Mobiliser les jeunes dirigeants pour lutter contre l'extrémisme violent dans le monde et les inclure dans les processus décisionnels est primordial pour la paix, a affirmé la cheffe de la Fondation Kofi Annan dans une récente interview accordée à Xinhua, tout en avertissant que les retombées de la pandémie de COVID-19 réduiront encore plus les budgets des organisations humanitaires.
Corinne Momal-Vanian, qui a été nommée directrice exécutive de la Fondation Kofi Annan en mars 2019 et a pris son nouveau poste en juin, a déclaré que la consolidation de la paix et la promotion du leadership des jeunes figuraient sur sa liste de priorités.
"Nous examinons le rôle des jeunes dans la prévention de la violence et de l'extrémisme violent", a indiqué Mme Momal-Vanian, qui était auparavant directrice de la gestion des conférences dans les bureaux des Nations Unies (ONU) à Genève.
"Les jeunes sont les plus touchés par la pandémie en termes d'emploi. L'éducation a été interrompue dans de nombreux cas. Nous essayons de contrer ce récit et de donner un récit d'espoir aux jeunes. Et pour ce faire, nous utilisons des jeunes", a-t-elle dit.
Mme Momal-Vanian a souligné que l'initiative d'engagement des jeunes "Extrêmement ensemble" de la Fondation pourrait aider à changer les discours négatifs et à rassembler la jeune génération pour lutter contre l'extrémisme violent. Surtout puisque 57% de la population électorale mondiale sont des jeunes, tandis que 6% des parlementaires du monde entier ont moins de 35 ans, a-t-elle ajouté.
"Nous avons constaté qu'en général les jeunes sont exclus de la prise de décision. L'une de nos priorités pour les prochains mois est de voir comment inclure les jeunes dans les processus décisionnels aux niveaux national et international", a-t-elle indiqué.
Outre la promotion du leadership des jeunes, la Fondation Kofi Annan concentre également son travail sur la médiation et la résolution des crises, les transitions vers la paix, la lutte contre la faim et le changement de la politique en matière de drogues.
"Nous faisons également beaucoup dans la consolidation de la paix. Nous avons beaucoup d'expérience avec les pays sortant d'un conflit et les communautés divisées. Nous travaillons sur la responsabilité et la réconciliation. Ce que nous essayons de faire maintenant, c'est de mettre toute l'expérience que nous avons acquise dans un outil en ligne afin qu'il soit accessible à tous", a déclaré Mme Momal-Vanian.
En 2001, le prix Nobel de la paix a été décerné conjointement aux Nations Unies (ONU) et à son ancien secrétaire général Kofi Annan pour leur travail en faveur d'un monde mieux organisé et plus pacifique. M. Annan a fondé la Fondation, dont le siège se trouve à Genève, en 2007 et en a été le président jusqu'à sa mort en 2018.
DEFI DE FINANCEMENT
La pandémie de COVID-19 a durement frappé les organisations non gouvernementales (ONG) et les organismes de bienfaisance alors que les dons publics et privés ont chuté, forçant beaucoup d'entre eux à annuler leurs activités et programmes de collecte de fonds.
En tant qu'organisation indépendante, la Fondation Kofi Annan est financée par des donateurs publics et privés, tels que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Commission européenne, la Banque mondiale, la Fondation Bill & Melinda Gates ou l'Open Society Foundations.
"C'est un environnement très difficile, non seulement pour nous en tant que petite fondation, mais pour tous les organismes sans but lucratif", a déclaré Mme Momal-Vanian. "Normalement, les ONG comme nous obtiennent des financements des gouvernements, des grandes fondations subventionnaires, des particuliers. Toutes ces sources se sont taries, car il y a tout simplement trop de besoins pour répondre aux impacts de la pandémie. Les gouvernements collectent moins d'impôts, donc leurs budgets seront dans le rouge", a-t-elle expliqué.
"Ce que nous constatons cependant, c'est que lorsque vous avez des programmes réussis et efficaces, il y a encore des donateurs prêts à donner. Et c'est très encourageant", a-t-elle conclu.
