Experts : pourquoi certains pays asiatiques ont-ils mieux géré la pandémie de COVID-19 ?

Par : Lisa |  Mots clés : COVID-19,Asie
French.china.org.cn | Mis à jour le 12-11-2020

Alors que le nombre d'infections journalières au COVID-19 a dépassé les 130.000 aux Etats-Unis, que les cas d'infection y ont franchi la barre des 10 millions, et que de nombreux pays européens ont dû remettre en place des mesures de confinement ces dernières semaines, les pays asiatiques tels que la Corée du Sud, le Japon et Singapour semblent avoir échappé à la deuxième vague. Selon les experts contactés par Xinhua, l'établissement des mécanismes de lutte contre le nouveau coronavirus d'après la situation spécifique de chaque pays, l'emploi des nouvelles technologies dans la gestion de la crise et le respect général des règles ainsi que des recommandations anti-épidémiques par la population pourraient y avoir contribué.

L'une des raisons du succès relatif de la prévention et du contrôle des épidémies en Corée du Sud consiste en des enquêtes épidémiologiques détaillées, a indiqué à Xinhua Kim Dong-hyun, président de la Société sud-coréenne d'épidémiologie. L'épidémie du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) en 2015 a incité le pays à consolider les infrastructures du système de santé publique en renforçant le rôle des organes gouvernementaux concernés, tout en formant et sensibilisant les personnels médicaux en la matière. Dès la survenue d'un cas confirmé, le service de prévention des épidémies peut désormais détecter rapidement les personnes ayant eu des contacts étroits avec le patient infecté et les placer immédiatement en isolation pendant 14 jours.

Selon Kang Seong-kyu, professeur de médecine à l'université de Gachon, la Corée du Sud a effectivement appliqué la politique dite des "3T", à savoir le traçage, le test et le traitement. En 2015, le pays a révisé les lois et règlements relatifs à la prévention des maladies infectieuses, permettant au gouvernement de suivre la source de l'infection en collectant les signaux des téléphones portables et les enregistrements de paiement par carte de crédit.

A Singapour, faute d'une capacité suffisante de dépistage, le gouvernement a décidé de cibler les endroits à haut risque et les populations vulnérables, y compris les grands dortoirs de travailleurs étrangers, les maisons de retraite, les jardins d'enfants, le personnel de livraison de nourriture et d'autres professionnels ayant des contacts fréquents, a expliqué Koh Chin Yee, le président de la South Seas Society de Singapour, qui rassemble des chercheurs du monde entier spécialisés dans la recherche sur l'Asie du Sud-Est.

En vue de redémarrer les activités économiques, la cité-Etat a entamé son processus de déconfinement le 2 juin. Au lieu de procéder à un déconfinement complet à la hâte, elle a progressivement assoupli les restrictions en trois phases, dont chaque étape a été évaluée avec prudence. Depuis le mois d'août, à mesure de l'évolution de la situation épidémique, Singapour n'a cessé d'ajuster ses contrôles aux frontières. D'une part, elle a assoupli les restrictions d'entrée pour certains pays et régions et d'autre part, elle a resserré les conditions d'entrée pour les voyageurs en provenance des pays et des régions davantage touchés par la pandémie.

La technologie joue toujours un rôle essentiel dans la prevention de la maladie. La Corée du Sud a développé ses réactifs de diagnostic dès le début de janvier et les a rapidement approuvés avant d'en diffuser la technique pour augmenter le nombre de laboratoires capables d'effectuer les tests de dépistage le plus que possible, a indiqué M. Kim.

A Singapour, le ministère de la Santé a investi quelque 10 millions de dollars singapouriens (7,4 millions de dollars américains) pour mettre au point des logiciels et du matériel tels que l'application de traçage, le système d'enregistrement des visiteurs et les traqueurs portables, qui ont raccourci le temps de traçage des contacts de 4 jours à moins de 2 jours. Tout cela a contribué à la détection et à l'isolement précoces des contacts étroits des patients confirmés et à l'interruption efficace de la chaîne de transmission du virus, ce qui a permis d'éviter une épidémie à grande échelle.

La discipline collective des populations paraît être un autre facteur clé. Selon Le Quotidien économique de la Corée du Sud, en contraste avec le monde occidental où l'individualisme domine dans la société, les peuples d'Asie de l'Est, dont la culture est davantage marquée par la prédominance du collectif sur l'individu, se révèlent plus compréhensifs et coopératifs vis-à-vis des mesures restrictives du gouvernement, ce qui a permis aux autorités de pleinement mettre en œuvre leurs plans de prévention, y compris le traçage et la publication des trajectoires épidémiques des cas confirmés.

Au Japon, porter un masque en public était déjà un geste de protection quotidien, bien avant l'apparition du nouveau coronavirus. Cette habitude a été davantage renforcée, de même que la distanciation sociale, pendant la crise sanitaire actuelle. La résurgence épidémique en Europe est partiellement liée au retour massif au travail et à l'école à la fin des vacances estivales, a estimé Kentaro Iwata, professeur de médecine à l'université de Kobe, signalant que les Japonais prennent plutôt de courtes vacances pour des destinations moins lointaines, et qu'ils font preuve d'une grande autodiscipline même en congés.

Bien que les récents cas communautaires à Singapour soient restés à un seul chiffre ou même à zéro, les autorités exigent toujours le port du masque et la distanciation sociale d'au moins un mètre. Pour les entreprises qui enfreignent la réglementation, le gouvernement leur inflige une amende ou leur impose une suspension de leurs activités. Les personnes en infraction encourent également des amendes ou même la privation de leur permis de travail si elles sont étrangères. La grande majorité de la population singapourienne a fait preuve de compréhension et a soutenu les politiques sanitaires du gouvernement, a constaté M. Koh, ajoutant qu'il n'a jamais été témoin d'un quelconque refus du port du masque en public ni de manifestations contre les mesures restrictives visant à freiner la propagation du virus. Dans de telles circonstances, l'application des règlements sanitaires ainsi que leurs effets sont mieux garantis.

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Source: Agence de presse Xinhua
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