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Covid-19 : des virologues appellent à la fin de la politisation des vaccins

French.china.org.cn | Mis à jour le 11. 11. 2020 | Mots clés : Covid-19



11 avril 2020, Beijing : un employé prélève des échantillons du vaccin inactivé contre le Covid-19 dans une usine de production du groupe Sinopharm.


Alors que le groupe pharmaceutique américain Pfizer a annoncé que son candidat-vaccin à ARN messager (ARNm) était efficace à plus de 90 %, le vaccin inactivé de Sinopharm a fait preuve d’une efficacité à 100 % dans un cas à Mexico. Ces deux résultats sont prometteurs et apportent une lueur d’espoir pour une utilisation plus large des vaccins dans la lutte contre le coronavirus.

Pfizer a publié des données partielles, indiquant qu’une analyse de 94 cas confirmés présentait un taux d’efficacité supérieur à 90 %. Le groupe prévoit de demander une autorisation d’utilisation d’urgence auprès de la USFDA (l’administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments) d’ici la fin novembre et affirme qu’il peut produire des doses pour 15 à 20 millions de personnes d’ici la fin de l’année.

Ce vaccin a été développé conjointement par Pfizer et le groupe pharmaceutique allemand BioNTech. Ses essais cliniques de phase 3 impliquent près de 44 000 participants.

L’annonce de Pfizer a reçu une large attention mondiale et un grand nombre de médias ont rapporté cette information avec enthousiasme. Le vaccin de Sinopharm, qui a été administré à 56 000 personnes ayant voyagé à l’étranger et dont aucune n’a été infectée, a quant à lui été remis en cause par les médias étrangers lorsque les données s’y rapportant ont été publiées.

Ces différences de réaction mettent en lumière les deux poids et deux mesures pratiqués par les médias occidentaux vis-à-vis des vaccins chinois et américains, avec un objectif de politisation de cette question, affirment les experts chinois.

« Un vaccin est la clé pour lutter contre la propagation du coronavirus. Son développement est une course contre la montre et devrait suivre la science », explique un spécialiste de l’immunologie basé à Beijing sous couvert d’anonymat. Selon lui, la politisation du vaccin ne fera que nuire à son développement.

Pour les experts, les données sur l’efficacité du vaccin de Pfizer − si leur exactitude est confirmée − annoncent un taux prometteur et pourraient aider à « prouver » la crédibilité de l’efficacité rapportée du vaccin de Sinopharm, qui a été autorisé pour une utilisation d’urgence et a protégé plus de 56 000 personnes ayant voyagé à l’étranger.

Vendredi dernier, Sinopharm a publié les détails d’un cas de la branche de Huawei au Mexique, où 81 personnes sur les 99 membres du personnel ont été vaccinées. Sur les 18 employés non vaccinés, 10 ont contracté le virus. Ce cas démontre une efficacité de 100 % et a contribué à l’évaluation du candidat-vaccin inactivé de Sinopharm, explique Tao Lina, un expert en immunologie basé à Shanghai.

Le taux de 90 % de Pfizer se base sur ses essais cliniques de phase 3, tandis que celui de Sinopharm se base sur une observation après une utilisation d’urgence. Même si les essais cliniques présentent une plus grande « autorité académique », l’observation constitue également une étude de contrôle, poursuit l’expert. D’après lui, le fait que les 56 000 personnes ayant bénéficié d’une vaccination d’urgence n’aient pas été infectées pourrait servir de référence quant à l’efficacité du vaccin. De plus, l’infection de 10 personnes sur 99 constitue un foyer épidémique important, ce qui montre que le vaccin de Sinopharm est très prometteur.

La Chine a approuvé l’utilisation d’urgence de trois vaccins. Ceux-ci ont été administrés à des groupes à risques élevés, comme le personnel médical, les diplomates envoyés dans les pays les plus affectés et les employés envoyés à l’étranger dans le cadre de l’initiative des nouvelles Routes de la soie.

La Chine est également en train de développer un vaccin à ARN messager, la même méthode que celle utilisée par Pfizer. Les experts de l’industrie notent que théoriquement, les vaccins à ARNm peuvent stimuler à la fois l’immunité cellulaire et l’immunité des anticorps, et avoir ainsi de meilleurs effets que la simple immunité par les anticorps.

Tao Lina considère que les vaccins inactivés de Chine sont adaptés pour une utilisation plus large visant à protéger plus de personnes du coronavirus, tandis que les vaccins à ARNm, une fois leur production commerciale validée, permettront d’augmenter plus facilement la production.

Cependant, la température de stockage représente un défi majeur pour les vaccins à ARNm. Celle-ci doit être de – 70 °C pour une stabilité à long terme, contre 2 à 8 °C pour la majeure partie des autres types de vaccin. « Le stockage et le transport coûteront très cher », avertit Tao Lina.

D’après les rapports des médias, le vaccin à ARNm de Pfizer peut rester stable pendant 5 jours à une température comprise entre 2 et 8 °C. Par ailleurs, le partenaire chinois de Pfizer, Fosun Pharma, est en train de construire des infrastructures de stockage réfrigéré à – 70 °C près des aéroports et de mettre en place une chaîne du froid pour distribuer le vaccin dans ses centres en Chine. Fosun Pharma est également en charge de corréler les données des essais cliniques à l’étranger et les données domestiques pour que le vaccin soit approuvé en Chine.

Alors que les groupes pharmaceutiques jouent une course contre la montre pour développer un vaccin et sauver des vies, différentes voies technologiques seront testées dans la lutte contre le coronavirus. Les vaccins à ARNm, l’une des dernières méthodes en date, pourraient constituer l’orientation future du secteur, indique Tao Lina.

Selon l’Université Johns Hopkins, le nombre total d’infections par le coronavirus a atteint mardi à 20 h les 50 913 451 cas dans le monde, avec 1 263 089 décès liés au Covid-19.


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Source:french.china.org.cn