"Les deux grands sujets d'avenir de la coopération franco-chinoise sont la croissance verte et le multilatéralisme. Sur ces sujets, nous devons réfléchir aux propositions communes que nous pouvons faire aux autres nations. La France et la Chine ont vocation à penser ensemble l'avenir de notre planète commune", a déclaré dimanche l'ancien Premier ministre français et président de la Fondation prospective et innovation, Jean-Pierre Raffarin, lors d'un entretien par écrit avec Xinhua.
Lors du 15e sommet du Groupe des 20 (G20), le président chinois Xi Jinping a appelé les membres du G20 à construire un "pare-feu" mondial contre le COVID-19. M. Raffarin a estimé que "cette idée de 'pare-feu' avancée par le président chinois est intéressante. Elle peut s'appliquer à la coopération internationale pour la diffusion des vaccins, et nous gagnerons cette bataille sur la ligne de front des vaccins".
D'après M. Raffarin, "une attention particulière sino-européenne devrait être portée sur la situation africaine. En effet, toutes les crises risquent de se concentrer sur le continent africain : pandémie, ralentissement de la croissance, changements climatiques (...) Une coopération tripartie 'post COVID' rassemblant la Chine, l'Europe et l'Afrique serait particulièrement opportune".
M. Raffarin a souligné que l'unilatéralisme était "la négation de la bonne gouvernance mondiale", appelant la France et la Chine à "contribuer ensemble à élaborer la pensée nouvelle du multilatéralisme du XXIeme siècle". "Nos diplomates doivent maintenant penser ensemble", a-t-il ajouté.
Par ailleurs, l'ancien Premier ministre français a indiqué que cette crise du COVID-19 devait aider à modifier les modèles de croissance. "Il nous faut en effet faire le choix d'une croissance plus inclusive et écologique", a-t-il recommandé, ajoutant que "la Chine et la France ont joué ensemble un rôle déterminant pour réussir l'Accord de Paris sur les changements climatiques".
"La coopération sino-française est plus large en matière de développement durable. Elle concerne notamment l'énergie, les 'smart cities' (villes intelligentes), les transports, l'alimentation et les services de l'eau, etc", a poursuivi M. Raffarin, rappelant que "les rencontres régulières des chefs d'Etat des deux pays sont toutes marquées, sur le terrain économique, par la recherche commune d'une nouvelle croissance plus qualitative. C'était notamment le thème du discours qu'Emmanuel Macron avait prononcé a Xi'an à l'occasion de sa première visite présidentielle en Chine".
Les entreprises françaises qui réussissent en Chine telles que L'Oréal, Schneider, Michelin, SEB et Plastic Omnium, ont une grande confiance dans leurs partenaires chinois, a noté M. Raffarin. "Parmi tous les acteurs de l'économie en France, comme en Chine, il faut généraliser cette confiance".
A propos du développement numérique, il a estimé qu'il était "en effet très clair maintenant que la révolution digitale, qui est en cours, va transformer nos vies, de la formation jusqu'à la monnaie".
"Nous devons en effet travailler ensemble pour que les conséquences de cette révolution soient positives. Cela concerne le juste accès au numérique pour toutes les couches de la population, et cela concerne aussi la protection des libertés individuelles et le soutien aux personnes les plus fragiles", a-t-il proposé.
"Le sujet est autant économique que culturel. Il faut donc que le dialogue multilatéral investisse ces réflexions pour construire la nécessaire régulation internationale. Sur ce dossier comme sur beaucoup d'autres, la France et la Chine peuvent apporter l'expérience qu'elles ont acquise pour la recherche du nécessaire équilibre entre souveraineté et coopération", a souligné M. Raffarin.
