Le Maroc appelle à la création d'un instrument financier pour faire de l'espace euro-méditerranéen un modèle "productif"

Par : Justine |  Mots clés : Maroc-UpM
French.china.org.cn | Mis à jour le 28-11-2020

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a souligné le caractère indispensable de "la création d'un instrument financier dédié qui permettrait de développer les infrastructures et de faire évoluer l'espace euro-méditerranéen d'un modèle "marchand", vers un modèle "productif".

Intervenant vendredi lors du 5ème Forum régional de l'Union pour la Méditerranée (UpM) à l'occasion du 25ème anniversaire du lancement du Processus de Barcelone, le ministre marocain a ajouté que "l'instrument financier est le complément nécessaire de la Méditerranée des projets, qui est pertinente".

Dans son allocution, le ministre a décliné les paradoxes qui ont jalonné le cheminement du Processus de Barcelone, à commencer par un paradoxe économique tout d'abord, au sujet duquel il a déclaré que "l'Euromed a réussi à faire de la Méditerranée un marché de près 800 millions de consommateurs mais l'intégration économique n'est toujours pas au rendez-vous avec 90% des échanges qui sont intra-UE, contre 9% seulement entre le Nord et le Sud".

Avec un déficit commercial du Sud avec l'UE de l'ordre de 70 milliards d'euros, le ministre a mis l'accent sur "les accords de libre-échange qui, au lieu de combler le gap avec le Nord, ont paradoxalement contribué à creuser le fossé, dessinant ainsi une ligne de fracture plutôt qu'un trait d'union qui se traduit par une richesse 4 fois supérieure au Nord et un différentiel du PIB/habitant de 1 à 9".

"Le co-développement est donc un enjeu cardinal. Le différentiel de développement Nord-Sud ne peut plus être un constat lamentatif. Il doit être le leitmotiv d'une "politique méditerranéenne de cohésion" propre à faire converger les politiques nationales vers la "Zone de prospérité partagée", a-t-il souligné, lors de cette rencontre tenue en visioconférence et à laquelle ont pris part les chefs de la diplomatie des Etats membres de l'UpM.

M. Bourita a fait part de sa préoccupation quant à la "surpolitisation" du processus de Barcelone. "L'UpM est la seule organisation au monde qui porte la Méditerranée en son nom", cependant "elle est précisément celle qui ne traite pas des sujets majeurs de la Méditerranée", a-t-il indiqué.

Il a aussi noté l'absence de concertation au sein de l'UpM autour de la gestion de la pandémie de COVID-19, au moment où la Méditerranée a été un épicentre pandémique dans cette partie du monde.

Selon M. Bourita, "on ne peut pas créer un espace politique et le démeubler". Ceci n'a fait que fragiliser le Processus de Barcelone voir même le rendre invisible "aux yeux du monde", a-t-il dit.

Concernant la gouvernance, M. Bourita a déclaré "qu'il était temps de rompre avec l'asymétrie du processus de Barcelone", rappelant que le Sud détient aussi la responsabilité de participer activement à l'UpM, notant que "l'implication dans les activités de l'UpM dépendait aussi de l'implication dans son financement et son decision shaping. Plus on investira, moins on déserte les structures de l'UpM au niveau politique".

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Source: Agence de presse Xinhua
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