Les divisions et l'anxiété dominent alors que la course à la présidence américaine s'éternise (SYNTHESE)

Par : Yann |  Mots clés : USA-présidentielle-pandémie
French.china.org.cn | Mis à jour le 07-11-2020

Trois jours après les élections, l'anxiété s'installe aux Etats-Unis alors que le dépouillement des bulletins se poursuit dans plusieurs Etats cruciaux, que le fossé entre les deux camps s'élargit et que la pandémie de COVID-19 continue de s'aggraver à l'approche de l'hiver.

PAS ENCORE DE GAGNANT

Jeudi soir, le candidat démocrate à la présidence et ancien vice-président Joe Biden est en tête dans la course à la Maison Blanche avec 253 grands électeurs, tandis que le président en exercice et candidat républicain Donald Trump en a obtenu 213, selon CNN.

Le Wall Street Journal et Fox News ont prédit un nombre plus élevé de grands électeurs pour Biden, 264, lui attribuant également l'Arizona, un bastion précédemment républicain, fort de 11 grands électeurs. Pour remporter l'élection présidentielle, un candidat doit obtenir les suffrages d'au moins 270 des 538 grands électeurs.

Les médias américains n'ont pas encore annoncé les résultats de la Pennsylvanie, de la Géorgie, de la Caroline du Nord et du Nevada.

"Nous continuons à nous sentir très bien dans la situation actuelle", a déclaré M. Biden depuis Wilmington, dans le Delaware, aux côtés de sa colistière, la sénatrice californienne Kamala Harris, jeudi après-midi.

S'exprimant depuis la salle de briefing de la Maison Blanche jeudi soir, M. Trump a continué à semer le doute sur le processus électoral. Cependant, il n'a fourni aucune preuve pour étayer ses allégations de fraude électorale.

Le président a également dit aux journalistes qu'il y aura "beaucoup de litiges" concernant l'élection et a suggéré que les affaires pourraient se retrouver devant la Cour suprême, où les conservateurs ont une solide majorité (de 6 contre 3), dont trois juges nommés par lui.

L'équipe de campagne de M. Trump a déjà organisé plusieurs actions en justice liées au comptage des voix dans certains Etats clés et a demandé un recomptage des voix dans le Wisconsin, dans le Midwest, que Biden devrait gagner avec un écart de moins d'un point de pourcentage par rapport à son adversaire.

Notant que la Cour suprême est "principalement une cour d'appel", Steve Vladeck, professeur de droit à l'Université du Texas, a écrit dans un article d'opinion publié par NBC News que "la seule façon pour la Cour suprême d'intervenir dans ce débat est de réexaminer ce qu'une cour inférieure d'État ou fédérale a déjà décidé".

DIVISIONS ET MANIFESTATIONS

"Quel que soit le résultat final de cette élection, ce pays est profondément divisé, tant sur le plan politique que culturel", a tweeté Richard Haass, président du Council on Foreign Relations, un groupe de réflexion américain.

Ces résultats serrés, qui semblent refléter les profondes divisions politiques des États-Unis, alimentent également l'anxiété des Américains qui s'inquiètent par ailleurs de ce qu'elles risquent d'entraîner.

Des milliers de soldats de la Garde nationale ont été positionnés dans tout le pays pour apporter leur aide lors des élections et se préparer à d'éventuelles violences post-électorales, ont rapporté les médias locaux.

D'autre part, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes, notamment à Washington, New York, Philadelphie et Seattle, tandis que des manifestants se sont rassemblés devant des bureaux de vote dans des États où les résultats n'ont pas encore été donnés.

Mercredi soir, un groupe de personnes a brisé les vitres de commerces dans le centre-ville de Portland, dans l'Oregon. La police a arrêté 12 personnes, dont deux pour port d'armes.

La gouverneur de l'Oregon, Kate Brown, a réquisitionné la Garde nationale pour aider à maintenir le calme.

"Deux groupes se sont rassemblés dans le centre de Portland la nuit dernière", a déclaré Mme Brown dans un communiqué jeudi. "Malheureusement, un second groupe de soi-disant manifestants anarchistes, dont certains étaient armés, ont également défilé dans le centre-ville la nuit dernière, sans autre but apparent que celui de provoquer de la violence et du vandalisme."

À Phoenix, en Arizona, des manifestants pro-Trump, dont certains étaient armés, se sont rassemblés devant un centre de dépouillement des voix mercredi soir, après que Fox News a qualifié l'"État du Grand Canyon" de favorable à Biden, qui s'est attiré la colère de l'équipe de campagne de M. Trump alors que le dépouillement s'y poursuit.

"Nous sommes sur la bonne voie pour gagner l'Arizona. Il ne nous reste plus qu'à recueillir 55 % des voix restantes", a déclaré M. Trump jeudi.

Dans toutes les villes du pays, beaucoup se préparent à d'éventuels troubles civils ; des hôtels, des bureaux, des cafés et des restaurants se sont barricadés.

"Je pense que cela va être un peu éprouvant de voir comment les gens se comportent", a déclaré un résident de Washington - James - à Xinhua, après avoir voté en personne mardi.

"J'espère que tout restera calme et que nous remporterons une victoire très nette", a-t-il déclaré. "Mais je suis également prêt à rester chez moi pendant plusieurs semaines."

UNE PANDEMIE QUI FAIT RAGE

Alors que le décompte des voix s'éternise, les Etats-Unis ont établi un nouveau record avec plus de 120.000 nouveaux cas de COVID-19 en une seule journée jeudi, franchissant un nouveau seuil depuis le début de l'épidémie dans le pays. Jeudi a marqué le deuxième jour consécutif où le pays a enregistré plus de 100.000 cas de coronavirus.

Selon les chiffres compilés par l'Université Johns Hopkins, le nombre de nouveaux cas journaliers de coronavirus confirmés à travers le pays a augmenté de 45% au cours des deux dernières semaines, pour atteindre une moyenne record de près de 90.000 sur sept jours.

La pandémie qui fait rage a conduit à un nombre record de votes exprimés de manière précoce avant le jour du scrutin et envoyés par correspondance.

Joe Biden a fait de la pandémie un enjeu central de sa candidature présidentielle et a sévèrement critiqué la gestion par Donald Trump de la crise de santé publique, qui a infecté plus de 9,6 millions de personnes et fait près de 235.000 morts aux Etats-Unis. Le président a farouchement défendu sa réponse et ses mesures, et a cherché à rejeter la faute ailleurs.

Selon AP VoteCast, une enquête nationale auprès de l'électorat a montré qu'une majorité d'électeurs de Joe Biden -environ six sur dix- a déclaré que la pandémie était le problème le plus important auquel les Etats-Unis étaient confrontés, tandis que les partisans de Donald Trump étaient plus concentrés sur l'économie et l'emploi.

Alors que les élections continuent de submerger les autres sujets, on ne sait toujours pas comment le pays fera face à la pandémie, qui est désormais devenue un sujet partisan, à l'approche de l'hiver.

"Nous allons souffrir énormément. Ce n'est pas une bonne situation", avait déclaré Anthony Fauci, directeur de l'Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses, quelques jours avant le jour du scrutin. "Toutes les étoiles sont alignées dans le mauvais sens alors que vous entrez dans la saison de l'automne et de l'hiver, avec des gens qui se rassemblent chez eux à l'intérieur. Vous ne pourriez probablement pas être plus mal placé", a-t-il averti.

Le Dr Fauci, membre du groupe de travail sur le coronavirus de la Maison Blanche, a également déclaré que les Etats-Unis devaient opérer un "changement brusque" dans leurs pratiques et comportements de santé publique, se déclarant préoccupé par le fait que la Maison Blanche se concentre sur "l'économie et la réouverture du pays".

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Source: Agence de presse Xinhua
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