, Detroit, Honolulu, Philadelphie, Portland, Seattle et Salt Lake City.
A Chicago, plus de 1.000 personnes de toutes origines se sont rassemblées samedi après-midi à Chinatown Square pour protester contre la hausse des crimes visant les personnes d'origine asiatique pendant la pandémie de nouveau coronavirus et les récentes fusillades qui ont fait huit morts dans la région d'Atlanta, dont six femmes asiatiques.
Des manifestants portant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Tolérance zéro pour le racisme", "Stop à la haine anti-asiatique", "Je suis solidaire des Américains d'origine asiatique", "Nous ne sommes pas un virus, la discrimination est un virus" ont afflué vers Chinatown Square à partir de midi pour faire entendre leur voix. Des responsables locaux et le chef de la police du district, dont la présidente du conseil des commissaires du comté de Cook, Toni Preckwinkle, et la représentante de l'Etat de l'Illinois, Theresa Mah, se sont joints à eux.
"Nous espérons être entendus (...) Nous ne pouvons plus garder le silence", a déclaré à Xinhua Grace Chan, directrice exécutive de la Coalition pour une meilleure communauté des Américains d'origine chinoise de Chicago.
A Koreatown, une communauté du centre-ville de Los Angeles, des tambours et des chants ont résonné samedi dans les rues alors que des centaines de manifestants défilaient et brandissaient des pancartes disant "Stop à la haine anti-asiatique" et "Ça suffit !".
Lors du rassemblement, des dirigeants communautaires, des hommes politiques locaux et des militants ont partagé leurs expériences personnelles d'être objet d'intimidation, de discrimination et de traitement comme s'ils étaient des étrangers ou des Américains de seconde zone, selon un article du Los Angeles Times.
Beaucoup ont dénoncé l'augmentation alarmante des crimes haineux contre les membres des communautés des Américains d'origine asiatique et des insulaires du Pacifique (AAPI) pendant la pandémie et ont demandé au gouvernement d'agir pour mettre fin aux attaques racistes, selon l'article.
"J'en ai assez de toute cette haine, de cette mentalité qui consiste à blâmer le nouveau groupe", a déclaré Carolyn Dao, étudiante en psychologie à Cal State Long Beach. "C'est écoeurant de voir des gens s'en prendre à nos membres les plus vulnérables".
Samedi également, un certain nombre de personnes ont participé à un rassemblement à Yellow Springs, dans l'Ohio (Etat du Midwest), tenant des pancartes avec des slogans tels que "Le racisme est une pandémie", "Arrêtez de dénigrer la Chine", a rapporté la télévision locale WHIO-TV affiliée à CBS.
"La désignation opportuniste de la Chine comme bouc émissaire lors du déclenchement de la pandémie de COVID-19, associée à l'intensité avec laquelle la Chine est considérée comme l'ennemi et l'adversaire des Etats-Unis, a engendré un sentiment sinophobe généralisé au niveau national", a déclaré la coalition ANSWER (Act Now to Stop War and End Racism, Agir maintenant pour arrêter la guerre et mettre fin au racisme), organisatrice du rassemblement, dans un communiqué de presse publié en ligne.
"La communauté asio-américaine subit de plein fouet la haine fomentée comme une arme de guerre", ajoute-t-elle.
"Ce qui arrive aux Américains d'origine asiatique est tout simplement anti-américain. Nous condamnons le racisme, la violence et la haine à l'encontre de nos communautés AAPI, et nous devons faire davantage pour protéger, élever et soutenir la communauté asio-américaine", ont déclaré vendredi 26 gouverneurs américains dans une déclaration commune.
Selon Stop AAPI Hate, une organisation sociale à but non lucratif basée en Californie qui suit les incidents de violence contre les Américains d'origine asiatique et des insulaires du Pacifique, près de 3.800 rapports d'attaque ou d'abus contre des personnes d'origine asiatique lui ont été transmis entre mars 2020 et février 2021.
