La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a indiqué mardi que les investissements directs étrangers (IDE) dans le monde avaient chuté de près de moitié au premier semestre, avec les plus fortes baisses en Europe et aux Etats-Unis, mettant en garde contre des perspectives "très incertaines".
Dans son dernier Rapport sur l'investissement dans le monde, l'agence basée à Genève a ainsi constaté que les flux mondiaux d'IDE au premier semestre avaient baissé de 49% par rapport à la même période en 2019 et que les mesures de confinement dans le monde avaient ralenti les projets d'investissement existants.
Elle a également averti que les perspectives d'une profonde récession avaient conduit de nombreuses multinationales à réévaluer les nouveaux projets.
Pour 2020, la CNUCED a indiqué que ses perspectives demeuraient conformes à ses projections antérieures qui tablaient sur une baisse de 30 à 40%.
"Le taux de déclin dans les économies développées devrait s'aplanir, car certaines activités d'investissement semblent reprendre au troisième trimestre. Les flux vers les économies en développement devraient se stabiliser, l'Asie de l'Est montrant des signes d'une reprise imminente", a indiqué le rapport.
Néanmoins, "les perspectives demeurent très incertaines et dépendent de la durée de la crise sanitaire et de l'efficacité des interventions politiques pour atténuer les effets économiques de la pandémie. Les risques géopolitiques continuent également d'ajouter à l'incertitude".
Pour ce premier semestre, les données de la CNUCED montrent que les annonces de nouveaux projets d'investissement dans les nouveaux domaines ont chuté de 37%, les fusions et acquisitions transfrontalières de 15% et les accords de financement de projets transfrontaliers récemment annoncés, source importante des investissements dans les infrastructures, de 25%.
En termes de répartition géographique, les économies développées ont connu la plus forte baisse, les IDE atteignant environ 98 milliards de dollars au premier semestre, soit une chute de 75% par rapport à la même période de 2019.
Les nouveaux chiffres montrent également que cette tendance est exacerbée par des entrées fortement négatives dans les économies européennes et que les flux d'IDE vers l'Amérique du Nord ont chuté de 56% à 68 milliards de dollars.
Le rapport montre aussi que les valeurs des fusions et acquisitions transfrontalières ont atteint 319 milliards de dollars au cours des trois premiers trimestres de 2020.
"La baisse de 21% dans les pays développés, qui représentent environ 80% des transactions mondiales, a été freinée par la poursuite des activités de fusions et acquisitions dans les industries numériques", a-t-il ajouté.
La CNUCED a par ailleurs noté que les flux d'IDE vers la Chine se sont avérés "relativement résistants". Au premier semestre, ils ont atteint 76 milliards de dollars, soit une baisse de 4% seulement.
Cette baisse dans le monde, que l'agence onusienne juge inférieure aux prévisions, a été atténuée par une augmentation de 84% de la valeur des opérations de fusion et acquisition, principalement dans les services d'information et le commerce électronique.
Le rapport a également noté que les mesures gouvernementales de facilitation des investissements axées sur des projets d'investissement dans de nouveaux domaines ont contribué à stabiliser les activités d'investissement.
Le mois dernier, la CNUCED avait mis en garde contre une "décennie perdue" et prédit que l'économie mondiale se contracterait de 4,3% cette année, tout en s'attendant à un retour en territoire positif avec un taux de croissance du PIB de 4,1% en 2021.
