Le public arabe voit la Chine plus favorablement que les Etats-Unis, selon un récent sondage mené par le réseau de recherche Arab Barometer.
Le sondage a interrogé des citoyens de six pays du Moyen-Orient - Algérie, Jordanie, Liban, Libye, Maroc et Tunisie - afin d'évaluer la façon dont ils perçoivent la Chine et les Etats-Unis.
La Chine est perçue favorablement par 60% des sondés en Algérie, 52% au Maroc, 50% en Tunisie, 43% au Liban, 35% en Jordanie et 34% en Libye.
En comparaison, moins d'un tiers des sondés ont une opinion favorable des Etats-Unis dans les six pays, allant d'un maximum de 28% au Maroc à un minimum de 14% en Libye.
En ce qui concerne l'implication des deux pays dans la région, moins de citoyens arabes considèrent la Chine comme une menace économique majeure, selon le sondage.
En revanche, les Arabes sont beaucoup plus inquiets du fait que la puissance économique des Etats-Unis représente "une menace critique" pour leur pays, dont 47% au Liban, 43% en Tunisie et 31% en Algérie.
Alors que Beijing se concentre sur les aspects en matière d'économie et de développement de ses relations avec les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, Washington se concentre sur "l'hégémonie politique" pour maintenir ses intérêts dans la région, a indiqué Nourhan el-Sheikh, professeure d'économie et de science politique à l'université du Caire.
Elle a noté que la Chine avait maintenant un projet mondial, en se référant à l'Initiative la Ceinture et la Route (ICR) proposée en 2013 pour un développement commun et des partenariats économiques et commerciaux gagnant-gagnant pour tous les Etats participants.
"C'est tout simplement la différence essentielle entre la Chine et les Etats-Unis. La Chine dit : 'Développons et gagnons ensemble', tandis que les Etats-Unis disent : 'L'Amérique d'abord !'", a précisé Mme El-Sheikh à Xinhua.
Elle a expliqué qu'il était normal que les citoyens arabes favorisent la Chine et la considèrent comme un pays qui se concentre sur les partenariats économiques, et qui n'impose pas de conditions ou n'interfère pas dans les affaires intérieures des autres pays.
L'une des raisons principales pour lesquelles l'opinion publique arabe est moins favorable aux Etats-Unis est le soutien partial de l'administration Trump envers Israël, notamment la relocalisation de l'ambassade de Washington en Israël dans la ville contestée de Jérusalem et le parrainage d'accords de normalisation entre Israël et un certain nombre d'Etats arabes.
Amr Saleh, professeur égyptien d'économie politique et ancien consultant de la Banque mondiale, a noté que la vision positive de la Chine relevait de considérations historiques et culturelles.
"Premièrement, la Chine est plus proche du Moyen-Orient que les Etats-Unis. Bien que la Chine et le Moyen-Orient présentent des différences culturelles, linguistiques et géographiques, nous sommes tous de l'Orient", a déclaré M. Saleh.
Il a ajouté que Beijing cherchait des relations commerciales gagnant-gagnant au Moyen-Orient, tandis que Washington cherche "l'hégémonie et la supériorité".
Il a souligné que la Chine était toujours une nation amie des pays arabes tout au long de l'histoire, ce qui se reflète également dans les opinions du public arabe.
"Les citoyens moyens ont une opinion très positive de la Chine, car les Arabes ont plus de similarités que de différences avec la Chine. En revanche, ils ont de nombreux désaccords avec les Etats-Unis, notamment en ce qui concerne leur soutien inconditionnel à Israël", a ajouté le professeur.
